TOME 1 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE 🥀
Oublier. Il faut oublier le sang versé, oublier ce que nous avons fait. Pour l'avenir, il nous faut oublier le présent. Et le passé. Surtout le passé.
Une nuit, Séléna Brand s'éveille dans un hurlement à gla...
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L'on chuchote, depuis quelques temps. L'on parle des raisons ayant poussé Isidore Ivanov a mené une campagne en dehors de sa bien-aimée Russie. Il ne l'aurait pas quitté de son plein gré. Il en aurait été chassé. Mais qui peut chasser l'éternel se trouvant au-dessus de toute loi ?
Légende murmurée par de nombreux Domovoï
Ses doigts agrippent fermement mon avant-bras nu avant même que je n'aie le temps de hurler un avertissement à Dimitri. Sa peau contre la marque... C'est trop. Mon crâne explose en une lumière blanche et des cris se mettent à résonner dans mon crâne. Je sens plus que je ne vois Dimitri s'écarter promptement de moi, tout aussi frappé par la douleur. Un corps tombe, tout près du mien. Je manque d'air et mes ongles s'enfoncent dans mes paumes, faisant sortir quelques perles de sang. La souffrance m'empêche de me concentrer sur autre chose. Je vois de plus en plus trouble, et les voix dans ma tête s'amplifient. Je pourrais les comprendre, si tout ne se brouillait pas autour de moi. Mais des bruits de lutte se font entendre, me gardant dans l'instant. Mes yeux ouverts capturent l'image de Dimitri, se relevant péniblement, pour faire face au monstre.
- Petit, petit, sifflote la chose, en se ramassant sur elle-même, ombre parmi les ombres. Tu ne joueras pas tout de suite avec nous, petit, petit, mais bientôt... Bientôt, tu entreras dans la cour des grands, petit, petit.
La créature recule, alors que les cris deviennent stridents. Assourdissants. Atroces. Baissant les yeux sur ma marque me brûlant, je la découvre détachée de moi. Elle m'englobe, toujours sous la forme d'un bracelet ne connaissant aucune frontière. Elle traverse ma chair sous un halo argenté, grossit dans la serre, et incendie les plantes ayant le malheur de se trouver sur son chemin. Jusqu'à percuter Dimitri. Jusqu'à le faire tomber à quatre pattes, et se rassembler autour de lui. L'énorme bracelet tourne, tourne, tourne, agrandissant l'ombre du monstre. La lumière est étouffée, le vent se déchaîne, et le corps de Dimitri s'effondre, au pied de la créature. Ma marque ralentit alors, et, d'une chiquenaude, le monstre la renvoie sur moi. Mon cri est interrompu par le bracelet lui-même, qui revient se graver sur mon avant-bras, comme si de rien n'était. Comme si j'avais rêvé tout cela. La créature tombe devant moi, et je glapis d'horreur en découvrant de plus près son visage. Sa figure est celle d'un grand brûlé, dépourvu de nez et où seules ses prunelles ressortent, sur sa face burinée. Détruite. Son sourire s'étire à nouveau, plissant sa peau abîmée, découvrant des dents blanches, taillées en pointe.
- Quant à toi, ma jolie... Tu viendras. Bientôt.
Sa main, dont trois doigts manquent, effleure ma joue, maculée de larmes. Et son sourire s'agrandit encore.
- Tu n'as plus le choix. Pas après tes actes.
Et il disparaît, avalé par ses ombres. L'obscurité disparaît avec lui, laissant la lumière revenir, sous la fumée provoquée par les plantes enflammées. Tremblante au milieu d'une serre en ruine, il me faut un moment pour m'apercevoir que Dimitri ne se relève pas. Je fixe, stupéfaite, le corps couché du Vanpir, puis abaisse de nouveau les yeux vers mon avant-bras. Le tatouage est désormais immobile, lisse sous mes doigts. Chaud sous ma paume. Reculant vivement ma main, je suis prise d'une quinte de toux et mets du temps avant de me retrouver sur mes pieds. Vacillante, j'avance, ignorant le feu venant à grossir. Je n'ai d'œil que pour cet être ne bougeant toujours pas.
