Réunion - partie 1

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GYLDA

Au calme des bois rouges aux troncs d'albâtres, Gylda parfaisait sa technique, sa lame fendant l'air d'arcs aussi mortels que vifs.

— Tu t'entraînes dur, petite sœur, la taquina une voix qu'elle reconnut sans mal.

— Mon frère ! sourit-elle en rengainant son épée.

Elle pivota et fit face à un lysceur d'une tête plus haut qu'elle et de plusieurs années son aîné. Il avait hérité de longs cheveux couleur de feu de leur mère, une large tresse tombant sur sa nuque, tandis que les côtés de son crâne comptaient de courts poils rasés de trois jours.

L'homme à la ligne élancée écarta les bras, un sourire radieux aux lèvres, et Gylda s'y plongea.

— Heureuse de te revoir, Afrit.

— Moi aussi. Je vois que tu es resté la même durant mon absence. Mais je crains que malgré tous tes entraînements, tu ne doives jamais croiser le fer avec l'héritier de nos ennemis.

Surprise, mais surtout vexée de l'entendre la sous-estimer, elle repoussa son frère et le foudroya de ses prunelles dorées.

— Tu ne connais pas les dernières nouvelles pour réagir ainsi, lâcha-t-il en fronçant le nez.

— Tu rentres d'une mission de longues années et la première chose dont tu me parles c'est la supériorité du barbare avec lequel père pense m'unir ?

— C'est vrai, toutes mes excuses. Mais je m'inquiète pour toi. Je sais que tu as convaincu père de participer au convoi qui trahira les Askaziens. Il y a de fortes chances que tu combattes. Je sais que tu n'es pas idiote et t'en doutes. Mais même pris par surprise, les Askaziens sont forts. Ils sont immenses, larges et entraînés dès leur plus jeune âge. Ils comptent moins d'années que nous pour apprendre, mais les rumeurs prétendent qu'ils progressent très vite. Et je doute qu'elle les encense, même jusqu'à chez nous si cela était faux.

— Je sais, soupira Gylda.

Elle s'en voulut d'avoir réagi si vivement. Afrit se morfondait seulement en craintes pour sa petite sœur.

— Je serais prudente. Mais pourquoi me mets-tu soudainement en garde contre le nïrsslya ?

— Tu n'es donc pas informé, conclut-il en opinant du chef, la mine soucieuse. Les Hatun sont rentrés de leur séjour en Askaz. Leur seigneur semble plutôt ouvert à la proposition d'envoyer les dragons à Falotard, même si rien n'est décidé. Mais à côté de cela, le prince Dastan a commis quelques impairs qui ont clairement prouvé la force brute des Askaziens.

— Et si tu en venais aux faits, plutôt que de tourner autour du pot ? siffla Gylda qui faisait rarement preuve de patience avec Afrit.

Si elle ne le poussait pas, elle savait qu'il prenait plaisir à se perdre en explications futiles dans la simple idée de la faire languir.

— Par deux fois, le nïrsslya a manqué de tuer le prince rüdien.

— Sérieusement ? s'exclama Gylda, ses yeux s'arrondissant à la hauteur de sa stupéfaction. Ce n'est qu'un enfant de onze hivers alors que Dastan est un adulte !

— C'est pour ça que je te prie de ne jamais croiser le fer avec lui. Tu imagines de quoi il sera capable quand il sera lui-même adulte ?

— Oui, oui, oui ! siffla la demoiselle en chassant l'air d'une main. Mais que s'est-il passé ? Les Hatun étaient leurs invités. Comme un héritier peut-il en venir aux mains avec...

— C'est le prince qui a provoqué ces accidents, la coupa Afrit.

Gylda resta bouche bée, une grimaça déformant ses douces lèvres framboise.

Prince et Dragon - Tome 3 : NyrsslïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant