Chapitre 49 {Élisa} C'est une fille !

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Paris

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Paris

2023

On pense que le pire qu'on puisse connaître c'est la mort, mais c'est un mensonge.

Le pire, c'est de parvenir à se relever après avoir connu l'enfer.

Depuis que j'ai ouvert les yeux à l'hôpital, je me sens soulagée d'être en vie, mais tellement abattue par les derniers événements. Mon mari a été présent, même mes parents ont su jouer un rôle qui leur a cruellement manqué à une période de ma vie. Ça fait deux mois que je suis revenue parmi les vivants sans pour autant me sentir en vie. 

Mon poignet s'est remis, mes cicatrices visibles ont guéri, mon corps s'est hydraté et nourri correctement pour reprendre du poil de la bête. Il y a une chose qui ne passe pas, qui ne guérit pas, les séquelles invisibles à l'intérieur de ma tête qui ne parvient pas à oublier le moindre détail. La peur. La faim. La soif. La douleur. L'horreur. La vision des coups que j'ai reçus, de ceux que Gabriel a reçus. Mon impuissance. Mes nuits sont bercées de cauchemars de ce que j'ai vécu et à chaque fin, un scénario différent pire que la réalité comme si mon subconscient s'amusait à faire une loterie des possibilités.

J'ai des crises d'angoisse, je panique dès que quelqu'un me touche par surprise ou dès que je me retrouve enfermée quelque part. Je dois être devenue claustrophobe parce que je ne supporte pas de me trouver coincée dans une pièce comme si je risquais de ne plus jamais en sortir.

Mon cerveau s'amuse à repasser chaque séquence de cette détention comme si je risquais d'oublier quoi que ce soit. Je sens encore le froid qui gagne mon corps jusqu'à mes os et je me sens couler en ayant pour dernière image, Gabriel.

Je comprends mieux à présent ce que Gabrian a subi pendant toutes ces années. Ma détention n'a duré que quelques jours, pourtant les séquelles psychologiques me suivront jusqu'à mon dernier souffle comme une encre indélébile sous mes paupières et dans mes synapses pour que je n'oublie jamais rien.

La seule chose positive de mon retour parmi les vivants, c'est d'avoir pu retrouver ma fille. Elle est la seule personne avec qui je passe mon temps, quitte à oublier de dormir. Je veux rattraper le temps qu'on a perdu, j'ai besoin de réaliser que tout ça est derrière moi et que ma petite princesse n'est plus en danger. Ça n'efface pas les horreurs que j'ai vécues, mais ça m'apporte une certaine stabilité émotionnelle.

Quant à Gabriel, je ne l'ai pas revu depuis que nous avons frôlé la mort. J'ai appris grâce à Gabrian que son opération s'était bien passée et qu'il allait s'en remettre, même s'il refuse la rééducation, mais ça ce n'est plus mon problème. Je lui souhaite de se rétablir vite, mais le revoir, c'est au-dessus de mes forces. Malgré moi, dans mon inconscient Gabriel est associé à ce que j'ai vécu là-bas, au pire traumatisme de ma vie et le revoir, j'ai peur que ce soit trop douloureux.

Peut-être que c'est ainsi que doivent se finir les choses, lui qui reprend sa vie de son côté et moi, qui suis le chemin tout tracé qui m'attend. Et si je suis tout à fait honnête avec moi-même, ce n'est pas la seule raison pour laquelle je ne veux pas le voir. J'imagine que ça a dû être un choc pour lui d'apprendre qu'il avait une fille, mais je ne peux pas lui pardonner ses mots et l'expression sur son visage. C'est comme s'il était dégoûté par la nouvelle. Ça m'a fait tellement mal que rien que d'y repenser, j'ai encore envie de pleurer. Je ne fais que ça de toute façon, pleurer. Je suis une véritable éponge humaine et mon apparence fait peur à voir.

Vise le cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant