Porcelaine - Fissure de verre

Chapitre 5 : Ash

"La nostalgie revient lorsque le présent n'est pas à la hauteur du passé..."

Inconnu

Novembre

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Je fixe le mec à ma droite avant de vivement détourner les yeux. La respiration courte, j'essaie d'occulter le fait que l'odeur de transpiration de cet homme est à deux doigts de me tuer par asphyxie. Je ne peux pas vraiment me plaindre. C'est moi qui ai voulu prendre les transports en commun alors que je sais combien ça peut être désagréable pour une personne comme moi. J'avais la possibilité de me faire conduire par le chauffeur de mon père, mais plutôt mourir que de lui devoir quelque chose. Je grince des dents en me disant que ce que je dis est complètement stupide étant donné que je vis chez lui en ce moment. Je lui dois déjà de « m'accepter » dans sa modeste demeure grâce à ma mère. Et plus le temps passera, plus je lui devrais de choses.

Ça me met en colère. Moi qui le fuyais comme la peste, il y a encore quelques semaines de ça, refusant sa saleté de fric ! Lui parler me semblait impensable et là... C'est du grand n'importe quoi !

J'observe Madenn à un mètre de moi, il a le sourire facile et observe le paysage défiler calmement.

J'ai dû demander pour sortir. Demander !

Je suis obligé de me plier aux règles de mon géniteur et ça me rend malade. Cet homme ne sait rien de moi, n'est rien pour moi et se permet de me dicter ma vie. Je soupire, doutant de ma capacité à accepter ça encore longtemps.

Mon père... Je grimace. Je ne sais pas si un jour, je m'habituerais à cette idée. J'ai du mal à le penser alors le dire, c'est encore pire. Bref, mon père m'a filé de l'argent pour que j'aille m'acheter un ordinateur. Au très prestigieux lycée Célestine de Moré, la seule chose essentielle à avoir est un ordinateur portable. Chose que je n'ai pas, bien entendu.

Il m'a filé une de ses cartes bleues avec son code, me permettant ainsi de choisir le modèle que je veux. J'ai accepté de mauvaise grâce et l'ai rangé rageusement au fond de la poche de mon jean. Je fais tout ça pour ma mère. Si elle voit que j'ai changé, que j'ai compris et que je me comporte à peu près bien, elle me permettra peut-être de retourner à la maison...

Je me renfrogne en pensant au fait que même si je me tiens correctement, ça ne risque pas d'arriver. Ma mère était vraiment énervée contre moi cette fois. Un soupire m'échappe et alors que le bus marque un énième arrêt, je touche mon paquet de clopes presque vides. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne m'en suis pas grillé une. La seule fois où j'ai pu fumer cette semaine, c'était au lycée et Gueule d'Ange n'avait pas arrêté de me mater.

Seven est le type de mec que j'évite de fréquenter dans la vie. Trop ennuyeux, trop dans sa vie parfaite, trop à juger les gens et à se complaire dans sa richesse. Et puis, quel faux-cul ! J'ai bien vu qu'il ne m'appréciait pas trop, mais il a fermé sa gueule et m'a supporté toute la semaine. Tout ça parce que le prof de philo le lui avait demandé.

Je sors de mes pensées quand je sens Madenn me cogner l'épaule et je lève les yeux au ciel. Il ne peut pas rester tranquille ?

— On ne descend pas là ?

J'acquiesce et me lève, on descend en plein centre-ville et Madenn, heureux de mieux connaitre les environs que moi, me guide jusqu'à une grande surface. Il est super excité. Ça doit venir du fait que j'ai accepté qu'il m'accompagne.

Je ne m'y connais pas vraiment en technologie ni quoi que ce soit dans ce genre-là alors je demande à un vendeur de me conseiller. Il fait très bien son travail et ne me préconise pas forcément le plus cher. Mon choix fait, je vais payer.