Alliée ?

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Lorsque l'Alpha ouvrit précautionneusement la porte de ma chambre, une demi-heure plus tard, je m'étais changée et mes cheveux étaient presque secs. Mon sweater, quant à lui, était détrempé. J'étais assise par terre contre un mur et je lisais distraitement Les Hauts de Hurlevent pour la cinquième fois.
-Jo ? m'interpella doucement Antoine.
Je levai les yeux, la joue appuyée contre la paume de ma main, mon coude contre mon genoux.
-Oui ? répliquais-je simplement.
-Voudrais-tu m'accompagner visiter une de mes louves ?
-Laquelle ? répondis en sachant que j'avais rencontré la majorité de sa meute il y avait peu.
-Tu ne la connais pas encore. C'est celle qui est malade.

Les mots d'Antoine me rappelèrent les paroles de Rose.
"Une de tes louves fait de la fièvre".
-D'accord, je viendrai.
Antoine me sourit.
-Qu'est-ce que tu veux manger ?
Surprise, je levai la tête et aperçus sur l'horloge suspendue au mur qu'il était déjà midi.
-Je ne sais pas... As-tu des idées ?
-J'avais pensé à quelque chose de simple, comme des pâtes.
-Ça me va. Je descends t'aider.

Antoine m'observa tandis que j'attrapai un signet et que je marquai ma page. Depuis ce qui s'est passé dans le spa, on sentait une tension entre nous. Je me doutais bien que ce que j'avais fait était frustrant pour un loup qui ne veut que me marquer et qu'il voudrait des explications, mais je ne pouvais pas lui en donner. J'avais trop aimé ça, et il m'avait prise par surprise. Saisissant un élastique à cheveux au passage, je passai devant Antoine en tordant ma masse de cheveux presque sèche en un chignon, sentant pertinnement ses yeux vissés à mon cou mis en valeur.

-Allons manger, dis-je dans la tension à couper au couteau.

Après avoir englouti mon repas dans un silence étouffant, j'enfilai mes souliers à semelles plates et suivis Antoine pour une longue marche d'une demi-heure. Lorsque je m'étais cassé le poignet, le trajet avait été rapide, car mon âme-sœur est un loup garou et il s'était servi de ses capacités surnaturelles. Avec mes jambes d'humaine, disons que je nous ralentis considérablement. Je n'ai toutefois pas envie de me faire porter partout comme une princesse : ce n'est pas parce que je suis humaine que je dois être transformée en handicapée des jambes. Si je me fais porter tout le temps, je ne pourrais pas développer mes muscles ou être moins faible. Antoine m'imposa d'autorité sa main dans la mienne. Il attrapa ma main plâtrée et la serra davantage lorsqu'il s'aperçut que je n'étais pas à l'aise. Lorsque j'ai tenté d'ôter ma main, il m'a carrément grogné dessus.

C'est un des gros désavantages d'avoir un alpha pour âme sœur. Si mon âme sœur était un delta, par exemple, il n'aurait pas un tel besoin de domination ou d'obéissance. C'est plutôt frustrant.

Nous avons finalement atteint l'hôpital après un trajet long et épuisant pour mes petites jambes. J'ai enfin trouvé un avantage à tenir sa main. Mes jambes tétanisées par l'épuisement ont heurté une pierre et Antoine s'est servi de la pression qu'il avait sur ma main pour me relever sans que je ne touche le sol. Après cet incident, il a non seulement tenu main, mais il a passé l'autre bras autour de ma taille. C'était une position bizarre pour marcher, disons.

Nous avons enfin atteint les marchés de bois peint du bâtiment médicinal. Antoine me précéda dans la large porte où pouvait passer deux loups mâles côtes à côtes sans se toucher. Rodrigo nous salua, mais je n'y fit pas attention. J'étais trop absorbée par mon environnement. L'hôpital était un grand bâtiment de trois étages de haut, comprenant de nombreuses pièces à chaque étage. Un grand escalier au centre de l'immeuble reliait chaque étage entre eux.
Antoine hocha la tête en direction du médecin et posa la main sur la chute de mes reins, me guidant au travers du dédale de pièces. Il s'arrêta devant une porte blanche juste à côté d'une fenêtre et cogna. Un "entrez !" étouffé nous parvint, et Antoine tourna la poignée.

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant