29. Pour fêter mon dernier jour, je visite une prison

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Dans la liste des choses à faire d'urgence avant de repartir sur Terre, visiter une prison n'était pas ce que je noterais en tête de page. Étonnamment, c'est exactement ce que je m'apprêtais à faire, histoire de bien profiter de ma dernière journée sur Mars.

Je me réveillai dans mon lit double d'hôpital de luxe vers midi, tirée de mon sommeil par les rayons de soleil qui s'infiltraient par la baie vitrée. Initialement, j'avais prévu de glander au lit tout la journée, me servant de la très glorieuse excuse de la fatigue et des conversations éreintantes que j'avais eues la veille pour justifier mon manque de productivité flagrante. Malheureusement, j'avais découvert un message sur mon tabelot m'indiquant que je devais me trouver dans le hall de l'hôpital à midi et demie, présentable et à l'heure. Il s'avère que plaider l'insomnie auprès d'une tablette n'était pas très efficace.

Bref, je troquai mon pyjama contre ma tunique de combat acquise un mois plus tôt et me précipitai au rez-de-chaussée. En bas, tous mes amis m'attendaient, la plupart avaient même trouvé le temps de se coiffer et de se débarbouiller le visage. Je crois que j'avais encore les traces de mon oreiller imprimé sur ma joue.

- Enfin ! s'exclama Romy. J'ai bien cru que tu n'arriverais jamais !

- J'ai bien failli, je me suis réveillée y a dix minutes.

Romy leva les yeux au ciel, amusée.

- Que nous vaut cette expédition matinale ? demandai-je.

- Il est midi, hein, pas six heures du matin, précisa Ethan, ce à quoi je me contentai d'hausser les épaules.

- On va voir la prison. Les Représentants jugent nécessaires qu'on voie et questionne les terroristes nous-mêmes, répondit Yannick.

- Sérieusement ?

Il avait l'air aussi dépité que moi. Dire que j'avais quitté mon lit douillet pour rendre visite à des psychopathes qui avaient failli nous tuer, pour les interroger sur leurs motifs !

Nous prîmes le Mexpress, dont les marches ne nous tourmentaient plus autant qu'au début de notre séjour, escortés d'une poignée de gardes sous couverture. À part d'avoir l'impression d'être une princesse héritière, le voyage se déroula sans encombres. Les gens nous observaient ostensiblement, mais leurs œillades ruisselaient le long de moi comme la pluie dégouline d'un imperméable. Je n'étais pas d'humeur à me préoccuper de ce que les autres pensaient.

Après la discussion que j'avais eue la veille avec Erlann, rencontrer ces terroristes me donnait autant envie que rédiger un contrôle d'histoire pour lequel je n'avais pas révisé. Je me demandai ce que j'allais leur dire, à ces prisonniers. « À ce qu'il paraît, la bouffe est bonne en prison, j'te souhaite une bonne vie ! » « Des innocents sont morts de cause de vous, j'espère que tu es fier de toi ! » « Ta captivité en prison te donnera le temps de réfléchir à tes actes ! Maintenant, au coin ! ». Aucune de ces phrases me donnait spécialement hâte d'engager la conversation avec l'un d'eux. Je ne savais même pas face à qui j'allais me trouver, ou comment j'allais réagir. Je secouai la tête, dépitée, et décidai de réfléchir à autre chose. Si le père des triplés était inculpé, alors la lettre que nous avions trouvée avait bien un lien avec cet attentat. Le Centre de connaissance s'était avéré être l'Académie. Au fond, ce code-là n'était pas dur à décrypter, si on ne s'était pas auto-inculqué qu'il s'agissait de la Tour des Représentants. Quant aux autre phrases, je séchais. Le 1611 avait bel et bien été une date. Quant à Justice et Historiquement Vénus, je ne comprenais pas le lien avec l'attentat. Justice était peut-être leur alibi, celui qui les motivait à attaquer l'Académie ; ils voulaient imposer leur justice, celle qui dénigrait les Représentants et leurs principes.

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