Chapitre 37 : Zan

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« Chaque fois que vous faites quelque chose, bien que vous puissiez le savoir, demandez-vous comment vous agiriez si tout le monde vous regardait et agissiez en conséquence. »

Thomas Jefferson


Mars

Ce matin, le grand boss m'a convoqué dans son bureau, je devine plus ou moins de quoi il veut me parler. On n'a pas vraiment eu le temps de parler depuis ce qui est arrivé à son fils. Cette histoire est vraiment dingue, je n'ai sans doute jamais autant flippé de toute ma vie. Avoir l'impression d'avoir la vie de quelqu'un entre ses mains, que chaque mot compte, c'est la responsabilité de lui faire faire le bon choix. J'avais tellement la pression et j'étais si stressé que j'ai dû choper un ou deux vrais cheveux blancs. Heureusement avec ma coloration, ça ne se voit pas.

Le boss m'a remercié une fois que Ash était hors de danger, et c'est vrai que la dernière fois que je l'ai vu à l'Arnaque, ça avait l'air d'aller. Mais ça fait un moment et on n'a pas franchement beaucoup parlé. Je me suis concentré sur mon boulot, sur ma vie, la coloc et je prenais des nouvelles auprès de Madenn. Sauf que comme il ne sait pas ce qu'il s'est passé, il n'a pas conscience de la catastrophe qu'on a réussi à éviter. Il a bien remarqué, ou plutôt senti qu'il y'avait quelque chose avec Ash, que Roger était préoccupé, mais il ne sait pas ce qui a provoqué tout ça. Sans être méchant, Madenn est un ado un peu simplet, ou plutôt ce n'est pas la personne la plus futée et intelligente que j'ai rencontrée, néanmoins c'est quelqu'un à beaucoup d'empathie. Il perçoit les changements d'humeur, ce que dégagent les gens.

Généralement c'est ça qui l'aide à savoir quand quelqu'un est fâché contre lui, même quand il dit le contraire, ou alors qu'une fille de son collège l'apprécie, même si elle essaie de le cacher. Bon après la plupart du temps, il lui manque la réflexion au bout pour arriver à la solution.

Il est comme ça, on ne va pas le refaire. Je n'étais pas non plus une lumière plus jeune. Je me suis accroché pour pouvoir réussir mes études. Je voulais changer de vie, avoir une chance d'avoir mieux, je n'avais pas le choix.

Lorsque j'arrive devant le bureau de Roger, je frappe trois coups avant de rentrer. Le boss m'attendait, il se tient devant son bureau, à moitié en appui sur le bois massif. Il me sourit et m'invite à la rejoindre.

Je viens rarement ici, généralement pour ce genre de visite, je passe chez lui. Enfin je suppose que ce qu'il a à me dire, il n'a pas envie que sa famille puisse l'entendre. Et puisque ce n'a rien avoir avec les dossiers en cours ou quoi que ce soit de professionnel, il n'allait pas passer au cabinet. Les rares fois où je vais au siège social du groupe, c'est quand j'accompagne un de mes supérieurs pour les grandes réunions de la direction. Généralement ça en me plais pas trop, mais pour ma carrière, il vaut mieux que je m'y plie. Je n'aime pas toujours toutes les facettes de mon métier, c'est comme ça.

Certaines sont valorisantes, nécessaires, ou encore grisantes...

— Je te serre un verre ?

J'observe la bouteille de scotch et les deux verres sur son bureau.

— Un petit, je conduis.

Il acquiesce et ouvre la bouteille déjà entamée.

Le boss porte un élégant costume 3 pièces noires avec des lignes rouges sur sa manche gauche. J'adore son style, ça fait un peu chef de la pègre ! Je sais que dit comme ça, ça n'a pas vraiment l'air d'un compliment, mais c'est tellement la vérité.

Même si j'adore ce style, je ne suis pas sûr que ça m'irait, j'ai tendance à croire que les costumes peuvent soit nous embellir, soit nous vieillir. Je n'ai pas envie d'avoir l'air de faire plus de 30 ans alors que j'en suis encore loin, plus ou moins. Mon style, c'est mon identité, j'aime mon style underground. Au boulot je m'habille sobre et mise sur les blazers et les vestes de costume, ça fait généralement illusion.

Porcelaine - Fissure de verreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant