Chapitre 36 : Seven

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« Il n'y a là ni gaieté, ni philosophie. Il n'y a que de la tristesse mystérieuse, et de la douleur sans raison. »

Jules Renard


Février

— Allez ! Bougez-vous un peu ! râle notre coach depuis le banc de touche.

Les yeux rivés sur le panier adverse, je ne quitte pas mon objectif de vue. On a 10 points de retard et il nous reste encore 6 minutes avant la fin du deuxième quart de temps. Il faut qu'on leur passe devant maintenant, après ce sera plus compliqué.

Depuis le début, on ne fait que courir. L'équipe adverse n'arrête pas de faire des cakes, nous obligeant à revenir à toute vitesse sous la raquette. Ce rythme soutenu met à mal l'endurance de notre équipe qui a de plus en plus de mal à suivre.

Notre adversaire possède une équipe soudée. Leurs claquettes et leurs alley-oop* sont redoutables. À chaque fois, on ne peut rien faire et on reste spectateur pendant qu'ils nous en mettent plein la vue. Ils sont extrêmement rapides et notre jeu mal organisé nous empêche de les voir venir et encore plus de les arrêter.

Notre esprit d'équipe nous fait terriblement défaut. En effet, Jason n'arrête pas de jouer perso, voulant à tout briller pendant ce tournoi.

Je passe alors un joueur en faisant un cross-over* et me dépêche d'envoyer la balle à Basil qui marque sans difficulté un panier à 3 points. On se tape dans la main, fiers de nous, avant de vite retourner en défense. La contre-attaque arrive.

Le gymnase est rempli et comme cette fois-ci le match se joue à domicile, nous avons logiquement plus de supporters même si ceux de Shells Town sont très nombreux et bruyants. Je jette un coup d'œil discret aux tribunes et sourit en voyant Sloan, Olivia et Lucie s'agiter en tous sens.

Sincèrement, je ne pensais pas qu'ils viendraient. Surtout Olivia. Elle me battait froid depuis plusieurs jours à cause de ce qu'il s'est passé avec Lucie, mais aujourd'hui elle est là et ça me fait très plaisir. Je soupçonne mon meilleur ami d'y être pour quelque chose d'ailleurs. En parlant de lui, je suis content de le savoir là. Il m'avait assuré il y a un moment déjà qu'il viendrait m'encourager et c'est ce qu'il a fait. J'ai l'impression que petit à petit, les choses redeviennent comme avant avec lui.

Lucie... Eh bien, que dire d'autre à part que cette fille est juste merveilleuse ? Nous n'avons pas encore vraiment eu le temps de discuter depuis que je me suis expliqué avec elle la dernière fois, mais quand on se croise dans le couloir du lycée, on se sourit, complices. De là à dire que nous sommes redevenus les meilleurs amis du monde... Mais elle est là et je dois dire que c'est un bon début. Moi aussi je dois faire des efforts pour me faire pardonner et lui montrer que je suis là pour elle.

Soudain, le sifflet retentit, annonçant la fin du deuxième quart temps et le début de la mi-temps. Comme je le redoutais, nous n'avons pas réussi à rattraper notre retard. À peine arrivés au banc, le coach se met à nous gueuler dessus.

Etten et Ernest baissent la tête, énervés et déçus alors que Basil fixe froidement notre entraineur. Jason, un sourire insolent aux lèvres, se contente de toiser avec mépris nos adversaires. À sa place, je ferais moins le malin. C'est nous qui sommes menés de 12 points, pas eux.

— Bande d'incapables ! éructe le coach, fou de rage. Je ne vous ai jamais vu jouer aussi mal ! Mais bon sang qu'est-ce qui vous prend ?! Vous voulez perdre ?! Si oui, continuez comme ça parce que c'est ce qu'il risque d'arriver !

Porcelaine - Fissure de verreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant