Chapitre 20 {Élisa/Gabriel} État de choc

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Paris

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Paris

2023

Ses mains enserrent ma gorge de plus en plus fort, la brûlure se répand dans toute ma trachée. La vie quitte peu à peu mon corps après seulement quelques années à grandir, apprendre et découvrir. Je veux crier, mais aucun son ne sort de ma gorge. Je suis déjà morte.

Mes paupières s'ouvrent brutalement, retrouvant l'air qui me manquait cruellement. Mon corps est brûlant et humide à la fois. Il me faut quelques secondes pour réaliser que je suis bien en vie et je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose, car aussitôt les actes de Gabriel me reviennent comme un uppercut dans la cage thoracique. Il a tué des gens. Il a pris des vies, à cause de moi. Est-ce que je peux lui pardonner en sachant la cause ? Non, rien ne mérite mon pardon. Qu'importe la raison.

Mes mains tremblent, mes genoux sont douloureux et je ne parle même pas de ma tête. Je n'ai pas froid pourtant je tremble, de peur, de dégoût, d'effroi. Dans mon métier je suis habitué à voir des gens mourir, mais jamais, non jamais je ne suis au contact des responsables. Une source de chaleur à côté de mon corps vêtu d'un t-shirt que je n'ai pas le souvenir d'avoir enfilé me ramène sur la terre ferme.

Un corps masculin, allongé sur le ventre, dévoilant un dos sculpté dans le marbre, est assoupi à mes côtés. Il ne peut pas faire ça, il n'a pas le droit de reconnaître qu'il a tué des gens et ensuite, se coucher dans le même lit que moi. Hayley avait raison, je ne le connais pas et je ne l'ai jamais vraiment connu. On ne peut pas connaître quelqu'un seulement en passant deux mois avec lui. C'est impossible.

Sa présence m'oppresse et mes tremblements se font de plus en plus incontrôlables. Il faut que je sorte d'ici. Je ne sais pas quelle heure il est, mais j'ai besoin de sortir d'ici car j'étouffe. Ma réalité est devenue aussi horrible que les cauchemars dans lesquels me plongent mon subconscient. Je donnerais tout pour que ça s'arrête et que ma vie reprenne un cours normal.

Je manque de tomber plusieurs fois dans les escaliers, car mon corps est incontrôlable, plus rien ne fonctionne correctement en moi. Mes pas me mènent à l'extérieur où la nuit commence à être chassée par le matin avec son soleil timide. J'avance, sans but précis, pieds nus sur les cailloux puis l'herbe et les branches. Quand je baisse mon regard sur l'endroit où j'ai atterri et que je réalise que je n'arrive toujours pas à respirer normalement, je m'effondre.

Le tas d'os craque sous mon poids. Trop d'informations d'un coup font disjoncter le peu de fonctionnalité de mon cerveau. Trop que je puisse supporter. Les yeux dans le vague, j'attrape une pierre sur le sol et commence à la frapper contre ma cuisse. Je frappe, je frotte, j'appuie, plusieurs fois d'affilée. Plus rien ne me semble réel, pas même mon acte qui m'entaille la chair faisant couler mon sang. Est-ce à ça que ressemble la folie ? Alors je suis folle. Désespérément folle. Je continue ma chorégraphie entêtante en répétant mes gestes encore et encore, n'écoutant plus que le battement trop rapide de l'organe qui bat dans ma poitrine.

Vise le cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant