24. Enquêteurs en probation

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Quand je rejoignis mes amis, ils étaient occupés à s'entraîner sur le toit du dortoir des filles, qui faisait office de terrain d'athlétisme. Ils me dévisagèrent avec stupeur lorsque je finis ma course devant eux, pantelante et assoiffée, cherchant tant bien que mal à rattraper mon souffle. Il s'avéra que sprinter du salon de Magrien au sommet de mon dortoir n'était pas une mince affaire.

- Irene ? Tout va bien ? s'enquit Inès.

Je me redressai et, malgré ma respiration saccadée, déballai tout d'une manière probablement trop désordonnée pour être compréhensible. Quand je finis mon explication bancale, mes amis me firent les yeux ronds.

- Tu penses que la menace vient de Melganar ? résuma Lina.

- Ouais. Marghau, tu te rappelles la lettre que j'avais trouvée chez ton père ?

La Martienne me scruta puis opina de la tête.

- Tu étais convaincue qu'il y avait un lien.

- Et je le suis toujours. Si par le biais de cette lettre sont véhiculées des informations, alors elles échappent à la surveillance des Représentants.

- Ce qui serait problématique, déduit Nils.

- À peine.

Mon cœur avait repris son rythme cardiaque habituel et mes jambes s'éloignaient du stade de coton.

- Écoutez, dis-je à l'intention des triplés, je n'irai pas jusqu'à soupçonner votre père ou votre oncle, mais on devrait jeter un coup d'œil à cette lettre.

- À supposer qu'elle y soit encore, contra Fynn.

- À supposer qu'elle y soit encore, en effet, concédai-je.

Était-il possible qu'elle ait disparue ? On aurait pu la déchiqueter, la brûler ou que sais-je pour effacer les traces.

- Mais ça reviendrait à soupçonner des Martiens, objecta Migaël. Qui viendrait s'interposer entre les Porteurs et les Représentants ?

- Je suis d'accord, renchérit son frère.

- Personne n'est parfait, lâchai-je. Quelqu'un aurait très bien pu changer de camp. Et ne vous imaginez pas que Melganar tout entier à la même opinion sur la situation. Vous n'êtes pas des saints.

Je regrettai immédiatement la dernière phrase. Mais le fait qu'ils contestent toujours mes théories pour la minable raison « qu'ils étaient des Martiens » me montait légèrement à la tête. Migor se contenta de pouffer, Migaël écarquilla les yeux et Marghau me jeta un regard mauvais. Si avoir piqué leur honneur me permettrait de pouvoir jeter un coup d'œil à la lettre, qu'il en soit ainsi.

- Fynn a raison, repris-je au tac au tac. La lettre pourrait être cachée ou détruite, mais dans le cas contraire on ferait mieux de se dépêcher.

Mes amies acquiescèrent, et les triplés furent bien obligés de faire de même.

- Magrien est au courant ? demanda Marghau.

- Il le faut bien, vu que j'ai échafaudé ma théorie devant lui. Il est de notre côté, si ça t'inquiète.

Marghau ne broncha pas mais ses lèvres pincées et yeux plissés mettaient sans aucun doute sa désapprobation au clair. Mon accusation sur l'un des siens devait avoir mis à rude épreuve sa fierté.

- Si on trouve la lettre et qu'elle contient un message en lien avec ce danger inconnu imminent, on pourra l'anticiper et faire en sorte de prévenir la population, fit valoir Romy. Dans le cas contraire, on aura fait ce qu'on a pu et les Représentants se chargent de surveiller toute sorte de source de danger extérieure.

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant