RYRN
Les Hatun loin, les derniers détails pour sauver mon âme réglés, mais surtout au point mort, je décidai d'en revenir aux affaires courantes. Autrement dit, à la traque du maladroit qui avait tué un barghest. Une affaire bien inhabituelle... et j'avais promis à Garm d'éclaircir la raison de ce meurtre.
Depuis mon intronisation en temps que nïrsslya, chasseurs comme citoyens savaient qu'en cas de problèmes avec des barghests, il fallait s'en retourner vers Garm et moi. Ils étaient devenus des alliés plus que des bêtes sauvages.
— Pourtant quelqu'un n'a pas hésité à trouer le crâne d'un de mes jeunes, cracha Garm.
— Nous allons retrouver l'Askazien responsable et élucider les raisons de cette barbarie, lui assurai-je, tandis que je grimpais vers le camp des protecteurs de la ville. Avant même notre lien, les Askaziens évitaient de se frotter aux tiens. Alors avant de jeter la pierre à l'homme qui a tué un des tiens, attendons d'en savoir davantage.
— Insinues-tu qu'un des miens aurait attaqué sans raison ?
— Je dis simplement que sans connaître toute l'histoire, on ne peut accuser aucun des deux partis.
Garm grommela, mais n'insista pas. Il me savait dans le vrai malgré sa colère contre l'humain qui avait transpercé le crâne d'un des siens.
— Avez-vous pu... ramener la pauvre victime ? osai-je, non sans gêne.
— Non, siffla le barghest. Ou bien je ne t'en aurais probablement pas touché un mot. Mais celui qui a tué a enfermé la tête du jeune dans une boite. Nous ne pourrons pas le ramener tant qu'une part du jeune est conservé ailleurs.
Malgré les années écoulées et nos entraînements successifs, je découvris cette particularité... et je doutai que même le plus cultivé des Askaziens le sache. Mais je n'en dis mot par crainte de rendre le sujet plus épineux avant d'avoir de plus amples informations auprès des protecteurs.
Au sommet du sentier qui sinuait le long d'un pic, fièrement dressé au nord du Darakan, je levai les yeux sur une bâtisse agrippée au flan de falaise telle une pieuvre. D'imposantes poutres soutenaient le plancher, renforcées d'acier brillant, tandis que des cordages dignes du plus lourd pont de la cité s'encraient à chaque recoin du toit. Un bâtiment étrange, dont les lignes paraissaient d'autant plus extravagantes sous les coloris chatoyants d'hélices en peaux de vouivre qui tournoyaient au gré du vent.
Sur le balcon qui servait de seuil d'entrée, un homme épinglait une peau sur un cadre de tannage. Il abandonna sa tâche et me salua dès que je posai un pied sur les planches. De sa ligne svelte à sa tenue en écailles de vouivre, il avait tout d'un chevaucheur, mais il pouvait aussi bien être un protecteur. Ces hommes, spécialisés dans la traque et la chasse des créatures qui menaçaient les abords des villes, conservaient eux aussi des lignes élancées.
— Savez-vous si vous ou l'un de vos compagnons d'armes avez chassé un barghest récemment ? m'enquis-je après le salut typique askazien.
À mes mots, Garm ne put s'empêcher de se dévoiler. Sans l'ombre de crainte dans les yeux, l'homme l'observa.
— Pas à ma connaissance, avoua-t-il finalement. Mais si vous venez poser la question en personne, j'imagine que Garm a ressenti le trépas d'un des siens ?
— En effet.
Un coin de ses lèvres remontant en une moue pensive, le traqueur glissa un coup d'œil vers le bâtiment.
— Montez au troisième étage, nous conseilla-t-il en le pointant d'un pouce par-dessus son épaule. Le chef sera plus à même de vérifier qu'il n'y a pas eu de conflits.
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Prince et Dragon - Tome 3 : Nyrsslïa
Fantasi*histoire illustrée* Une guerre silencieuse étend son ombre vers Askaz, tandis que les dragons ne sont plus. Malgré l'absence d'Ixen, dont Ryrn connait à présent les raisons d'une amitié si profonde, le jeune guerrier n'est pas seul. Son père re...