7. Les soucoupes volantes, ça existe !

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Un conseil : Si vous espérez vous faire de nouveaux amis, mieux vaut qu'ils n'aient pas peur de vous avant de faire connaissance. Parce qu'au vu des réactions des triplés en me voyant, je doutais fort qu'on allait devenir potes. La fille avait pâli, ce qui donnait à sa peau plus ou moins la même couleur que sol, tandis que les deux garçons écarquillaient les yeux en me fixant avec une lueur d'horreur mélangée à l'étonnement. Super, l'accueil !

- Qui êtes-vous ? arrivai-je à demander.

Il leur fallut quelques secondes pour se rendre compte que je leur avais posé une question. Les deux garçons se voltèrent vers leur sœur, qui répliqua :

- Je te retourne la question.

Son ton était dur et cassant, même si je sentais qu'elle était aussi déroutée que moi. Ses yeux décrivaient des allers-retours de mes pieds à ma tête et les coins de sa bouche tremblaient légèrement. Je poussai un soupir.

- Écoutez, on ne sait pas où on est et je ne vous veux aucun mal. Pouvez-vous nous aider ?

J'avais conscience que nous livrer à ces gens n'était pas la meilleure chose à faire, mais aucune autre alternative ne me vint à l'esprit.

- Nous nous trouvons dans le désert qui entoure Melganar. Je m'appelle Migaël, et voici mon frère Migor et ma soeur Marghau, fit le garçon sage.

Je hochai la tête. On va faire comme si je savais où se situait cette ville et de quelle culture ces prénoms étaient tirés.

- À ton tour, fit le gars. Qui êtes-vous ?

J'hésitai quelques instants avant de répondre. Leurs regards devinrent de plus en plus hébétés, comme s'ils venaient d'avoir la confirmation ultime de leurs doutes.

Un silence malaisant s'installa tandis que nous nous fixâmes simplement dans le blanc des yeux. J'essayai de garder mes idées claires pour me concentrer. Migaël avait parlé de cette ville, Melganar, qui ne me disait d'ailleurs toujours rien. On était définitivement plus en Belgique, et je doutais même que nous soyons encore en Europe. J'avais déjà beaucoup voyagé dans ma vie, mais je n'avais jamais visité une contrée aussi désolée.

- Faut qu'on les amène à la ville, fit la fille.

- T'as pas tort, avoua Migor. On ne sait pas de quoi...

Il se tut et regarda sa sœur et son frère, l'air encore plus paniqué. Ces derniers semblèrent aussi paumés que moi et le scrutèrent ostensiblement. Qu'est-ce que j'avais encore fait ?

- Ils ne savent pas où ils sont, murmura-t-il.

- Sans blague, c'est exactement ce qu'elle vient de dire, rétorqua Marghau.

- Je sais bien, répliqua Migor, agacé. Mais je veux dire sur quelle planète.

Les visages Marghau et Migor se décomposèrent. J'avoue que là, ils m'avaient perdue. Planète ? De quoi parlait-il ? J'étais déjà convaincue qu'on ne se trouvait plus dans les alentours de Bruxelles, mais de là à avoir carrément changé de planète...on aurait dit un sketch. C'était gros. Trop gros comparé aux pouvoirs loufoques des clés, à l'existence de Livaïna et à la découverte de la cave sous ma maison ? Difficile à dire. Les réactions des triplés face à constatation de Migor ressemblait à celle de Romy quand elle avait compris que je pouvais voir sa clé. Je ne savais que trop bien comment s'était conclue cette mésaventure. 

- Mars...chuchotai-je, le regard fixé sur ma clé, plus précisément sur l'inscription.

La gravure sur la tige brillait légèrement à la lumière du jour. Je ne l'avais plus examinée depuis quelques temps, mais à présent que je la fixais j'avais l'impression d'avoir trouvé la pièce maîtresse d'un puzzle encore inexistant.

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant