25. On passe à la télé

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Je découvris dans mon placard une jolie robe en satin rouge. Je m'en emparai et troquai ma tenue contre la robe que j'enfilai en un claquement de doigts. Je détachai mes cheveux qui tombèrent en cascades désordonnées sur mes épaules. Je tentai de les lisser avec mes paumes puis enfilai ma Clé dans une petite poche cachée en espérant ne pas devoir m'en servir. Lorsque je sortis de ma chambre en débouchant sur le couloir vide, je rejoignis Inès et Lina qui discutaient entre elles, appuyées nonchalamment au mur. Vu l'heure, la plupart des filles devaient glander sur la terrasse ou se prélasser dans leurs chambres. Inès était affublée d'une combinaison en flanelle turquoise tandis que Lina endossait une jupe avec un haut assorti violet.

- J'ai entendu dire qu'il fallait traverser la forêt pour accéder au troisième édifice, déclara Inès quand je fis un pas dans leur direction.

- Je suis certaine qu'ils vont envoyer des gens pour nous escorter, objecta Lina.

- Je ne préférerais pas, objectai-je. Sinon, je ne pourrai pas fournir l'excuse d'avoir eu peur du noir de la forêt pour rester dans ma chambre.

Inès et Lina concédèrent en riant avant que Romy fasse son apparition derrière moi. Elle portait une robe à volants bleu-vert avec un décolleté en cœur bordé de paillettes. Elle avait tressé ses cheveux avec soin, du moins suffisamment pour qu'on comprenne qu'elle prenait cette soirée au sérieux, contrairement à d'autre qui n'était que là pour les résultats.

Le dîner s'avéra moins barbant que je l'avait cru. Déjà, à la place d'une longue table ornée de mets et de spécialités culinaires s'alignaient des meubles ensevelis sous les saladiers qui faisaient partie du buffet à volonté. Contrairement au dernier étage de l'édifice du Cycle 1, le grenier de ce bâtiment ne comportait aucune petite pièce individuelle, mais une grande salle polyvalente couvrant toute la superficie de l'étage. Les invités triés sur le volet entre quinze et vingt ans papotaient en petits groupes dispersés dans la pièce, un verre ou une assiette à la main. Au fond, un grand écran ( que je soupçonnai être un tabelot XXL ) occupait la moitié du mur. Pour l'instant, il demeurait éteint, mais je pouvais aisément supposer qu'il allait servir durant la soirée. Quelques professeurs chaperonnaient la quarantaine d'élèves présents, profitant tout autant que les adolescents du dîner.

Nous arrivâmes quelques minutes après le coucher du soleil, flanqués par un autre enseignant qui nous avait accompagnés dans la forêt. Dès que nous posâmes le pied dans la salle, les invités se retournèrent et commencèrent à applaudir, comme si arriver en retard à une soirée en son honneur était un acte particulièrement glorieux.

- Tu vois, murmurai-je à Inès, on est tellement célèbres qu'ils ont oubliés qu'on était en retard.

Mon amie leva les yeux au ciel en souriant.

Je fus surprise de constater que la plupart des gens ici étaient encore mieux sapés que nous. Certains portaient des tenues leur frôlant à peine le genou, et d'autres des costumes qui auraient fait fureur au Moyen-Âge. Difficile à dire si c'était la mode ou s'ils avaient voulu organiser un bal masqué. Dans tous les cas, je n'étais pas convaincue du résultat.

Quand les applaudissements cessèrent, je ne me fis pas prier pour me frayer un chemin jusqu'au buffet, où je fus ravie d'apercevoir quelques plats terriens parmi les spécialités nationales. Nils et Ethan, juste derrière moi, poussèrent un sifflement admiratif face aux beignets et donuts qui occupaient à eux seuls deux saladiers. Nils en piocha un de chaque et les fourra en même temps dans sa bouche.

- Alors ? Comestibles ? demandai-je.

Nils réfléchit quelques instants, la mâchoire crispée, puis acquiesça et leva le pouce. Ethan et moi ne fîmes pas de quartiers.

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant