TOME 1 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE 🥀
Oublier. Il faut oublier le sang versé, oublier ce que nous avons fait. Pour l'avenir, il nous faut oublier le présent. Et le passé. Surtout le passé.
Une nuit, Séléna Brand s'éveille dans un hurlement à gla...
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Le Clenche protège tous les humains. Ceux en émergeant glissent derrière le voile renfermant tous les secrets du monde. Ils tombent au cœur de la toile, pour trouver des souvenirs qui ont été, et des souvenirs qui seront.
Entrer dans la toile, c'est manquer devenir fou.
Mémoire d'un agent inconnu
La nuit m'avale. Elle me prend, me transporte, pour mieux me recracher. Son rejet est violent, bien plus que toutes les autres. Elle ne fait pas ça, d'habitude. Elle est douce, d'habitude. Mais là... tout n'est que douleur. J'ouvre brusquement les yeux sur ma chambre, plongée dans le noir. Je n'arrive pas à respirer, alors que les flashs crépitent. Je n'ai aucune force, pas même celle de plonger vers ma lampe de chevet, pour me débarrasser de la peur me collant à la peau. Je ne devrais pas avoir peur de la nuit. Personne ne craint le noir, car il n'y a rien dans les recoins sombres, si ce n'est les hommes. Pourtant, j'ai la sensation que cette donnée n'est pas exacte. Non. Elle est fausse, complètement fausse. Les larmes coulent librement sur mon visage dorénavant, et mon corps en état de choc me fait savoir que ma couverture me brûle. Non. Pas la couverture, mon épiderme entier. Sans savoir comment, je finis à terre, les paumes compressant ma boîte crânienne. À moins que ce soit celle-ci qui me hurle que quelque chose ne va pas. Rien ne va. Mes yeux semblent aveugles, dans la pièce sombre. Mais ils voient tout.
Pour la première fois.
Des images me traversent l'esprit. Celui d'un autre. J'ignore comment je le sais. J'ignore tout, si ce n'est qu'une chose est en train de se produire. Une vérité dont je n'avais absolument pas connaissance. Un premier hurlement vient accompagner mes pleurs. Le mien. Des gémissements s'en suivent très vite. Les miens. La souffrance m'étourdit, me forçant à plonger sur le flanc, le cœur douloureux. Je vomis, je crois. Je tremble, écumante de transpirations, tandis que les images se succèdent. C'est un film en accéléré. Un film d'une vie ne m'appartenant pas. Sans comprendre, je le perçois. Cet autre, vivant dans un corps différent du mien. Je ne le connais pas, il ne sait pas qui je suis. Il ne me parle pas, ne communique pas avec moi. Il me transmet pourtant son savoir, que je ne saisis pas totalement. Les images sont trop rapides, trop violentes. Je vois des massacres, des choses que je ne peux nommer... mais que je peux identifier. Des mots apparaissent, s'inscrivent au fer rouge dans mon esprit. Des mots ne voulant rien dire, et qui ont pourtant du sens. Un sens profond, ancien. Celui d'une réalité cachée. Mes yeux s'ouvrent encore, péniblement, et mes muscles se délient, me permettant d'agir. Vite. Dépassant la douleur me terrassant, j'étire mon bras et m'empare de mon téléphone, ayant fini au sol, en même temps que moi. L'écran lumineux lacère ma vision trouble, mais je ne me laisse pas prendre au piège. Tenir. Retrouver le numéro. Appeler. La sonnerie retentit alors que je mets l'appel en haut-parleur, et me laisse glisser à nouveau sur le flanc. Les battements de ma poitrine résonnent fort, trop pour que cela soit normal. J'en viens à essayer de les étouffer sous une respiration plus tranquille, pour ne pas louper celui que j'attends. Puis, mon calvaire s'interrompt, alors qu'une voix chaude et délicieusement familière résonne brusquement dans ma chambre, sourde à mes douleurs.