Chapitre 55 {Rose} Vous et moi

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Rose

Paris

2023

Ça fait trop mal. J'ai envie de mourir pour ne plus ressentir ça. Noah est la seule personne en qui j'ai confiance, le seul sur qui j'ai pu compter depuis trois ans qu'on se connaît et un an qu'on sort ensemble.

Avec lui, je me sens vraiment moi-même. Je me sens entière. Il a été là quand ma vie a volé en éclats il y a quelques mois quand ce type étrange est venu chez moi pour me remettre mon dossier d'adoption. Je n'oublierai jamais les mots qu'il a prononcé « lis ça et tu comprendras qu'ils ne sont pas des gens bien. Tu ne rates rien, ma belle. »

Aujourd'hui encore, je ne sais pas s'il parlait de mes parents adoptifs ou de mes parents biologiques. Tout ce que je sais, c'est que tout ce en quoi je croyais a volé en éclats. Ma vie n'est que mensonge, à commencer par ma naissance. Combien de fois ma mère m'a montré avec fierté les albums photos de mon enfance, moi à chaque anniversaire et à chaque petit moment qu'elle a jugé important.

Quelle conne j'ai été d'y croire ! J'aurais dû trouver ça bizarre qu'il n'y ait aucune photo d'elle avec un gros ventre, mais comment s'attendre à l'improbable ? Je n'étais pas prête pour une telle nouvelle, je ne le suis toujours pas. Je me rappelle encore le jour où je les ai mis devant le fait accompli en leur demandant des explications sur ce dossier. Ils ont choisi, une fois encore, de me mentir.

— Ce n'est pas ce que tu crois, ma puce. Je ne sais pas qui t'as remis ce dossier, mais il ne s'agit pas de toi, m'a soutenu ma mère sans flancher.

— Tu arrêtes de mentir à un moment ou pas ? Vos noms sont écrits noir sur blanc, ça aussi tu vas me dire que c'est du fake ?

— Pourquoi crois-tu cet individu que tu ne connais pas, plutôt que nous, tes parents ? a poursuivi mon père en se crispant.

— Parce que je sens que quelque chose n'est pas à sa place depuis longtemps, depuis toujours en fait. Quand je jouais avec les autres enfants à la récréation ou aux fêtes d'anniversaire. Je me suis toujours sentie différente, pas à ma place, mais je me disais que ça finirait par passer. Vous savez quoi ? Ce n'est jamais passé et ça continue de me ronger. Dites-moi la vérité.

— Tu es notre fille, a insisté ma mère en tentant de me prendre dans ses bras.

— Vous êtes tout juste bons à me mentir. Mais admettons que vous avez raison, alors montre-moi les photos de ta grossesse, maman. J'attends.

— Je... nous n'en avons pas fait.

— Vous êtes pitoyables, vous préférez vous enfoncé plutôt que de me dire la vérité et vous savez quoi ? J'en ai marre. J'abandonne. Je vous déteste pour faire voler ma vie en éclats, une seconde fois.

— Je ne te permets pas de nous parler sur ce ton, Rose. Nous sommes tes parents.

— Non, vous n'êtes rien pour moi.

La main de mon père s'est abattue sur ma joue pour la toute première fois de ma vie. La fois de trop. J'ai quitté la maison après ça en ayant le feu au corps et l'envie de détruire quelque chose pour qu'il souffre plus que moi. J'avais besoin d'un défouloir, de laisser toutes ces émotions sortir de mon corps, car j'étais en train de me noyer à l'intérieur.

Je les déteste alors ce ne sont pas de mauvais parents. Avec eux, du plus loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais manqué de rien. Ma mère est infirmière libérale, mon père est policier. Deux professions où l'honnêteté à son importance et ils ont été incapables de l'être envers moi alors qu'ils m'ont répété maintes et maintes fois à quel point ils m'aimaient. Mensonge. Mensonge. Mensonge.

Vise le cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant