3. Je passe un entretien avec une secte qui vénère les porte-clés

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- Il faut qu'on parle, déclarai-je en me présentant devant Romy et ses amis dès que je fus entrée dans l'enceinte scolaire. 

- Tu veux les réponses des devoirs de français ? fit Nils. 

Je ne prêtai aucune attention à son commentaire. Toute mon attention était focalisée sur la réaction que Romy allait me fournir une fois que je me serai jetée à l'eau. 

- Ça fait presque deux semaines que je suis ici. Deux semaines dans lesquelles je n'ai presque pas dormi ni eu droit au moindre instant de repos, en fait. Étonnement, ça fait aussi deux semaines que je suis ici et que j'ai trouvé une clé douteuse que je n'avais jamais vue dans ma chambre. Plus étonnant encore, tu as la même, alors que personne ne semble avoir entendu parler de ce genre de clés. Donc, je me demande si vous pouviez m'éclairer un peu sur la situation. 

Je fis de mon mieux pour ne pas me décourager face à leur mutisme et leurs expressions abasourdies. Bien que nous nous étions rapprochés durant ces dernières semaines, je ne prétendais pas les connaître suffisamment pour pouvoir pronostiquer avec certitude leur riposte. 

- Donc tu vas me dire que je suis la seule à entendre des voix bizarres et à voir cette...clé se transformer en porte-clés quand ça lui chante ? Ou c'est une blague que vous me faites ?

Il fallut quelques instants à mes interlocuteurs pour se remettre. À leurs mines hébétés succédèrent des regards de connivence et des mines un brin affolées. Beaucoup plus rassurant. 

- Je vous l'avais dit, souffla Romy. Elle a vu la mienne, c'est logique qu'elle en a trouvé une aussi. 

- Je n'arrive toujours pas à y croire, fit Lina. Quelles étaient les chances ? 

- Je suis encore là, hein, leur rappelai-je. 

- Écoute, Irene, c'est pas de notre faute, déclara Ethan.

J'attendis qu'il poursuive, mais son silence en disait long sur la continuation de son explication. Fynn le bouscula, agacé, et reprit à sa place :

- Ce qu'Ethan voulait dire par là, c'est que ce n'est pas une blague de notre part. La clé que tu as trouvée, c'est...une longue histoire.

- Pas tant que ça, hein, le coupa Romy. On n'en sait presque rien, comment veux-tu qu'elle soit longue ?

- Mais vas-y, explique si tu t'y connais tellement bien dans le domaine.

J'arquai un sourcil tandis que Romy hocha la tête en s'avançant, comme si elle allait réciter un poème.

- Commençons comme ça : il y a trois semaines, chacun d'entre nous a trouvé un objet similaire à ton porte-clés. On s'est vite aperçus que ces gadgets pouvaient eux aussi se métamorphoser en clés semblables à la tienne. Le hic, c'est qu'on sait pas d'où elles viennent, ce qu'elles referment et...bref, t'as capté le délire. On en sait pas plus.

- Merveilleux. Ça me rassure, vraiment, merci beaucoup.

- Si ça peut te soulager, on s'est juste rendus compte d'un truc : à part nous, personne ne peut voir les clés sous leurs vraies formes, m'informa Yannick. Juste les objets en quoi elles se métamorphosent parfois, dans ton cas un porte-clés. 

- Encore mieux.

J'avais envie de rire. Tout ce qu'ils me disaient était d'une absurdité incongrue, pourtant ils avaient l'air tellement atterrés que c'en était encore plus drôle et ridicule. Et un brin inquiétant, s'il fallait être complètement transparente. 

- C'est tout ? Pardon, je pensais que y aurait encore une histoire de remonter dans le temps et de pouvoirs magiques. Autant pour moi.

Inès pinça les lèvres.

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant