Tout comme le couloir, notre rame est vide. Seule une voix mécanique sortant d'un haut-parleur brise le silence. Elle annonce notre arrivée dans les Enfers.
Les portes automatiques s'ouvrent et on peut découvrir de nos propres yeux à quoi ressemble ce lieu extraordinaire, quoique plutôt effrayant tout de même. Nous sommes sur les abords d'une falaise escarpée aux pierres rougies par la chaleur environnante, il n'y a aucune végétation qui pousse. En bas de la falaise se trouvent les Champs du Châtiment, les criminels y sont envoyés pour expier leur faute. L'endroit est hostile, rempli de pièges et de zones de tortures. Ce lieu est conçu pour faire souffrir à jamais les pécheurs mais sans les tuer. On entend des cris de douleur et des pleurs venant de ces champs. On recule pour éviter de les entendre plus longtemps et tomber dedans par mégarde. La roche est friable à certains endroits.
Ensuite, à gauche se trouvent de nombreux volcans en éruption où de grands torrents de laves en sortent et se déversent soit dans les champs en contrebas, soit dans des lacs de lave situés à différents endroits moins abrupts de la falaise.
Enfin, à droite se trouve un escalier pentu avec des marches en obsidiennes de tailles inégales. Il monte rapidement en altitude pour se fondre dans un brouillard noir où l'on ne discerne rien excepté trois formes vagues de hauts bâtiments. Je suppose que ce sont les trois palais de l'Érèbe, les demeures de plusieurs créatures et dieux mineurs de la mort et des mondes oniriques. Soudain, alors qu'on s'apprête à monter cet escalier car c'est le seul endroit empruntable, une énorme créature sort du brouillard et fonce à toute allure sur nous. Elle fait un bond de plusieurs dizaines de mètres avant d'atterrir devant nous. On recule, terrifié à la vue de cette bête immense. Cerbère, le chien à trois têtes gardiens des Enfers, se tient face à nous.
- Incroyable, des visiteurs ! Déclare une fille assise sur le dos du chien légendaire.
Elle a un faux hawk, coiffure semblable à la crête punk, coloré en vert avec un uniforme japonais retouché d'un slogan en kanji sur l'arrière de la chemise. Elle doit être en fin de collège, si ce n'est déjà au lycée.
Une vocifération sourde et sépulcrale s'élève brutalement dans l'air chaud et sec des Enfers, il nous fait sursauter. Il vient de l'Érèbe.
- Oh non, il va me rattraper ! S'inquiète la fille. Vous pouvez retenir Thanatos pour moi s'il vous plaît ?
Que répondre face à ça ? Comment ça Thanatos, le dieu des morts, vient vers nous ? M'alarmé-je.
- Merci beaucoup ! Moi c'est Ana au fait ! Termine-t-elle en fuyant sur Cerbère avant même qu'on ne lui réponde.
Quelques secondes plus tard, un grand homme ailé et barbu drapé d'un chiton grec noir sort du brouillard en volant. Il porte à sa ceinture une épée rangée dans un fourreau en bois sombre serti de rubis. Ses cheveux lisses sont attachés grâce à une pince à cheveux portant l'effigie d'un papillon.
Il se pose d'un pas lourd devant nous, ses sourcils froncés témoignent de son agacement à chercher l'adolescente.
- Tiens, des visiteurs ? C'est rare par-ici. Déclare-t-il en nous observant chacun notre tour.
Sa carrure imposante nous intimide fortement, d'autant plus que ses pouvoirs sont funestes.
- Vous n'auriez pas vu une fille insolente habillée comme une délinquante dans le coin ?
Étant donnée que mentir à un dieu de la mort est certainement une très mauvaise idée, on lui raconte le peu qu'on sait de la fille dénommée Ana.
Il nous remercie puis nous demande :
- Qu'est ce que vous faites là ?
- On aimerait parler avec Hadès. Répond Æthelthryth.
- Oh très bien. Attendez, je vous envoie Charon, c'est lui qui vous mènera au palais de Monsieur Hadès et Dame Perséphone.
Thanatos pousse un sifflement strident et dans la seconde qui suit, un vieil homme à la barbe hirsute et possédant une calvitie à un stade avancé apparaît derrière Thanatos. Il porte aussi un chiton noir mais dans un très mauvais état et il s'appuit sur une rame lui servant de cane.
- Je t'ai déjà dit de ne jamais m'appeler en sifflant ! Je ne suis pas ton subordonné ! S'insurge le vieillard.
- Ils veulent aller chez Monsieur, conduis-les là-bas. Ordonne-t-il en nous désignant d'un mouvement de la tête avant de se lancer à nouveau à la poursuite de la petite fille.
- Et ça recommence... Les dieux psychopompes n'écoutent jamais rien ! Grommelle l'homme.
Il s'avance ensuite vers le bord de la falaise puis pose un pied dans le vide. Avant qu'on ait le temps de le rattraper avant sa chute, il avance sa deuxième jambe. À notre grande surprise, il ne tombe pas, il se tient devant nous, les pieds au-dessus du vide comme s'il était posé sur une plateforme invisible.
- Qu'est ce que vous attendez ? Grimpez dans la barque. Déclare-t-il, encore irrité par Thanatos.
- Quelle barque ? Demande Lidy.
- Ah vous êtes vivants ? J'avais pas fait attention. Alors c'est normal, elle n'est visible que par les divinités et les morts.
- Mais comment on fait pour savoir où on doit poser le pied ? S'inquiète Adamante.
- Grimpez et montrez aux autres où elle se situe, si jamais vous marchez à côté alors vous n'avez qu'à revenir sur la falaise en volant. Propose-t-il.
On se regarde, connaissant les capacités de vol d'Adamante et sa peur de l'Enfers, elle ne va assurément jamais le faire.
- Je vous montre. Annonce Lonie en s'avançant vers le vide.
Sa patte droite franchit le bord de l'à-pic pour se poser sur la barque invisible. Soulagée, elle se presse mais son autre patte s'appuie sur le rebord de l'engin et elle vacille au-dessus du vide. Par chance, d'un coup d'aile, elle arrive à se repositionner sur la coque de noix. Une fois cette étape franchie, elle nous incite à la rejoindre en nous indiquant les endroits praticables. Le cheminement se passe finalement sans encombre.
La traversée des Enfers a une atmosphère assez singulière. Le fait d'être assis sur un véhicule invisible nous perturbe fortement et les cris provenant des Champs du Châtiment n'aident pas tellement à nous apaiser.
Le nocher pagaie dans le vide avec sa rame en bois pourri mais l'embarcation se meut tout de même dans l'air sec des Enfers. Il veille à virer de bord pour échapper aux fumées grises des volcans qui peuplent cet endroit.
Après quelques minutes, on commence à survoler une autre partie des Enfers, le Pré de l'Asphodèle. Cet endroit ressemble à un vaste champ d'herbes jaunies et parsemé de cendres où les morts possédant ni vices ni vertus se retrouvent pour vivre une vie morne et sans but. On y voit des humains et des créatures marcher avec lenteur et indifférence dans cette vaste plaine où règne un silence absolu presque déroutant.
Ensuite, une fois le Pré et l'Érèbe dépassés, un endroit bien plus chaleureux s'offre à nous.
Cette région des Enfers s'appelle les Champs-Élysées. Seules les personnes vertueuses recommandées par les divinités elles-mêmes peuvent se complaindre dans ce luxueux endroit. Ce lieu se compose d'un champ fleuri semblable à ceux que l'on pouvait retrouver aux Pays-Bas, pays européen connu en partie pour ses magnifiques champs de tulipes ou de lavandes. Une autre partie, plus forestière, se trouve plus loin à droite. On sent l'aspect printanier apporté par Perséphone dans ce lieu. Un grand peuplier blanc trône au milieu du paysage champêtre. De plus, le fleuve Léthé traverse le champ d'un bout à l'autre, elle commence son départ d'une cascade établie à la frontière avec le Pré de l'Asphodèle et se termine à la paroi nord-est des Enfers pour se jeter dans des fleuves à la surface de la Terre. Cet affluent a le pouvoir rendre amnésique la personne qui boit son eau mystique. Rhadamanthe, personnification de la justice et gouverneur de cette région des Enfers, est celui qui désigne les personnes pouvant la boire pour qu'elles soient ensuite réincarnées. Cette étape permet de s'assurer qu'ils n'auront plus aucun souvenir de leur vie antérieure.
Les gens sont heureux et nous saluent en riant quand ils nous voient passer au-dessus d'eux.
On traverse finalement ce territoire pour arriver au niveau de l'impressionnant Palais des Enfers.
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Relations Inter-Mythologiques : Les Sceaux de l'Apocalypse
Fantasy(La couverture est à revoir) Dans cet univers, toutes les mythologies du monde coexistent. Malgré la difficulté de la tâche, les humains ne sont toujours pas au courant qu'une pléthore de dieux et créatures existent aux quatre coin du monde, certain...