Je rentre à l'intérieur du minuscule appartement. Je suis épuisée, je tiens à peine debout.
Je retire mes chaussures et me dirige vers le lit où Bilel dort, mon petit frère âgé d'à peine onze ans.
Par la suite, je regarde la boîte de pilules pour vérifier s'il a bien pris sa pilule du soir; il n'en reste plus que trois. J'aurais le temps d'en voler en trois jours, ça ira.
Je souffle avant de me diriger dans la minuscule salle de bain, c'est le seul endroit convenable et à notre budget que j'ai trouvé. Ça fait déjà quelques années que j'enchaîne deux boulots pour pouvoir nourrir Bilel et survivre dans le milieu de Mexico.
Je retire mon débardeur, suivi de mon mini-short. Dans une heure, je dois retourner travailler en tant que barman en boîte. La journée, je travaille dans un restaurant.
Je me lave très rapidement, l'eau coûte cher ici.
Je brosse mes longs cheveux châtains, ça fait des années que je ne les ai pas coupés, depuis ce jour fatidique.
Bilel est atteint d'un problème cardiaque, les médecins auxquels je l'ai emmené n'ont jamais pu savoir ce que c'était; mais son cœur lui fait mal, il peut faire des malaises sans raison, il est fragile.
Je fais tout ce que je peux pour essayer de l'aider, mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas de solution et ça me tue. Il faudrait qu'il voie un cardiologue, je sais qu'il y a une clinique à Cancùn pour ce genre d'enfants avec ça, sauf que je n'ai pas assez d'argent pour réussir à payer ça, il y a ces fournitures scolaires, ces médicaments qui me coûtent tout mon salaire, le loyer, le bus qu'il prend, la nourriture, les petits cadeaux que j'arrive à lui faire des fois quand il me reste quelques sous. Je me prive de tout et n'importe quoi pour le rendre heureux, et il l'est.
Si un jour, par malheur, je le perds, je veux en moins qu'il ait eu une belle vie, et après je le rejoindrai.
Je mets ma tenue habituelle pour le bar, une jupe noire accompagnée d'un top de la même couleur et des minis bottes noires. J'enfile ma veste.
Je m'approche de mon petit amour endormi, lui dépose un baiser sur la joue, le recouvre de la couverture et quitte l'appartement. Je ferme bien la porte à clé, je préfère ne pas risquer qu'il lui arrive quelque chose.
Je marche jusqu'à la boîte qui est à vingt minutes d'ici.
J'arrive au club, je passe par la porte de derrière comme d'habitude et arrive aux coulisses des strip-teaseuses avant d'arriver à l'arrière du bar. Je pose ma veste sur le porte-manteau ainsi que mon sac duquel je prends mon téléphone pour le mettre à la poche arrière de ma jupe.
Je rejoins Mathéo au bar, puis commence à servir les clients, remplir les plateaux, etc.
— Verana, tu vas servir. me dit Gabi.
Gabi est l'un des gardes de la boîte.
— Euh, je suis barman, pas serveuse.
— Ce sont des ordres qui viennent de très haut, désolé. Un whisky pour le VIP numéro un, donc ne te fais pas foirer.
C'est juste un whisky, pas la fin du monde.
Je prends un verre et le remplis de whisky avant d'y ajouter quelques glaçons. Je quitte le bar avec le plateau dans la main.
Je me dirige vers les salles des V.I.P. Je passe à travers le rideau et me fige instantanément en voyant le client en question.
Le chef de la mafia russe.
Nos pères étaient ennemis, mon tatouage juste au-dessus de ma poitrine prouvant fièrement que je suis la fille d'Espanto.
Je respire un bon coup avant de m'avancer alors qu'il discute avec un autre homme l'air lui aussi important. Je prends le verre et m'abaisse pour le poser sur la table alors que je sens déjà son regard tomber sur mon tatouage. Je me redresse alors que mes pupilles s'enfoncent dans les siennes comme une ancre dans la mer. J'ai senti mon cœur se retourner dans ma poitrine à son regard.
Je m'apprête à repartir, mais il m'arrête en m'attrapant par le poignet. Il se relève, me dépassant de toute sa carrure imposante. J'ai cru qu'il allait prendre une arme, mais non, il sort un billet de cinq cents qu'il glisse dans mon soutien-gorge en frôlant sans hésitation mon tatouage de ses doigts. Un éclair de frisson me frappe violemment alors qu'il retire sa main.
— Achète-toi quelque chose de joli, princesse.
Comment il m'a appelé là ?
« Princesse » ?
Je vais me faire assassiner.
Aussitôt je sors de la pièce, il faut que ma température redescende, et vite. C'est très perturbant de voir l'un de ces ennemis nous traiter de cette façon si délicate.
Je me dirige vers le bar, digérant ce qui vient de se passer.
La suite de la soirée se passe habituellement vers quatre heures, le club ferme ses portes. Je m'occupe de ranger le bar, les bouteilles, de mettre les glaçons, etc.
Je récupère ma veste.
Je suis tellement fatiguée, et le fait que je n'arrive même plus à avancer le prouve.
S'il vous plaît... Je dois rentrer pour voir Bilel, ne me lâchez pas maintenant...

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ALVE
Romance"Nos pères étaient ennemis, mon tatouage juste au dessus de ma poitrine prouvant fièrement que je suis la fille de Espanto. Je respire un bon coup avant de m'avancer alors qu'il discute avec un autre homme l'air lui aussi important. Je prends le ve...