31- La goutte de trop

107 23 6
                                    

Le corps lourd, je m'extirpe du lit malgré la peine qui règne dans mon coeur. "Ce weekend a trop bien commencé pour que tout se gâte maintenant. Je ferai en sorte tout se passe bien" pensais je. Et plus j'éviterai Bryan, mieux je me porterai. Nous sommes samedi. Le ciel est dégagé et le soleil est à son paroxysme. La journée serait bien pour un petit pique-nique. Après avoir fait ma toilette matinale, je rejoins les autres déjà tous assemblés dans le séjour.

- Bonjour m'man, bonjour p'pa, dis je en embrassant chacun d'eux.

- On croirait entendre notre petite ado de 15 ans, lance mon père tandis que j'entoure son buste de mes bras.

- C'est vrai que j'ai encore 15 ans dans ma tête, je réponds en déposant ma tête sur son torse.

- Fais comme ci j'étais un fantôme, se plaint Ady.

- Bonjour Ady, ma sœur chérie l'unique de mon cœur.

- Ah parce que tu t'es souvenu de mon existence maintenant !

- Arrête, je n'avais pas fini de saluer. Et t'es pas un fantôme.

Ce cauchemar de la nuit ; j'en ai encore des frissons qui parcourent tout mon être. Et même si elle ne le sait pas, je n'ai pas trop aimé le fait qu'elle fasse allusion qu'elle était un fantôme à mes yeux.

- Bon, fait maman en se levant de son siège. On va mettre la table pour le p'tit dej.

- Que diriez vous de faire un pique-nique cet après midi ? J'interviens gaiement. On pourrait aller au Lake of the Isles Park. C'est un espace vert aux alentours de.......... C'est superbe là bas !

- Oui, c'est pas mauvais comme idée, émis maman. Ça nous permettra de passer un dernier bon moment en famille.

- Il gèle dehors m'man.

- Ne fais pas ta rabat-joie et fais plaisir à ta sœur.

- Qui à l'idée de faire un pique-nique en plein automne, râle ma sœur.

- L'innovation ma chère, dis je en m'approchant d'elle et prennant la boîte de gâteau qu'elle tenait entre les mains. C'est en cela que ce sont démarqués les grands savants de notre ère, j'ajoute en m'envoyant une viennoiserie dans le bouche. Houmm ché très bon.

- Ouais c'est ça, râle-t-elle une fois de plus en m'arrachant la boîte de gâteau pour la mettre sur la table. Papa raisonne la s'il te plaît.

Sa Bible sous le nez, il assiste depuis à la scène sans biper mot. Il connaît bien nos petites scènes de rien du tout. Ayant toujours été le seul mâle de la cour, il avait cet air reclus là, frisant l'indifférence face à nos petites chamailleries où nos débats très animés. Mais peu importe, l'une d'entre nous finirait par l'appeler au secours. Si ce n'était maman avec ses "Georges viens raisonner tes filles, elles veulent me donner la crise cardiaque", c'était soit Ady "papa dis lui s'il te plaît d'arrêter de faire la capricieuse" soit moi "p'pa dis à Ady d'arrêter de faire la brute avec moi, je suis sa sœur pas un de ses robustes collègues militaires" .

- Hum (tousse) j'ai la toux ces derniers temps c'est vrai, réponds finalement papa à me fixant.

- Voilà qui est réglé, pas de pique-nique ! Jubile ma sœur.

- Hummm je n'ai pas terminé jeune femme. Votre mère m'a confectionné de belles écharpes de laine dernièrement pour me maintenir bien au chaud avec les baisses de température...

- Eh bah voilà ! Nous pouvons très bien sortir en profiter. Je m'occupe de tout préparer ne vous inquiétez pas.

Triomphalement, je quitte le salon et me rue à la cuisine pour voir ce que je peux apprêter comme casse-croûte. Une personne qui jusque là n'avait pas fait signe de sa présence, débarque du petit jardin par la porte de la cuisine. Je chantonne, faisant mine de ne pas l'avoir entendu en m'activant autour du four. Heureusement pour lui, il continue son chemin sans m'importuner. Voir ma famille ce matin m'a mise de si bonne humeur et m'a donné l'engouement nécessaire pour affronter cette journée et je ne voudrais surtout pas perdre ça.

OPPOSéSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant