Chapitre 14 🥀

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Le Conseiller est invisible

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Le Conseiller est invisible. Il prend mille formes, mille visages, mais demeure immuable. Car il nous a sauvé, en se battant à nos côtés. Et nous en avons oublié jusqu'à sa nature même. Car il est né monstre, et le restera.

Pour toujours.

Écrits historiques de l'Agence

Je suis aveugle, dans l'obscurité. Cela pourrait être risible, car personne ne voit dans le noir. Personne d'humain, en tout cas. Mais j'ai cette sensation, qui me colle au corps. Celle d'avoir perdu un sens. Mes mains tremblent, quand j'effleure mes yeux. Et je glapis d'effroi en touchant deux orbites vides. Mes jambes me lâchent, avant que je ne commence à hurler. Sauf que cela ne dure pas. Bientôt, on vient me museler, pour camoufler mes cris. Pour m'enterrer, dans un lieu inconnu. Je tente de me débattre, mais je suis comme pieds et mains liées. Incapable de bouger. Des gouttes salées glissent sur mes joues, terribles signes de mon impuissance. Puis des doigts entourent mon cou. Des serres, au contact glacial. Terrifiantes. Destructrices. Et des murmures s'élèvent, d'un seul et même être. Je ne comprends pas les mots, n'entends d'abord que ma respiration ardue. Subitement, les syllabes se forment, se transforment dans mon esprit. Une lumière s'allume, alors qu'il me semble comprendre. Mais je me perds. Les serres disparaissent, la main se retire et je prends une grande inspiration. Mes muscles sont tétanisés, ma gorge, douloureuse. Je lève la tête... et tout s'arrête. Car une grande silhouette se détache, ombre parmi les ombres. J'ignore comment je la vois, mais je ne vois qu'elle. Une silhouette qui pourrait m'être familière, si je me souvenais. Seulement, je ne me souviens de rien. Et lorsque l'inconnu fond sur moi, je sais que la mort est là, devant moi. Et qu'elle veut me prendre.

- Séléna !

J'ouvre brusquement les yeux, et me retrouve à contempler deux puits sans fond. Pendant un instant, je vois la silhouette inconnue et ne peux retenir un hurlement à réveiller les morts. Hurlement que l'on vient vite éteindre, en me comprimant la bouche. Mes réflexes reviennent alors brutalement. Le coup part, et, en face de moi, on ne s'y attendait visiblement pas. Je percute une mâchoire, et la douleur explose dans ma main. Je jure, alors que l'on se détache de moi. Je roule, tombe par terre, et me redresse rapidement, les poings levés. Sauf qu'à la place de la mort apparaît la haute silhouette de Dimitri, qui me regarde fixement, dans la semi-pénombre de notre chambre. Le cœur sur le point de chuter, je tente de reprendre ma respiration, en analysant rapidement mon environnement. La paroi séparant nos deux lits a été repoussée, et de la fenêtre donnant sur le jardin émerge une faible lumière, me permettant d'y voir plus clair. Difficilement, je quitte ma position, me redresse et baisse les bras, en retenant un grognement. Visiblement, mon crochet a été plus douloureux pour moi que mon adversaire. Lentement, celui-ci quitte mon lit, sur lequel il était agenouillé, et recule d'un pas, sans jamais me quitter des yeux.

- Vous hurliez, m'annonce-t-il après un moment de silence.

- Ah.

Le tempo de mon cœur s'apaise, et je me passe une main rapide dans les cheveux, perdue. Mon corps tremble encore, et la transpiration imprègne suffisamment mon haut pour le coller à ma peau. Mais ce cauchemar... Bon sang, il m'a paru si réel !

Trois mois sous silence - L'éveil (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant