32- Le regard de la haine.

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                  > > Bryan, -- en média -- < <

Des nuages pleins et gris ont envahi le ciel depuis tout à l'heure, l'atmosphère est brumatre, le temps glacial. Pas très étonnant en ce mois de novembre, où l'automne règne en maître, mais la journée avait plutôt bien commencé. J'allume une énième clope pour me procurer un peu de chaleur. J'aspire une bouffée, encore une, puis une troisième avant de sentir la sensation chaleureuse envahir mes poumons. Je soupire d'aise. Une porte claque. Puis une seconde plus violente. Sûrement les McMillan de retour ; mais pourtant j'ai un mauvais pressentiment, comme si quelque chose cloche, peut être un rapport avec le temps qui a brutalement changé ?!. "Tu te fais des cheveux blancs pour rien le mecs"; me reproche une voix dans mon esprit. Je décide de reporter mon attention, malgré moi sur le jardin étendu devant mes yeux, et ma cigarette à peine entamé. Je suis un accro à la nicotine je le reconnais, mais cette petite chose brûlante m'a aidé à surmonter bien des situations et a été pour moi un soutien incommensurable quand je n'avais personne sur qui compter... "Et la sexy pétasse, Mélissa ?!"... Où presque. Dans un monde où tu n'as pu rien à perdre où à gagner, à quoi bon se soucier de sa santé ? Si je ne termine pas mes jours à moisir en tôle (parce que tôt où tard la police va me ceuillir), la rue aura sûrement raison de moi un jour où l'autre.

Je n'ai pas eu moi, une vie de conte de fée comme Évelyne. Elle au moins a une famille qui l'aime et sur qui elle peut compter. Elle a des amis bienveillant, qui s'inquiètent si elle va mal. Moi, je n'ai personne... Où alors les quelques qui me restent m'ont tout simplement renié. Allez savoir pourquoi, la vie est pleine de surprises dit on souvent. J'ai passé les dix dernières années de ma vie en prison. Aujourd'hui je suis sans cesse en cavale pour n'avoir pas entièrement purgé la peine qui m'était impartie. Je me cache, les policiers me traquent, et je sais que tôt où tard j'y retournerai. D'ailleurs si je n'ai pas une famille qui m'attend dehors, ni un boulot à reprendre ou des chances de me reconstruire une vie quelconque, pourquoi me suis je évadé ? me demanderont certains. Bah tout simplement parce que c'est super excitant de voir ces têtes de  petits morveux en uniformes bleus perdre le  contrôle et ne plus être en posture de commande mais plutôt de supplications parfois sur des tons plaintifs à en mourir de rire.

- « Rendez vous immédiatement si vous ne voulez pas qu'on emploie la manière forte ! »; « Nous essayons simplement de faire notre travail, et d'éviter tout malentendu si vous coopérez ! »; « plus vite vous vous rendez, mieux nous évitons le pire ! »; « Veuillez laissez de côté toute arme et nous nous montrerons tout aussi dociles ! ».

Tous ces intonations pourraient donner l'impression d'être des ordres, mais il suffirait d'être un p'tit peu attentif pour discerner une faiblesse dans le ton de son émetteur. À la base, les p'tit morveux en uniformes bleus essaient de jouer sur notre psycho, mais nous réussissons très souvent à retourner la roue en notre faveur. Toujours est-il que le jeu prend fin à un moment, et on finit par se rendre de gré ou de force ou pour les plus courageux par ôter soi-même sa vie. "Il n'y a d'espoir que pour les gens bien", dis je pour moi même. Fixant intensément le joint que j'avais moi même roulé, coincé entre mon pouce et mon indexe, un sourire narquois sur les lèvres ; "Quant à nous deux ma belle, on ira grillé en enfer d'ici peu". Et sur ce, je tirais une bonne bouffée de chaleur qui bientôt brûlait mes poumons d'extase.

__ Bryan !!

J'aurais parié que c'est la faucheuse qui était déjà venue me chercher, rien qu'au timbre de sa voix emplie de colère et de rage . Pourquoi la mort aurait-elle besoin d'être fâchée si elle venait déjà me prendre ? Je pense plutôt qu'elle serait très joyeuse.

- Surtout cesse de faire la sourde oreille avec moi!

Cette fois ci j'ai capté ( oui parce que j'étais encore en pleine extase quand elle m'a perturbé ). Cette voix que je saurais reconnaître ( malgré moi ) assez facilement parmi tant d'autres.

OPPOSéSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant