Chapitre 43 {Élisa/Gabriel} L'heure de l'addition

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*** TW : Attention ce chapitre comporte une scène pouvant heurter la sensibilité des plus fragiles. ***

Paris

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Paris

2023

J'en ai eu des choses difficiles à faire dans ma vie. Devoir dire adieu à mon enfance en attendant un bébé. Quitter celui qui était pour moi, mon premier amour. Connaître la souffrance d'un accouchement et la déchirure profonde qu'aucune suture au monde ne pourra jamais faire cicatriser lorsque j'ai fait mes adieux à ma première fille sans même avoir pu lui dire bonjour. Faire face à la naissance prématurée de ma seconde fille tout en sentant la vie s'échapper de mon corps. Les mois qui ont suivi sa naissance ont été un calvaire, autant physiquement que psychologiquement, mais on s'est battus comme la famille que nous étions.

N'est-ce pas ce qu'on sait faire de mieux, nous les humains ? Survivre ? On n'a pourtant rien à envier à l'espèce animale qui a un instinct de survie bien plus élevé que le nôtre.

Oui, j'en ai eu des épreuves à traverser dans ma vie, mais devoir faire mes adieux à ma petite Mila, ça m'a déchiré le peu de l'organe encore présent, qu'il me restait. J'aurais aimé que ça ne se passe pas comme ça, mais je ne me leurre pas. Je sais que ce ne sont pas des aurevoirs, bien des adieux. Plus jamais je n'aurais la chance de pouvoir la tenir dans mes bras, la regarder s'émerveiller de la vie et baver sur mon t-shirt. Je ne la verrais pas grandir, je ne serais pas là pour la consoler quand elle aura du chagrin. Je ne serais pas là pour lui donner des conseils quand elle en aura besoin.

Tellement de choses que je vais rater et peut-être même qu'elle m'en voudra d'être partie alors qu'elle n'était encore qu'un petit bébé. Je n'ai pas le choix, il faut que je fasse ce sacrifice pour sauver sa sœur qu'elle ne connaîtra jamais. Je le dois parce que même si je ne connais rien de cet enfant, elle ne mérite pas qu'il lui arrive quelque chose juste parce qu'elle a le malheur d'être ma fille.

J'ai pris le temps d'écrire une lettre à ma famille et une lettre spéciale pour ma petite princesse, qu'ils lui liront lorsqu'elle sera en âge de comprendre. Dedans, je lui explique qu'elle a une sœur et que c'est pour elle, que j'ai donné ma vie, pour elles. Ça a été les lettres les plus douloureuses qui soient à écrire, mais je me devais de le faire. L'odeur de ma fille ancrée sur mon t-shirt, l'un de ses bodys dans la poche de mon pantalon, j'avance à reculons en direction des jardins des Tuileries, car l'heure du rendez-vous approche.

Peut-être que tout ceci n'est qu'un piège, qu'un bluff, mais je refuse de prendre le risque que ce soit vrai. Je ne me pardonnerais jamais la mort de mon enfant.

Pendant que je m'aventure dans le parc en passant à côté des gens, l'air totalement absent, c'est une véritable locomotive à souvenirs dans ma tête. Comme un condamné qui regarde la mort droit dans les yeux en lui disant qu'il n'a pas peur, je repense à tout ce que je laisse. Un mari. Des parents. Deux filles. Des patients. Des amies. Ma vie n'a pas été la plus belle, mais j'en ai savouré chaque instant.

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