Chapitre 39 {Gabrian/Gabriel} Sang pour sang

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*** Ce chapitre peut heurter la sensibilité des plus fragiles. ***

Gabrian

Paris

2023

*** Quelques minutes avant le passage à l'acte***


« Tu n'es qu'une sombre merde, tu ne mérites pas mieux que ça »

« Tout est de ta faute »

« Tu es le mal en personne »

« Mais regarde-toi, tu me donnes envie de vomir. Les gens comme toi ne devraient pas exister. »

Stop ! Stop, ça suffit ! Sortez de ma tête ! Sortez !

J'étouffe, je tremble, j'ai chaud, j'ai froid, j'ai mal, j'ai peur. Tout à la fois. Toutes ces voix dans ma tête, elles ne sont pas seulement dans ma tête. J'ai réellement entendu tout ça et bien plus encore, bien pire encore. Ils sont partout, encore plus envahissants que les ténèbres dans lesquelles je sombre depuis des années. Je ne suis pas fou. Non je ne le suis pas. C'est ce qu'ils veulent me faire croire, mais je ne suis pas fou, je ne l'étais pas du moins. Pas avant tout ça.

Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai voulu faire machine arrière sur le temps et m'empêcher de commettre cette erreur. Si je n'avais pas écouté mon cœur, si je n'avais pas franchi ce pas, jamais tout ça, ne serait arrivé. Alors oui, tout est de ma faute et je m'en veux. La culpabilité est un mot bien trop faible pour décrire ce que je ressens dans chaque centimètre carré de mon âme. Je me dégoûte. Je me déteste. J'ai envie de mourir pour que toutes ces images, toutes ces voix, tous ces souvenirs, tous ces ressentis cessent enfin.

C'est ma prison à moi. Une prison haute en couleur et en intensité. Je vis chaque seconde au centuple. Je ne suis jamais seul, encore moins quand le silence me gagne. Je déteste le calme. C'est toujours comme ça avant la tempête. Et tout arrive, à chaque fois. Plus que la précédente, ça fait mal, c'est atroce. Je ne veux plus ressentir tout ça. Je n'en peux plus. Il faut que ça s'arrête. Ça aurait dû s'arrêter il y a bien longtemps.

À quoi ça rime que je vive ? Je ne sers à rien, je ne suis plus qu'un débris de verre que la mer rejette et qui se fracasse sur des rochers, encore et encore. Une spirale infernale. J'ai mal partout, tout le temps. De ma tête à mes pieds. Sous ma peau. Dans mon ossature. J'ai pris perpétuité dans la souffrance et aucune autre fin que celle-ci n'est envisageable pour moi.

« Il ne te mérite pas. Tout ce qui arrive, c'est ta faute, entièrement la tienne. »

« Il te déteste, comment pourrait-il en être autrement ? Tu t'es vu ? »

Les insultes. Les crachats. Les coups et tellement plus encore. Je ressens tout, à chaque seconde qui passe comme si je revivais encore et encore, à chaque instant. Je veux que ça s'arrête. Il le faut. Je fais les cent pas dans la chambre que la jolie blonde m'a accordée. Elle est gentille. Tellement gentille avec moi et douce. J'aime bien quand elle me parle, sa voix est jolie. Je n'aurais jamais dû venir la voir. S'ils l'apprennent... Ils vont l'apprendre, ils le savent peut-être déjà. Ils vont me tuer. Non ils ne feront pas ça car ils ont fait de moi, ce que je suis devenu et je serais déjà mort depuis longtemps si c'est ce qu'ils voulaient. Une marionnette. Une chose. Un monstre.

Leur torture psychologique est pire que la mort. Ils m'ont déjà fait vivre le pire, encore et encore. À chaque fois que je pensais que c'était fini, ça recommençait, inlassablement.

Vise le cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant