Chapitre 25 🥀

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Depuis la fin de leur règne commun avec les Domovoï, les Bruxtias ont largement déchu

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Depuis la fin de leur règne commun avec les Domovoï, les Bruxtias ont largement déchu. D'anciennes déesses adulées par tous, elles sont tombées bien bas. Mais certaines se relèvent. Certaines combattent. Et nombreuses détruisent.

Saga des Bruxtias, récit disponible aux archives Domovoï

- C'est ça, le Monstre ? chuchoté-je en me penchant vers ma mère.

Maman acquiesce sagement, avant de se pencher vers son autre voisin de table. Perdue dans mes pensées, je n'y prête pas grande attention, trop concentrée sur notre nouvel environnement. La pièce, l'Atelier, est accolée au Plateau, et s'enfonce dans le sol. C'est cela qui nous permet d'avoir une hauteur de plafond dépassant les dix mètres. Et c'est cela qui a tant plu au créateur du Monstre. Un escalier contre le mur du fond nous a permis de nous retrouver ainsi, assis autour d'une large table ovale, où se trouvaient déjà les grands de la Dalle. Six individus, d'une trentaine d'années à une soixantaine. Quatre femmes, deux hommes, et une chaise vide. Je sais qu'il s'agit de celle de Luka, demeurant encore dans les Bassins, sous étroite surveillance. Les regards se sont faits plus méfiants, à notre arrivée, bien qu'ils aient tous salué ma mère avec respect et chaleur. Maman est appréciée ici. Je me suis retrouvée entre elle et un homme typé d'une quarantaine d'années. Au centre de la table, un dispositif est installé, pour prendre des communications extérieures. Devant eux, des papiers et dossiers sont étalés sur la surface plane. Derrière moi, Dimitri se fait silencieux, raide comme un piquet. Personne ne lui a demandé de prendre place, et il ne semble pas s'en formaliser. Tout du moins, je le suppose. Sam et Alexandre sont présents aussi, de l'autre côté de la table, tous deux debout, comme Baranov. J'ignore la raison de leur venue, quoiqu'elle doive avoir un lien avec moi. Ils sont ici pour discourir de mon attitude de ces derniers jours... ou prévenir si je déraille à nouveau. Un frisson me prend, et je ne peux m'empêcher de frotter mes paumes l'une contre l'autre, même s'il n'y a plus la moindre trace de ce que j'ai cru voir. Le sable rampant sur ma peau. Dévorant mon épiderme. Pénétrant ma chair. Je me détourne de ce souvenir marquant, pour lever les yeux vers ce qui nous surplombe. Le Monstre. 

Œuvre fantasque, mystérieuse et inquiétante, signée par Raymond Moretti, un peintre et sculpteur mort en 2005, m'a expliqué ma mère, lorsque nous sommes entrés dans la pièce, et que le Monstre nous a stoppés, Dimitri et moi. Il est difficile d'en faire abstraction. S'étalant sur une trentaine de mètres, le Monstre est un assemblage de bric et de broc, alliant sculpture, peinture et d'autres compositions artistiques. D'immenses ombres alimentent le mystère derrière l'étrange œuvre, d'autant que les ombres ne sont en réalité que de la peinture, créée par l'auteur de cette chose. Il est censé rappeler toutes les époques d'une vie, au travers de petits et gros détails. L'énorme architecture a emménagé ici avant que la Dalle ne soit construite, alors même que ce quartier ne ressemblait pas un champ de gratte-ciel. Il s'est fait petit à petit emmurer dans le béton, et ce n'est que bien plus tard que l'Agence l'a redécouvert, et a décidé de le conserver tel quel. Menaçant, terrifiant. Je me garde bien de faire le moindre commentaire sur l'œuvre, bien que je la trouve parfaitement austère et terriblement affreuse. Sagement assise, j'attends que le calme s'installe autour de la table pour tenter de reprendre le fil de la conversation. La mention de mon ancien professeur ne m'échappe pas, et mon esprit s'assombrit en comprenant la teneur de leur échange.

Trois mois sous silence - L'éveil (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant