Ladies and gentlemen, this is the chaper twenty-three

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PDV Eddie

Je me cache dans les toilettes du lycée avec un client, ce n'est pas très discret mais c'est mieux que rien.

- Comme d'habitude ou tu veux tester les nouveautés ?

- Surprends-moi, tu connais mon budget, me répond-t-il confiant.

   Je lui mets ce qu'il faut dans un sachet kraft puis il me paye. Deux personnes entre en furie dans la cabine d'à côté, mon client repart mais moi je reste. J'adore les gossipes, et je sens que je vais être servi !

Je colle ma tête au mur fin, et écoute ce qu'il se passe.

 - Putain mais tu le fais exprès où quoi merde ?

  Je reconnais la voix de Jason, et celle qui répond tout aussi bien.

 - Je t'ai dit que je n'allais pas y arriver...

  J'essaye de déterminer de quoi ils parlent, mais un silence règne dans la cabine. Quand tout un coup, un bruit de tissus se fait entendre.

 - Arrête putain ! crie Apolline en, je crois, le poussant.

 - Je sais que t'adore ça, cesse de résister.

 - T'es qu'un putain de connard Carver !

  Je distingue le bruit d'une gifle qui me fait sursauter. La porte s'ouvre et se referme dans un même coup violent. Les pleurs d'Apolline s'en suivent, je tente d'escalader le mur pour accéder à sa cabine. Quand je suis en face d'elle, le ciel me tombe sur la tête.

 Le chemisier qu'elle porte est grand ouvert révélant son soutient gorge mais aussi... son ventre couver de bleu et de cicatrice ? La naissance de sa poitrine est rouge, tout comme sa joue.

- Vas t'en, murmure-t-elle entre ses sanglots.

 - Qu'est-ce que...

  Elle pose ses deux mains devant son visage et pleure de plus en plus fort. Elle semble se libérer, comme si elle n'avait pas le droit de pleurer avant.

 - Apolline, qu'est-ce que c'est tout ça ?

  Elle ne répond pas à ma question et se contente de pleure. J'enlève les mains de son visage et porte sa tête comme un trophée.

 - C'est Jason ?

 - Je suis désolée Eddie, mais je suis tellement désolée d'avoir été aussi conne putain...

 - Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

 - Je n'y arrive plus, hier c'était la fois de trop.

  Son souffle devient irrégulier, je lui reboutonne son chemisier avant de la trainer en dehors du lycée en essayant de faire preuve de discrétion. Quand nous arrivons à mon van, je l'assois dedans et me met en face d'elle.

 - Dis-moi ce qu'il se passe Emerson.

 - Je pensais pas qu'il était comme ça, depuis le début j'aurais dû m'en douter, j'ai été trop conne putain...

  Je prends ses deux mains dans les miennes ce qui ne fait que multiplier ses pleurs.

 - Est-ce que c'est Jason qui te fait ça ?

  Elle hoche doucement la tête, si doucement qu'on peut penser elle hésite à me le dire. Je commence à perdre patience.

 - Ne bouge pas d'ici, je reviens.

 - Non Eddie stop !

  Elle me retient le bras, j'ai dû mal à ne pas l'enfermer dans le van et de faire de Jason mon affaire.

 - Ne fais rien, par pitié ne fais rien Eddie.

  Elle parle bas, comme si quelqu'un pouvait nous entendre. Je comprends qu'elle a peur, mais je sens que ce n'est pas tout, quelque chose d'autre va pas.

 - Il a fait quelque chose d'autre ?

  Elle ne répond pas, mais à son regard dans le miens je comprends que oui, il a fait quelque chose d'autre. Ce n'est pas même pas...

 - Est-ce qu'il t'a...

  Elle me saute dans les bras en pleurant si fort que mes yeux se remplissent de larmes à leur tour. Il l'a détruite. Il a profité d'elle. Il l'a frappé. Il l'a violé. Et ça, personne n'est au courant.

  Je caresse ses cheveux doucement. Je ne sais pas comment la consoler, nous pouvons la comparer à un petit animal fragile.

 - Je suis trop conne bordel, répète-t-elle en boucle.

 - Tu ne pouvais pas le savoir.

 - Qu'est-ce que j'ai fait au monde pour mériter ça ?

  Sa phrase me fend le cœur, si bien que j'arrête tout mouvement et la regarde dans les yeux.

 - Pourquoi tu n'as prévenue personne ?

 - J'avais si peur Eddie, j'avais peur de le voir, qu'il recommence, qu'il me frappe et m'embrasse vulgairement comme à son habitude, j'avais peur qu'il me balance pour la weed...

 - Comment il le savait ?

 - Il a fouillé ma chambre Eddie, il l'a fouillé pendant que j'étais droguée au somnifère. Je n'étais pas malade, j'avais juste trop fumé et lui a sauter sur l'occasion pour « s'occuper de moi ».

  Je fronce les sourcils en essayant de remettre toutes les pièces du puzzle en ordre. Je vais le défoncer. Lui et les sept futures générations. Je veux qu'il souffre, qu'il paye, qu'il crève sous mes yeux.

  Mais pour l'instant je me contente de reprendre Apolline dans les bras qui est toujours en pleure.

 - Qu'est-ce que tu veux faire ?

 - Rien du tout. Je n'ai pas la force, je ne peux rien faire contre lui.

 - Tu peux faire beaucoup plus de chose que tu ne le crois, tu n'es plus seule maintenant, je suis avec toi et je ne te laisserai pas, jamais.

  Ses yeux s'arrondissent, mais avant que je ne comprenne pourquoi je sens un gros coup sur ma tête. Je suis légèrement sonné, mais ça va. En me retournant, j'aperçois Jason. Quand on parle du loup...

 - Alors là mon gars, ne t'avise pas de recommencer, ricanai-je avec un grand sourire. 

 - Qu'est-ce qu'elle t'a racontée hein ? C'est qu'une menteuse, une profiteuse, une grosse salope-

Je ne peux m'empêcher de lui foncer dessus. Apolline me cri d'arrêter, mais je n'en suis pas capable. Je ne pense pas qu'à ce qu'il s'est passé avec elle, mais aussi à ma mère qui a vécu ce tourment. Je me défoule sur lui et ça me fait le plus grand bien. 

Quand je constate qu'il ne se défend plus je me relève et le regarde. Il jubile par terre en se plaignant de la douleur, mais je n'en n'ai strictement rien à foutre. Je veux juste qu'il paye bien chère. Mais quel qu'en soit le prix, il ne sera jamais remboursé 

- Monte dans la voiture Emerson. 

Elle fait ce que je lui dis et je commence à conduire en direction de LoverLake. Nous avons besoin de nous détendre l'un comme l'autre, et c'est notre endroit fétiche à tous les deux. 

En me garant devant le lac, je sors en premier pour sortir ma guitare et mettre des coussins à l'arrière du van. Elle s'installe à côté de moi, mais avant de gratter mes cordes je la prends une dernière fois dans mes bras. 

- Je suis désolé Apolline, je voyais que ça n'allait pas et je n'ai pas été là. 

- Ce n'est pas de ta faute Eddie, tu n'aurais rien pu faire quoiqu'il arrive. Tu es là maintenant, je n'ai plus à m'inquiéter. 

J'embrasse le haut de son crâne avant de reprendre ma guitare. Je ne joue pas de musique en particulier, juste des notes apaisantes pour se sentir mieux. Emerson est collée à moi, je sens ses larmes tomber sur mes bras et ses sanglots atteignent mes oreilles. La voir dans cet état me déchire le cœur, je me dois d'être à la hauteur. 

- Il va falloir que tu en parles à ton frère, dis-je en continuant de jouer.

- J'ai trop honte, je ne peux pas le faire. 

- Tu n'as pas à avoir honte. Pourquoi tu aurais honte même ? Tu n'aurais rien pu faire, et puis c'est ton frère. Tu te souviens quand tu as quitté le restaurant après que t'on père t'avait dit qu'il voyait une autre femme ? 

- Mmh, oui ? 

- Quand tu es retourné chez toi, tu avais honte. Et pourtant regarde, tout va mieux. Alors n'est pas peur, tu n'as rien à perdre et tout à gagner. 

- Tu pourras être là quand je vais lui dire ? J'ai besoin de toi Eddie, je n'arriverai pas à m'en sortir seule. 

- Je serai là dès que tu auras besoin de moi Emerson, tu n'as pas à t'en faire pour ça. 

Elle hoche la tête.

- Tu voudrais bien me raconter depuis le début ?

- Hum, ça a commencé le jour où il m'a embrassé devant tout le monde avant le match de basket. A l'after, il m'a emmené dans sa chambre et m'a longuement embrassé en prenant mon sein. Il me faisait mal, mais quelqu'un a toqué. Quand il est revenu il s'est excusé de nombreuses fois, dès ce moment j'aurais dû m'en douter.

Je caresse ses cheveux le long de son monologue.

- Il a recommencé plusieurs fois, mais un jour il a exprimé sa colère en me giflant. Je ne pourrais jamais oublier cette sensation, c'était la première fois... qu'il avait réellement levé la main sur moi. J'étais effrayée de lui, c'est ce qui a payé mon silence. Il me promettait de recommencer si je le répétais, que j'allais payer encore plus chère. Mais hier, je prenais ma douche et il est arrivé. Je...

J'embrasse sa joue. Je sais que ni l'un ni l'autre ne veut entendre ça.

- C'était horrible Eddie, il me répétait qu'il avait juste avancé les choses et qu'il fallait bien que je le fasse une fois dans ma vie.

- Je te donne ma parole que tout est terminé.

- Eddie je... Je voulais m'excuser.

 - Je t'ai déjà que ce n'était pas de ta faute-

- Non, pas pour ça. Le lendemain de mon anniversaire, je ne sais pas pourquoi je t'ai rejeté comme ça. J'ai été idiote, j'ai des sentiments pour toi et je ne le pourrais jamais le nier. Même quand Gareth m'a demandé pourquoi je m'étais enfuis je n'ai pas su répondre. Et surtout, désolé pour la claque, ricane-t-elle faiblement.

Je rigole avec elle en lui assurant que ce n'est pas grave.

- Alors comme ça tu as des sentiments pour moi ? dis-je en la taquinant.

- Pfff, t'es con. En plus tu connais très bien la réponse.

- Si quelqu'un m'avait dit que je tomberai amoureux de la sœur de mon meilleur pote, sa sœur merde !

- Tout peut arriver dans la vie.

  Je me reconcentre sur ma guitare pour ne plus écouter les pleurs d'Apolline. Elle m'aime et c'est certain. Elle m'aime et me l'a dit. Elle m'aime et quoiqu'il arrive, je sais que nous finirons ensemble jusqu'à la fin de notre vie, j'en suis sûre.  

Too Young To Fall In Love. "Eddie Munson"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant