Chapitre 06

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La nuit fut relativement courte pour la jeune femme et pour cause ; elle a revu et revécu, minute par minute, seconde par seconde durant son sommeil tourmenté, son agression survenue plus tôt dans la veille. Non-content de se faire harceler et agresser durant ses heures de présence au lycée, Cynara se faisait violenter la nuit également, quand elle dormait. Aussi, elle ne pouvait pas se reposer et elle était exténuée.

La seconde sonnerie de 08 h 02 retentit. Son bruit strident annonçait aux élèves qu'il était temps pour eux de se rendre en classe rapidement, avant qu'un surveillant qui erre dans les couloirs, ne leur tombe dessus et ne les mette en retenue selon son bon vouloir. Le règlement intérieur du prestigieux lycée Lomonossov était strict. Les élèves qui ne se trouvaient pas dans leur salle de cours à la troisième et dernière sonnerie de 08 h 05, se voyaient administrer l'une des punitions les plus pénibles ; ils devaient rester chaque jour à la fin des cours pour une heure de retenue, puis ils avaient l'obligation de nettoyer une salle de classe de fond en comble durant un trimestre. Bien sûr, ils avaient un devoir à rendre sur un sujet imposé par le surveillant et en cas de récidive, l'élève devait effectuer des travaux d'intérêt généraux, comme servir ses collègues à la cantine. Ils étaient renvoyés de l'établissement au troisième retard constaté.

Cynara franchit à son tour et parmi les retardataires, la double porte d'entrée du bâtiment E. Comme à son habitude, la jeune fille attendait la première sonnerie pour sortir de la bibliothèque. Il s'agissait de la seule pièce de l'établissement où ses harceleurs ne venaient que rarement, mais où ils savaient la trouver, afin de se rendre dans sa salle de classe lorsque sonnait la seconde sonnerie. Ainsi, la jolie rousse mettait toutes les chances de son côté pour ne pas avoir à croiser Maxim et sa bande de crétins.

La jeune fille arpenta le long couloir du bâtiment dédié aux sciences tapissé de casiers en jetant d'innombrables coups d'œil autour d'elle afin de s'assurer que ses harceleurs n'étaient pas dans le coin. Elle savait pertinemment que Maxim n'en avait pas fini avec elle, il n'en avait JAMAIS fini avec elle et encore moins ce qu'il avait entrepris la veille, à savoir la balancer par-dessus la barrière, au-dessus de la jetée. Dès qu'il le pourra, Maxim réitérera sa tentative d'homicide, car c'était bien de cela qu'il s'agissait. Maxim voulait la tuer et peu importe le moyen ; harcèlement, homicide, rumeurs, tabassage... Tous les moyens étaient bons pour parvenir à ses fins cruelles.

Bien que Cynara soit seule au beau milieu du couloir, elle ne pouvait s'empêcher de marcher en longeant le mur, s'exposant ainsi le moins possible aux yeux des élèves qui, de toute façon, n'étaient pas dans le coin ; il s'agissait là du résultat de ses agressions ou plutôt, du conditionnement de ses agresseurs. À force de se faire harceler et surprendre, Cynara avait pris l'habitude, la mauvaise habitude, de marcher en baissant la tête et de longer les murs. Néanmoins, la jeune femme était soulagée d'être seule dans les parages. Elle pressa ile pas, car elle non plus n'avait pas envie de se faire coller. Cela laisserait une opportunité à ses harceleurs de l'attendre en fin de journée, le moment où l'établissement était quasiment vide. Ce ne serait pas Piotr, l'homme de ménage d'une soixantaine d'années, alcoolique, pervers sur les bords et ne supportant pas la jeunesse qui viendrait l'aider. Une fois, une seule fois, elle l'avait supplié du regard afin qu'il vienne l'aider alors qu'elle se faisait frapper au sol, mais le vieil homme avait haussé les épaules avant de détourner son regard d'elle et de poursuivre sa route.

Cynara grimpa les quatre escaliers d'une dizaine de marches chacun qui la menèrent au second étage et franchit le seuil de sa classe de physique-chimie. Elle jeta un œil à l'intérieur du laboratoire et fut ennuyée de ne pas y voir le professeur. Bien que les enseignants ne prenaient jamais son parti et ne la défendaient pas, ses agresseurs la laissaient tranquille quand ils étaient dans les environs.

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