Chapitre 38 🥀

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Créatures magnétiques et renversantes, les Domovoï sont plus dangereux encore que les Vanpirs

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Créatures magnétiques et renversantes, les Domovoï sont plus dangereux encore que les Vanpirs. Car si ces derniers sont des loups, les Domovoï sont des tigres pour eux. Magnifiques, captivants, et incroyablement puissants. Croiser le regard de l'un d'entre eux, c'est se jouer de la mort elle-même.

Mise en garde d'un agent, journal rendu public après la mort de son équipe, 1843, Vienne

La conclusion de cette discussion est limpide : la Bête me veut, bien que nous ignorons tous pourquoi. L'on ne m'interroge plus, sur les raisons de l'incendie ou sur le meurtre de Dimitri. Les yeux du grand prince reviennent régulièrement sur moi, me perforent l'épiderme à chaque fois. Mais il ne tente plus aucune intrusion mentale, me laissant au feu brûlant dans la cheminée. Jamais Stevan ne s'éloigne de moi, comme s'il pouvait me protéger de son père par sa simple présence. C'est faux, bien sûr. Stev, tout Prince qu'il est, ne peut lutter contre l'emprise du grand prince. Et cela semble faire longtemps que le père et le fils sont plongés dans une partie d'un jeu qu'eux seuls connaissent. Vadim nous rejoint peu après que tous m'aient mis à l'écart, et me ramène gentiment dans la chambre, où je sombre bien vite dans un sommeil sans rêves. Je suis pourtant réveillée par le corps de mon ami, venant se blottir contre le mien, en quête de réconfort. Et mon cœur se brise tout à fait, en comprenant qu'il pleure le Vanpir les ayant menés jusqu'à la forteresse, Seva et lui. Et il cherche du soutien auprès de l'assassin de celui qu'il pleure... L'ironie de la scène m'arrache un sanglot, que j'étouffe dans mon oreiller, tandis que la prise de mon ami se resserre autour de moi.

- Ça va aller, murmure-t-il, presque pour lui-même. Ça va aller.

Je me laisse alors aller tout à fait contre lui, pleurant avec lui ce que j'ai commis. Même si je n'étais pas seule. Même si le monstre, le vassal de la Bête, est le véritable responsable.

- Vadim...

- Ne dis rien, me chuchote-t-il aussitôt, en se collant davantage à moi. Je t'en prie, ne dis rien.

Sa voix est un vrai appel à l'aide et une autre larme roule sur ma joue, incapable de m'arrêter. Je finis pourtant par me tourner, pour le prendre dans mes bras. Juste avant qu'il ne lâche complètement prise. Ses muscles se détendent d'un coup et comme s'il n'avait attendu que ça, il explose en sanglot, en se blottissant toujours davantage contre moi. La traitresse marque sur mon corps l'atteint moins que le chagrin qui lui enserre le cœur. Je ferme les yeux dans le noir, priant cette Pachamama que je ne connais pas de bien vouloir apaiser mon ami, qui ne mérite rien de tout ça. Mon ami, faisant partie des innommables, que craignent tant les miens. En cet instant, alors que mon esprit dérive à la fois dans l'obscurité de la chambre et sur la toile, j'ai envie de hurler qu'ils ont tort, de voir mes amis comme des monstres. Car les Vanpirs n'en sont pas. Ils sont dirigés par leurs émotions, passionnés. Les monstres, eux, ne sont que félonies et mauvaisetés. Comme la Bête. Comme son disciple. Comme moi. Mes doigts s'enfoncent dans le dos de Vadim, alors que les soubresauts parcourant son corps se font plus violents. Toujours plus. Toujours trop. Même si une centaine d'années nous sépare, il m'est difficile de le voir autrement que comme le petit frère de notre bande soudée. Celui qu'il faut protéger d'un trop gros chagrin, que j'ai moi-même provoqué. J'ignore combien de temps nous restons ainsi, deux corps offerts à une mer en furie trouvant une bouée salvatrice en l'autre. 

Trois mois sous silence - L'éveil (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant