PDV Joamy
J'étais réveillée depuis plus ou moins une demi-heure, mais je restais dans mon lit. J'étais bien moi, en pyjama. Je lisais un vieux livre, trouvé il y a une dizaine d'année dans les trucs de ma mère. Le livre était si usé qu'on ne pouvait plus lire le titre. Les coins étaient cornés, les pages étaient jaunies, l'encre avait bavé dans le coin droit en bas, mais le reste était toujours visible. C'était probablement la centième fois que je le lisais, mais ma mère le lisait avant moi, et considérant le nombre de fois que je l'ai surprise avec dans les mains, je crois que je l'ai lu bien moins souvent qu'elle. Elle le lisait lorsqu'elle me surveillait quand je jouais dehors, lorsqu'elle attendait que quelque chose cuise dans la cuisine ou lorsqu'elle léguait les fourneaux à mon père. Mes moments favoris avec elle étaient lorsqu'elle prenait le temps de me lire quelque chose. Certainement pas ce livre-ci, disons que je ne l'aurais pas suggéré à une fillette de six ans, mais des contes. Elle me lisait La Belle Et La Bête avec tant d'émotions que je me sentais dans l'histoire. C'est sûrement d'elle que je tiens ma passion pour la lecture. Et pour le chant, avant. Avant.Je n'avais pas repensé au contact des lèvres d'Antoine sur ma joue. Je ne voulait pas y repenser. Je refusait le moindre droit sur mon cœur à tous depuis 11 ans, et la faiblesse que j'ai eu en appréciant la douceur de ses lèvres me répugnait. Je sais pertinemment que ses lèvres n'ont touché que ma joue, mais la chose que je suis devenue n'est plus habituée à recevoir des démonstrations d'affection. Je ne sais pas comment je réagirais si il m'embrassait sur les lèvres.
Mon cœur avait commencé à accepter qu'Antoine ne me fera pas de mal, mais ma tête était toujours têtue. La douleur que j'ai eu en recevant le poing de mon père n'était pas que physique. La souffrance éprouvée lors de la perte de ma mère me serrait le cœur. Je refuse de souffrir encore autant pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine.
Mais Antoine semble en valoir la peine. Il me l'a prouvé
J'entendais Daisy et Philippe en bas depuis que je suis réveillée, mais je n'avais aucune idée d'où se trouvait Antoine. Il est peut-être en bas aussi, mais silencieux, ou alors il dors encore
Laissant ma curiosité prendre le dessus, je me levais lentement de mon lit, posant le livre sur la table de chevet. Poussant la porte de notre salle de bain, je m'approchais de la seconde porte menant à sa chambre. J'ouvris doucement cette dernière. Je n'avais pas encore vu sa chambre, ayant fait mon flashback avant de parvenir à son refuge. Passant sans bruit ma tête dans l'espace entre le mur et le battant, je vis avec un mélange intrigant de déception et de soulagement en voyant que son lit était vide. Freinant immédiatement mes émotions inutiles et non désirées, je me laissais aller en toute liberté à l'observation de la chambre. Masculine, les murs étaient d'un bleu ciel semblable à ceux de la chambre d'un petit garçon. On s'attendrait presque à voir des petites voitures trainant sur le sol, juste à côté d'un ballon boueux. Je restais bouche-bée devant la décoration presque juvénile. Autant le bureau donnait l'impression de quelqu'un d'adulte, d'impressionnant, de charismatique, autant j'aurais juré que la chambre appartenait à son petit cousin ou à son petit frère de cinq, s'il en avait eu. Le couvre-lit blanc rajoutait de l'immaturité à la pièce, contrairement à ce qu'on aurait pu penser.
Refermant la porte, j'entendis un grand fracas en bas. Retournant dans ma chambre, j'avais la main sur la poignée, prête à aller aider si besoin en est, mais la porte s'ouvrit vers l'intérieur avant même que je n'a pu songer à descendre. J'avais fait un léger bond en arrière lorsqu'une tornade me frappa.
-Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? tonna une voix forte.
Une voix que j'associais désormais au collier sur la table de chevet. Une voix que j'associais à la douleur. Aux cachotteries. À Antoine.
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Fighting for happiness
WerwolfLes blessures au coeur sont celles qui guérissent le moins. Et peut importe ce que mon âme-soeur, un loup-garou Alpha, veut tenter de faire, je sais bien bien que mes cicatrices (peut importe où elles sont) sont là pour rester. Je dois rejoindre un...