Porcelaine - Fissure de verre

Chapitre 24 : Ash

« L'amour qui rend les gens malheureux n'est pas le véritable amour. Si votre amour est vrai, il contribue à votre bonheur et à celui des gens que vous aimez. »

Denis St-Pierre

Janvier

Je n'ai jamais vraiment été un grand amateur de cigarette. Je me suis d'ailleurs toujours dit que je pouvais arrêter quand je voulais. Mais maintenant, je n'en suis plus si sûr. À vrai dire, j'ai même l'impression que c'est la seule chose qui me fait tenir. Ça m'apaise. Ça me fait du bien, alors pourquoi arrêter ?

Je ne me sens pas très bien et si j'étais honnête avec moi-même ou alors si j'en parlais à cette foutue psy, elle me dirait que je suis en train de vivre une déception amoureuse ou quelque chose comme ça. Mais comme je ne veux pas souffrir davantage, je me voile la face et surtout, je ne parle pas de ça avec Hupffon. De toute façon, je la vois mercredi donc tout peut encore arriver...

J'ai eu Lil au téléphone hier, on a un peu parlé. Il est content de lui, il a pu se rajouter quelques séances de musculation et d'entrainement dans la semaine. Il m'a parlé pendant quelques microsecondes du mec qu'il fréquente et dont je ne connais toujours pas le nom. Je ne pense pas avoir un jour envie de le connaître sauf si ça devient sérieux entre eux. Mais Lil m'a fait comprendre que ce n'était pas le cas alors...

Il m'a ensuite demandé où j'en étais avec mon béguin. Je lui ai répondu que comme Seven avait embrassé sa copine sous mes yeux, on pouvait dire que je n'en étais nulle part.

L'appel de Siam quelques minutes plus tard était plus léger et m'a un peu détendu. Toujours dans l'enfer des études, il s'accroche. Malheureusement, sa relation avec la belle Jenéa en pâtit. Il m'a confié vouloir rompre. Je ne sais pas si ça se fera.

Pour moi, c'est un couple historique. Je les ai presque toujours connus ensemble. Mais parfois, la vie nous force à faire des choix difficiles...

— Hé, c'est là que tu te cachais !

Je dissimule discrètement ma cigarette, mais je pense que c'est trop tard. Viviane m'a vue. Je peste intérieurement contre elle. Je me demande si elle va me dénoncer. Peut-être qu'à cause d'elle je serais obligé de renoncer pour de bon à ma pause clope au lycée. Ça me les briserait, j'espère que ce n'est pas son genre de parler. Seven ne l'avait pas ouverte en tout cas.

— Qu'est-ce que tu veux ? Je lui demande en éteignant ma cigarette.

Elle était presque terminée de toute façon.

— Oh, rien...

Elle marche lentement jusqu'à moi en serrant sa petite veste contre elle. Quelle idée de s'habiller aussi légèrement quand il fait aussi froid...

— Pourquoi tu me cherchais alors ?

Je fronce les sourcils, contrarié de devoir lui parler. Je ne suis pas d'humeur à faire semblant d'être sympa. Et même si je n'apprécie pas plus que ça Viviane, je n'ai pas envie de me montrer injustement dur avec elle.

— Vraiment ? Je croyais pourtant avoir été clair la dernière fois en cours.

Elle sourit, aguicheuse.

— Oui, mais je me souviens aussi t'avoir repoussé, je réplique.

— C'est parce que je t'ai pris par surprise.

Elle rigole avant de jouer avec une de ses mèches de cheveux.

— C'est vrai qu'on me fait souvent la remarque, je devrais sans doute y aller un peu plus doucement, mais d'habitude, les garçons aiment ça. Tu es bien le premier à t'en plaindre...