En danger

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-Salut la salope, crachai-je avec le peu de souffle qui me restait.
Elle me tenait si fort que mes pieds quittaient le sol et que ma tranchée était complètement écrasée.
-Si j'étais toi, je me tairai. Je te rappelle que je te tiens appuyée contre un mur, ma main sur ta gorge, et ta vie est entre mes mains.
Je ne répondis rien, mais seulement parce que l'air ne rentrait plus dans mes poumons.
-Je suis venue te donner un avertissement. À partir de maintenant, tu as intérêt à me foutre la paix. Tu te crois peut-être en position de supériorité, mais en ce moment, tu es en bas de la chaîne alimentaire, espèce d'idiote.
Elle appuya un peu plus fort sur ma gorge, comme pour appuyer sur ses paroles.
-À ta place, je tiendrais Antoine à l'écart de tout ça. Je ne suis pas seule. Même si vous décidiez de m'exiler, ils trouveront un moyen de me venger. Tu n'as jamais été menaçante dans cette affaire l'asticot, me lança Camille avant de quitter.

Toussant et faisant de mon mieux pour reprendre ma respiration, je me relevais en m'appuyant sur le mur. Je la regardai s'éloigner jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une étincelle à l'horizon. J'aurai aimé pouvoir dire qu'elle était comme les méchantes clichées dans les livres, à porter des talons hauts de vingt centimètres dans le bois, mais elle portait de solides bottines sur lesquelles elle avait tourné les talons.

Repartant dans une autre crise de toux, je réalisai à quel point j'avais eu de la chance. Vu mon poids plume et les muscles qu'elle avait gagné depuis son départ de l'école, cinq mois avant moi, elle aurait facilement pu me tuer. Et la connaissant, la seule raison pour laquelle j'étais toujours vivante était qu'elle avait besoin de moi vivante. Que ce soit pour embobiner Antoine ou autre chose, elle avait besoin de moi. Ça avait toujours été ainsi avec moi. Soit on me gardait avec soi pour son amusement, soit on me gardait car c'était dans ses intérêts. Sauf Antoine.

Réalisant que le champs était libre depuis plusieurs minutes, je me détachais du mur et reprit mon souffle. Le pas tremblant, la respiration sifflante, je recommençais à marcher vers la maison. La maison.. Il était étonnant de voir à quelle vitesse j'en étais venu à considérer cet endroit comme ma maison. Dans ma jeunesse, la maison que j'avais disparut avec la mort de ma mère pour ne devenir qu'un immeuble, une bâtisse sans vie. L'école n'était qu'un toit, sans être un refuge. Avec Antoine, c'était devenu mon foyer, mon refuge et ma maison.

À tous les dix pas, je devais m'arrêter pour reprendre mon souffle. Ma gorge me brûlait comme si quelqu'un y avait mis le feu, mais je devais continuer à avancer. Plus tôt je serais rentrée, moins de chances Lucas et Camille auront de me blesser ou de m'utiliser pour obtenir le poste d'alpha. Un loup préférera obtenir sa compagne saine et sauve plutôt que de conserver son poste, et ce, peu importe sa position dans la hiérarchie.

Après une marche longue et éprouvante, je me retrouvais enfin devant la porte. Sans y penser, je pris une grande inspiration et me mis à tousser incontrolablement. Au bout d'une minute interminable où je me trouvais toujours sur le porche sans être en mesure de reprendre mon souffle, la porte s'ouvrit brusquement sur le visage alerté d'Antoine. Je suppose que les sens ultra développé de celui-ci lui avaient permis de m'entendre cracher mes poumons sur le seuil.

Les yeux d'Antoine étaient inquiets et ses mains glissèrent sur mes bras. Ses mains entourèrent dès que l'air eut retrouvé son chemin vers mes poumons. Toujours haletante, je me reposais contre son torse musclé et fermai les yeux.
-Que s'est-il passé ? me demanda l'Alpha tout en enroulant ses doigts autour de ma main valide, la main droite.
Il me guida doucement vers la porte toujours ouverte, la main qui n'était entrelacée avec la mienne posée contre la chute de mes reins. Dès que la porte fut fermée derrière moi, je me tournai vers mon compagnon, pris ma respiration sans m'étouffer cette fois et ouvrit la bouche.

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant