Chapitre 03

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Cynara s'accouda à la rambarde de sécurité et inspira profondément. La houle était en train de se lever sous l'effet du vent dont la force prenait progressivement de l'ampleur. L'eau, dont la surface était recouverte d'une pellicule de mousse blanchâtre, venait se fracasser contre les rochers et les piliers des infrastructures en béton avec force. Les lumières de Saint-Pétersbourg s'allumaient les unes à la suite des autres et annonçaient par là, la tombée de la nuit. Le crépuscule prenait progressivement place, effaçant définitivement cette journée affreuse du calendrier et emportant avec elle les atrocités vécues par la jeune femme depuis la première heure du matin. Toutefois, ses misères recommenceront le lendemain, dès qu'elle foulera le sol du lycée.

La légère bise qui s'élevait en même temps que disparaissait le soleil s'engouffrait dans ses cheveux auburn et caressait son visage. En l'espace de quelques instants, Cynara s'autorisa à se sentir libre et en sécurité pour la première fois de sa vie. Ici, face à la mer et sur la Grande Place, il n'y avait pas de pression sociale, pas d'étudiants qui l'agressaient après les cours, pas de regards noirs ou de travers, pas d'insultes ou de remarques désobligeantes liées à son léger embonpoint. Elle n'avait pas à regarder par-dessus son épaule pour voir si l'un de ses agresseurs l'avait suivie. Elle inspira et expira longuement en humant à pleins poumons l'odeur de la brise marine qui dégageait une flagrance de liberté.

Le jeune homme qui s'est fait tabasser plus tôt avait enfin réussi à la retrouver, elle, sa sauveuse. Il arriva sur la Grande Place de l'Eau à son tour, essoufflé, car il avait couru ; il n'était absolument pas endurant. Il découvrit la jeune fille aux yeux verts accoudée à la barrière en train de contempler le paysage maritime. Lui aussi aimait venir ici quand il avait le cafard, qu'il avait besoin de réfléchir ou qu'il voulait s'éloigner de ses frangins un peu trop présents à son goût dans sa vie. Il l'observa un instant. Ses longs cheveux châtain, teintés de reflet roux cuivré et ondulés, lui arrivaient au-dessus des reins. Il poursuivit son inspection en baissant les yeux, avisa ses fesses rebondies et esquissa un sourire en coin. Cette fille avait des formes pulpeuses là où il fallait. Sa plastique enrobée le changeait de celles qu'il avait l'habitude de côtoyer. Et que dire de ses yeux vert clair, plantés sur son visage blanc au teint laiteux ? Elle était très belle.

Le jeune homme sortit de sa contemplation lorsque des ricanements s'élevèrent sur sa droite. Un groupe de jeunes, quatre types et une nana qui portaient le même uniforme que sa sauveuse, la dévisagèrent de travers tout en pressant le pas dans sa direction.

Hum... Ça pue, ça ne sent pas bon, ça... pensa le blondinet en passant ses deux mains sur le visage.

Il connaissait trop bien ce regard haineux et ça ne loupa pas.

Le plus grand du groupe, un mec aux cheveux courts, blond clair, à la coupe militaire et aux yeux bleus aussi haut que large, sans doute un de ces adeptes de la gonflette à outrance, se détacha de ses amis qui lui murmurèrent à l'oreille tout en avisant la rousse en ricanant. Il s'avança vers cette dernière d'un pas décidé. Le blondinet décida de les espionner un peu et se dénicha une cachette loin de leurs regards, derrière une large colonne de béton. Il interviendrait si la situation venait à mal tourner pour la jeune fille. Après tout, elle lui avait quelque peu sauver la vie en le réveillant de sa torpeur et elle lui avait même essuyé la blessure qui le tiraillait. Qui sait ce que les hommes qui l'ont tabassé seraient en train de lui faire si elle ne l'avait ramené au présent ?

Le grand type abaissa brutalement sa main sur l'épaule gauche de Cynara avec l'envie de lui faire du mal, ce qui fonctionna. La rousse plia légèrement les genoux et poussa un petit cri avant de se retourner vivement surprise. Le blondinet constata aussitôt la terreur dans ses prunelles vertes. Elle avait peur de ce type, elle en était même effrayée. Ce dernier empoigna férocement la gorge de la jeune fille et bascula la tête de la jeune femme en arrière, ce qui la contraignit à se pencher au-dessus du vide. Si ce sale mec forçait davantage, il pourrait la faire basculer par-dessus la rambarde et l'envoyer dans l'eau.

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