Chapitre 35 : Ash

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« L'idéal de la vie n'est pas l'espoir de devenir parfait, c'est la volonté d'être toujours meilleur »

Ralph Waldo Emerson


Février

Il est trois heures du mat', mais je n'arrive pas à dormir. Mes médocs fonctionnent de moins en moins. J'hésite à doubler les doses, mais je ne pense pas que ce soit recommandé. Je sais juste que j'arrive à ma limite. Je suis crevé, mais j'ai trop peur pour dormir. Peur de revoir le visage de Mell tordu de douleur sous les coups de boutoir de Tendo son ex. Et moi qui ne fais rien...

Avant, les médicaments me permettaient au moins de me reposer, de dormir tout simplement. Pas de cauchemar ni de respiration hachée au réveil et encore moins de tremblements et de sanglots qui n'en finissent plus. Mais tout ça, c'est terminé. Les somnifères n'auront pas fonctionné bien longtemps malheureusement.

La plupart du temps lorsque je ne peux pas dormir, je m'occupe. Ça fait longtemps que j'ai compris que rester dans mon lit et attendre que le sommeil m'emporte n'est pas une bonne idée. Alors je me lève, marche et vérifie des trucs avant de me recoucher, sur les nerfs. Puis une dizaine de minutes plus tard, je me lève de nouveau et je recommence. Généralement, je dors trois heures à tout casser.

Cette nuit ne fait pas exception. C'est la troisième fois que je vérifie mon sac, sans compter les quatre autres vérifications que j'ai faites dans la soirée avant d'aller dormir. Je pars chez ma mère demain - ou plutôt chez moi - en début d'après-midi. Je pourrai le faire demain - enfin tout à l'heure - et pourtant, je choisis de faire ça là, en plein milieu de la nuit. Malheureusement, j'ai besoin de vérifier et peu importe que je sois fatigué et que le soleil ne soit toujours pas levé. De toute façon, je n'arrive pas à dormir.

Soudain, mon portable sonne, m'interrompant dans mes réflexions. J'ignore l'appel et continue mon affaire. Sous-vêtements. Pantalons, tee-shirts, pulls, vestes et jogging. Mon téléphone cesse de sonner et je soupire de soulagement. Affaires de toilette, chargeur de portable...

Quand j'ai fini, je recommence. Deux fois. Peut-être davantage, je ne sais plus. Quand j'ai terminé, je retourne m'allonger sur mon lit et prends mon portable, curieux de voir qui peut bien avoir essayé de m'appeler à cette heure-là.

Seven ?

Je fronce les sourcils, un peu nerveux. Il me faut quelques secondes à peine pour me monter la tête avec tout un tas d'idées morbides. Comme un automate, j'appuie sur le bouton pour le rappeler. Il déroche rapidement et je ne sais pas si ça m'inquiète ou non.

- Désolé... Je t'ai réveillé...

Sa voix est basse et bizarrement grave. Je l'entends greloter et il me semble même distinguer le bruit du vent qui souffle fort dehors.

- Tu es où ? Je demande alors.

- Devant chez toi.

- Q-quoi ? Mais qu'est-ce que tu...

Je m'arrête et éloigne mon portable de moi. Ne pas paniquer, ça ne sert à rien. Et puis, il n'a certainement pas besoin de ça.

- J'arrive.

Je raccroche et sans prendre le temps d'enfiler une veste ou de mettre des chaussures, je me rue dehors. Je le vois. Il est accroupi par terre, la tête dans les bras et tremble comme une feuille.

J'arrive rapidement à ses côtés et le prends dans mes bras pour l'empêcher d'avoir plus froid encore. Il relève la tête et nos regards se croisent. Je peux lire dans ses yeux une telle détresse que je sens mon cœur se briser rien qu'à cette vision. Je remarque très rapidement les marques qui ornent son cou. Je serre les dents, prêt à le questionner, mais une fois de plus, je n'en fais rien. Je l'oblige à se lever et silencieusement, je l'emmène dans ma chambre.

Porcelaine - Fissure de verreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant