22. On nous envoie vers notre mort

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J'estime qu'une journée commence mal quand soit vous savez que vous devez passer un contrôle de maths dans la journée, soit une de vos prétendue amie vous balance un seau d'eau dans la tête en vous sermonnant de vous dépêchez car, je cite, on a une soucoupe à prendre direction notre mort certaine. À votre avis, comment a débuté la mienne ce matin ?

Je m'habillai à la hâte, repensant à ce que Romy venait de dire avant de ressortir de ma chambre. Je dus passer vite fait dans la grande salle de bain commune pour me sécher les cheveux, que j'entrepris même de démêler et de coiffer. Si je devais mourir aujourd'hui, autant me rendre présentable et ne pas faire les choses à moitié. L'avantage, le seul avantage, de m'être faite réveillée à l'aube demeurait être le sommeil encore persistant chez mes camardes d'étage, et donc la liberté de la salle de bain. D'habitude, les autres jeunes filles s'agglutinaient autour des miroirs et tentaient de faire tenir leurs coiffures ridicules inspirées par celles de Jupiter. Ce matin, ma seule compagnie étaient Inès et Lina, qui attachèrent leurs mèches en queue-de-cheval, suivant mon divin exemple. Malgré la journée peu prometteuse qui s'ouvrait à moi, la nuit avait été étonnement reposante, et contrairement à hier je me sentais capable de l'affronter. Pour l'instant.

Sur la pelouse principale m'attendaient les garçons, Romy, les triplés et l'aube qui gagnant du terrain. Mes amis paraissent être tombés du lit, surtout Nils et Migor. Ils portaient à mon instar une tenue adaptée aux combats et aux entraînements physiques. Cet accoutrement ne devait pas être anodin, ni le fait que les triplés s'était levés exprès pour cet évènement probablement important. Pour couronner le tout, j'avais fait une découverte bouleversante : en plus d'avoir omis le chocolat, les Martiens n'avait pas pris la peine d'ajouter le café dans leur alimentation quotidienne.

- Bon, que nous vaut ce rassemblement matinal ? demanda Ethan en se frottant les paupières.

Je fus surprise d'entendre une question légitime et non une plainte. Comme quoi le progrès n'est pas qu'un mythe.

- On m'a vaguement parlé d'un test, murmura Fynn qui tanguait violemment sous la brise intense du sommeil.

- Quel genre de test ? s'enquit Romy.

- Un test pour vous, répondit Migaël, le seul réveillé. Pour mettre à l'épreuve la maîtrise de vos capacités de Porteurs.

- C'est pas ce qu'on nous fait depuis notre arrivée ici ? soulignai-je en haussant un sourcil.

Migaël esquissa un haussement d'épaule.

- Et on a même pas droit à un petit déjeuner ? fit Lina.

- Peut-être, si vous avez de la chance, taquina Marghau qui semblait avoir la garantie de pouvoir manger, elle.

Nous poussâmes un soupir collectif et nous laissâmes choir sur l'herbe humidifiée par la rosée du matin. Migor, la tête reposée sur l'épaule de son frère, laissa échapper un léger ronflement, terrassé par la fatigue.

- Il est doué pour dormir, fit remarquer Nils. Il peut le faire les yeux fermés !

- J'ai finalement eu huit heures de sommeil, dis-je. Ça m'a juste pris trois semaines, c'est rentable.

- J'aimerais être rémunéré pour dormir, laissa-t-il échapper. Ce serait mon travail de rêve.

Romy roula des yeux et les rires de Marghau réveillèrent ses frères.

- On attend quoi en fait, à part se faire assommer par les blagues à dormir debout d'Irene et Nils ? demanda Fynn dont l'embryon de sourire trahissait l'air exaspéré.

- Le directeur, rétorqua Migaël. Il m'a informé qu'il viendrait nous chercher avec des transilules en poche.

- Où va-t-on ? questionna Ethan avec lassitude.

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant