Chapitre 15 🥀

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Les anciens héros ont mené une Grande Traque pour abattre, aux côtés du Conseiller, les créatures

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Les anciens héros ont mené une Grande Traque pour abattre, aux côtés du Conseiller, les créatures. Celles-ci devenaient trop mauvaises, trop dangereuses. Et l'une d'elles s'est élevée, plus puissante que les autres. La main vengeresse.

Pour les créatures, elle se nomma l'Égide.

Récit de la Grande Traque

- Séléna, je suis ravie de vous rencontrer de plus près ! s'exclame Luka, pénétrant dans la pièce où l'on nous a installés.

Après quatre heures de conférence, j'aurais pu penser qu'on me laisserait bien quelques heures de répits. Peine perdue. L'intervention s'est achevée, Alexandre nous a ramenés au Plateau, pour un repas succinct, sous le regard inquisiteur de l'agent. Lui non plus n'a pas entendu les mots du Vanpir, mais il semble se douter de quelque chose. Peut-être parce que je n'ai pas quitté les gradins, un sourire extatique sur la figure, comme tous ces jeunes gens m'entourant. Mes parents ont fait en sorte que je développe un esprit critique dès le plus jeune âge. Me raconter l'histoire en prenant toujours le point de vue des perdants en compte a permis notamment cela. Ce sont les vainqueurs qui rédigent les livres d'histoire, et l'enjolivent, à l'occasion. Par son biais, je ne peux donc pas me montrer crédule, face à ce que Luka a passé quatre heures à démontrer. Mais dans un coin de ma tête, demeure la seule question pour laquelle je n'ai pas de réponse : comment ma mère a réagi, en apprenant tout cela ? A-t-elle mis en application ses beaux discours, ou a-t-elle foncé tête baissée dans ces missions, qui n'étaient pas pour elle ? Quoiqu'il en soit, ces quelques heures m'ont laissé sur les rotules, et j'ai pensé au bonheur que cela serait, de me prélasser dans le jardin, devant notre chambre. Cela n'est pourtant pas dans le programme, car Alexandre, après notre déjeuner, nous a fait remonter la Cathédrale, pour nous laisser dans une petite pièce, longeant les Bassins, le secteur abritant les laboratoires de l'Agence, et tous ses secrets. Car je n'ai pas oublié certaines choses. Notamment le fait que Dimitri ait offert le corps d'un Vanpir à l'Agence. Que font-ils là-bas ? Qui y a-t-il, derrière ces grands murs que l'on ne peut franchir ?

- Rebonjour, monsieur, le salué-je en me levant du siège sur lequel j'étais assise.

La pièce doit être légèrement plus grande que le salon de mes parents. Des chaises et tables sont disposées dans un coin, comme si elles attendaient toutes qu'un groupe se rassemble, pour discourir discrètement. Un tableau figure sur un mur, avec un rétroprojecteur mis de côté. À l'entrée trône une minuscule cuisine, juste ce qu'il faut pour le minimum vital. Tout cela pourrait donner une allure d'hôpital, trop propre. Mais il n'y a bien que des couleurs agrumes, des beaux motifs sur les murs, et des meubles récents pour pallier à cette impression. L'effet est chaleureux, bizarrement accueillant. J'ai trouvé ma place sur un fauteuil, laissée au centre, en compagnie d'une table basse et d'un autre siège. Baranov, ne m'ayant pas quitté d'une semelle, s'est appuyé sur le mur dans mon dos, et n'a pas bougé depuis. Immobile, silencieux, il semble avoir été avalé par le papier peint, disparu sous la Dalle. Pourtant, je note un léger froissement de tissu lorsqu'il se redresse, à l'entrée de Luka. Celui-ci, d'un simple geste, me fait signe de me rasseoir, avant de me proposer du café, que je dédaigne. En allumant la machine, dans la petite cuisine, je vois son regard, un bleu pâle, glisser jusqu'au Vanpir. Un bref instant, je le vois hésiter. Puis il fait la même proposition à mon garde qui, lui, accepte. Deux cafés plus tard, Luka se retrouve assis sur le siège opposé au mien, une tasse posée entre nous. L'inscription « j'aime le café et je vous emmerde » aurait mieux collé à Baranov, qui se contente d'un mug rose fleuri. Si je connaissais Luka, je dirais qu'il l'a fait exprès. Mais il lui a offert un visage si lisse, si détourné de toute malice, que je n'ai pas su déceler un quelconque amusement. Uniquement un calme plat, professionnel. Le regard qu'il me porte, à l'heure actuelle, est tout sauf calme. Il est agité, presque nerveux, et reprend sa tasse pour tapoter son bord de deux longs doigts habiles.

Trois mois sous silence - L'éveil (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant