6. Un fantôme devient mon coach de vie

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Nous atterrîmes sur un sol dur et rocheux. Et orange. Un orange très vif, pas vraiment naturel. Nous avions chuté d'au moins cinq mètres, en tout cas c'était ce que je ressentis lorsque je me relevai avec des jambes en coton et les membres endoloris. Je grimaçai quand je sentis les courbatures me lacérer le corps et engourdir mes mouvements. Le voyage entre ma cave et l'atterrissage n'avait duré selon moi que quelques minutes, mais cette certitude-là s'évapora aussi rapidement que l'insouciance qui fleurissait en moi lorsque j'étais entrée dans le sous-sol. Après avoir dépoussiéré mon pantalon, je ratissai le paysage du regard. La vallée dans laquelle nous avions atterri avait la même teinte que le sol, de hautes roches se dressaient autour de nous comme pour former les barreaux d'une cage. Nous avions eu de la chance de ne pas finir embrochés. Le désert semblait sans fin, parsemé de rares collines ; on aurait dit le panorama d'un film de science-fiction. Aucune trace d'hommes ni d'animaux. Nous étions seuls au milieu de cet endroit orangé.

Je pouvais presque sentir l'angoisse qui s'était appesantie dans mon esprit trémousser furieusement. Où étions-nous ? Quel était ce lieu ? Le portail dans la grotte nous avait-il vraiment téléportés ici ? Ou étais-je en train de rêver ? Une volée supplémentaire de questions afflua vers mon cerveau. J'eus beau regarder autour de moi en quête d'indices, rien ne me permettait de déterminer notre position. Avions-nous changé de région ? De pays ? Ou même de continent ? J'avais du mal à trouver une ébauche de cohérence vis-à-vis de la situation. En résumé, nous avions trouvé une cave bizarre sous ma maison, qui franchement méritait une enquête approfondie avec tout ce qu'on y avait découvert, sans oublier les voix et tout le reste. Ensuite, une roche encore plus étrange s'est révélée être un portail quand je l'avais activée avec ma clé. Ledit portail qui nous avait transportés ici comme par magie. Super logique !

Je commençai à faire les cent pas tout en tripotant la peau au dessus de l'ongle de mon pouce, un tic nerveux. Un plan. Il nous fallait un plan. Surtout pas céder à la panique, conserver sa tête froide. Ou alors paniquer un coup avant de regagner son sang froid, au choix. On avait besoin d'un GPS ou le moyen de contacter quelqu'un, un téléphone. Je tâtonnai les poches arrières de mon Jean et me giflai intérieurement quand je me souvins l'avoir laissé dans ma chambre. Quelle cruche. Toutefois, je me souvins qu'Ethan, Lina et Romy avaient eu recours à leurs portables dans la cave. Je fis brusquement volte face et me précipitai vers mes amis. Je me maudis de ne pas m'en être occupée avant en m'agenouillant près d'eux. Ils avaient tous les paupières closes, un poux suffisamment faible pour que cela m'inquiète et leur teint devenait de plus en plus rougeâtre. Pas normal. Après avoir posé ma main sur le front de chacun, le soulagement enfla en moi lorsque je constatai qu'ils n'avaient pas de fièvre ni de température corporelle négative. En revanche, là, je ne pus plus ignorer l'angoisse qui déferla en moi telle une gigantesque vague dévastatrice. Pourquoi étais-je la seule à être réveillée ? Étaient-ils en danger, en train de mourir à petit feu ? Cette pensée me glaça le sang. Il fallait vraiment que je me calme. Et que je trouve une solution. Soudain, je sentis un poids dans ma main. Je tressaillis lorsque j'aperçus ce qu'il s'y trouvait. Ma clé. Comment avait-elle pu revenir ? Je l'avais pourtant laissée dans la serrure ! C'était impossible...

- Hey, petite converse magique, murmurai-je, faute de mieux, tu peux m'aider ?

Aucune réaction.

- S'il te plait, insistai-je en sentant mes yeux s'embuer, j'ai vraiment besoin d'aide.

Je pense que ma vie a vraiment basculé au moment où je me suis mise à supplier une clé. Avec le recul, j'aurais pu me douter que tout ça ne servirait à rien. Ce truc ne m'apportait que des problèmes. Peut-être allais-je réussir à la faire parler si je prononçais certains mots ? Ça n'allait sûrement pas marcher, mais au point où j'en étais...

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant