Chapitre 3 : Ash

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Confucius a dit « On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu'on en a qu'une. » J'aimerais déjà en avoir une...

Novembre

Je regarde ma mère qui est en train de s'agiter avec mes valises. Je me fais la réflexion un peu idiote que je n'avais pas conscience de posséder autant d'affaires. Je fixe la voiture qui va dans très peu de temps m'emmener très loin d'ici. Loin de ma mère, loin de mes amis, de ma maison et de mes habitudes. Mais toujours plus près de mon père, la seule personne que je me serai bien passé de voir. Je sens soudain un poids venir m'enserrer le cœur et je détourne les yeux de peur de craquer.

Pas maintenant et certainement pas ici. Je tire une taffe de ma cigarette et quand je vois le chauffeur descendre, je me détourne.

Ma mère m'envoie chez mon père.

Je n'arrive pas à croire qu'elle ait eu le culot de faire ça. Elle sait que je le déteste, mais elle s'en fout. Elle n'a pas réussi à régler le problème alors qu'elle s'en décharge. Elle fuit. Je lui en veux, mais au fond, je sais que je n'ai pas le droit de me plaindre. J'ai causé toute cette merde alors la seule chose que je puisse faire, c'est me taire et attendre que ça s'arrange.

Comme d'habitude.

Le chauffeur charge mes valises dans le coffre tout en parlant à ma mère. Je ne l'aime pas. Il travaille pour mon géniteur et est chargé de m'emmener chez lui. Ma mère ne voulait pas me laisser y aller en train. Elle avait sûrement trop peur que je n'y aille pas vraiment, que je rebrousse chemin ou pire, que je m'enfuie loin... Tellement loin. Mon géniteur a alors proposé d'envoyer quelqu'un me chercher.

Je soupire. J'en ai vraiment marre.

Je regrette d'avoir frappé ce type au lycée. Il y a qu'à voir les conséquences de tout ça... Quelle merde ! Des fois, j'aimerais être normal, j'aimerais réussir à me contrôler.

— Ash !

Je me retourne pour voir Lilwenn et Siam arriver. Je suis content de les voir, mais... J'aurais préféré qu'ils ne viennent pas. Je n'aime pas les au revoir. Ça me rend trop fragile.

Trop faible.

Je n'ai pas envie de partir.

— Tu aurais pu nous dire que tu partais ! Si ta mère ne nous avait pas prévenus, on ne l'aurait jamais su. Tu es chiant des fois, conclu Siam.

Mon ami fait sa tête des mauvais jours, mais je sais qu'il n'est pas vraiment énervé. Il est juste un peu triste que je parte. De toute façon ce mec n'a jamais su exprimer ses sentiments.

— Siam.. ça me touche...

— Tu ne pars pas définitivement, n'est-ce pas ? me coupe Lil.

Je me retourne et jette un rapide coup d'œil à ma mère avant de fixer mes potes. Je soupire et me contente de hausser les épaules.

Je n'en sais rien et ne pas savoir me fout encore plus la trouille. Je vais peut-être rester là-bas juste un mois, peut-être plus. Je vais peut-être tout aussi bien y terminer le lycée. Ça m'angoisse.

Je commence à me mordre la lèvre inférieure. Je n'y arriverai pas. À la maison, j'avais mes habitudes, mais là, je vais devoir me refaire mon programme et apprendre à m'adapter...

Je suis stressé et frustré. J'ai envie de frapper quelque chose pour faire partir toute cette frustration.

Je me calme soudainement en sentant des bras m'encercler. Siam. Ça ne dure que cinq secondes à peine et puis c'est Lil qui me prend brièvement dans ses bras. Son shampoing sent bon et l'odeur familière m'apaise. Je le serre fort contre moi et plonge mon nez dans son cou. Je sens les mains de Lil se crisper dans mon dos.

Porcelaine - Fissure de verreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant