La Clé de Mars

4. Drôle de chasse au trésor

Je faisais les cents pas dans ma chambre en attendant mes amis. Un message de Romane m'avait informée qu'ils s'étaient arrangés pour arriver dans l'après-midi. Contrariée, je restai assise dans ma chambre de longues heures, me tournant les pouces sans l'ombre d'une motivation. Quand la sonnette retentit enfin, je dévalai les escaliers en trombe pour ouvrir la porte. Romy, Inès, Lina, Fynn, Ethan, Yannick et Nils se comprimaient sur l'exigu perron, la mine grave.

- Qu'est ce qu'il se passe ? demanda Fynn.

- Venez.

Je les trainai vers les escaliers, même s'ils portaient encore leurs chaussures. Mon père me massacrera plus tard. Arrivés sur le palier du premier étage, la voix de Luca perçait le mur avec une netteté hallucinante. À en juger du ton de sa voix, il parlait à sa copine, Alicia. Je dus réfréner l'envie d'imiter un vomissement spontané.

- Luca ! criai-je.

J'entendis mon frère murmurer quelque chose, puis sa tête surgit dans l'entrebâillement de sa porte.

- Quoi ?

- Papa et maman sont sortis ?

- Ouais, depuis un quart d'heure.

Seulement là il parut remarquer mes amis. Il les scruta rapidement tour à tour, avant de s'attarder sur le visage d'Inès.

- Tu connais Historia Reiss ?

- Hein ? rétorqua-t-elle, étourdie.

Nils laissa échapper un rire, peut-être avait-il compris la référence, lui.

- Tu lui ressembles. Enfin, laisse tomber. Bref, salut.

Sur ce, il disparut dans sa chambre. Sa voix séraphique s'éleva quelques secondes plus tard, le signal pour moi de détaler.

- Ma chambre est par là.

Je les emmenai dans ma chambre au bout du couloir, refermant la porte quand tout le monde l'eut passée. Bien que les cartons étaient encore nombreux, ils réussirent prirent place sans commenter. 

- Déjà, il s'est passé un truc trop bizarre hier, commençai-je.

- Quand tu t'es évanouie ? interrogea Yannick.

Je hochai la tête et poursuivit :

- Je sais que ça va paraître complètement fou, mais j'avais l'impression d'être un fantôme. Enfin, je flottais dans les airs et j'étais transparente, et quand j'ai parlé, personne ne m'a entendue. C'est comme si...

- Comme si ton âme s'était évadée de ton corps, me coupa Inès.

Il me fallut un seconde de réflexion pour interpréter sa réponse.

- C'est ça, murmurai-je. Comment tu sais ?

- Je ne sais pas. Je l'ai...senti.

Inès regardait dans le vide, néanmoins elle demeura sérieuse. Et après la journée que j'avais vécue, je ne doutais pas de ce qu'elle disait. Les autres, par contre, semblaient plus sceptiques.

- Un fantôme ? Sérieusement ? fit Yannick.

- C'est pas un peu tiré par les cheveux ? demanda Lina.

Je poussai un soupir.

- Je sais que c'est bizarre, mais après tout ce qu'on traverse en ce moment, vous pouvez pas me dire que vous ne me croyez pas.

Ils se rembrunirent et se regardèrent, gênés. Ils ne devaient sûrement pas savoir quoi penser, ce qui était compréhensible. Malgré tout, j'étais désormais certaine de ce que j'avançais.