Le garde du corps

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PDV Joamy
Comme presque tous les loups présents, je riais à me rouler par terre. Une grande déchirure marquait le jean de Ludovic, là où sa fermeture éclair se terminait. En tentant de donner un coup de pied à Sébastien, le tissu avait fendu, nous offrant une immense vue de son boxer gris. Certaines personnes autour de moi essuyaient des larmes au coin de leurs yeux, mais, jetant un coup d'œil à Antoine, je réalisai qu'il ne faisait aucun son. Il riait tellement fort qu'aucun son ne sortait de sa bouche. Son corps tremblait, sa mâchoire était entrouverte, mais il ne disait rien. Je souris en le voyant ainsi. Il était bien trop adorable pour son poste d'Alpha. Et dire que certaines personnes étaient apeurées d'être en sa présence.

Plusieurs minutes plus tard, après que tous eurent cessé de rire et que quelqu'un eut prêté un short de basket-ball à Ludo, je revenais tranquillement avec Antoine à la maison. Nous marchions seuls, dans un silence légèrement inconfortable, lorsque je posais la question qui me brûlait les lèvres depuis ce matin.

-Pourquoi est-ce que Ludo est venu me rejoindre ce matin ?

-Quoi ?

Antoine jouait discrètement avec ses doigts, j'aurais pu jurer qu'il se tortillait presque et il évitait soigneusement mon regard. 10/10 pour l'imitation de l'ado mal à l'aise.

-Tu m'as très bien comprise.

-Non, je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

M'arrêtant d'un coup sec, j'attrapai son bras et retournai son corps vers moi. Levant les yeux au ciel, il poussa un profond soupir.

-Écoute, fais-moi confiance s'il-te-plait. Je sais que tu sauterais aux conclusions si je te le disais, m'expliqua-t-il d'une voix douce.

Je détestai sa réponse (et son ton). Ils m'enrageaient J'avais l'impression d'être une gamine capricieuse qui se faisait gronder par son père. Il a beau être l'Alpha, dans une relation les deux partis sont égaux.

-Qu'as-tu fait pour mériter ma confiance ? Tu m'as cassé le poignet.

J'étais furax. Et lorsque je suis fâchée, une partie de moi cesse de réfléchir tandis que l'autre part de moi se met à voir rouge.

Le coup porta. J'eus l'impression de le voir se replier mentalement, un peu comme un chiot se roule en boule après qu'on lui ait donné un coup de pied.

-C'est vrai, Je n'ai rien fait pour mériter ta confiance.

PDV Antoine

Ça m'a fait tellement mal. Dans ma tête de loup-garou énormément affecté par le lien d'âme soeur, il allait de soi qu'elle me fasse confiance. J'aurais dû m'attendre au contraire, surtout maintenant que je sais à propos de son père. Elle ne fera plus jamais confiance à quelqu'un aussi facilement que la fillette insouciante qu'elle était il y a longtemps.

Le reste de la promenade se passa dans un silence de glace, poignant. J'avais l'impression qu'une main de fer implacable serrait mon cœur de plus en plus fermement à chaque battement. Mon coeur peinait à prendre de l'expansion. Il me semblait être au coeur d'une montagne russe. J'en avais peur qu'il éclate. J'aurais pu vomir.

La maison était en vue lorsque je répondis à sa question comme j'aurais probablement dû le faire depuis le début.

-Ludo était ton garde du corps aujourd'hui, chuchotais-je presque.

Je savais qu'elle m'avait tout de même entendu, parce que son corps s'était crispé, si minimement qu'un humain ne l'aurait peut-être pas remarqué. J'avais tellement peur qu'elle en tire de mauvaises conclusions. Joamy est quelqu'un d'extrêmement auto-critique. Elle pensera probablement qu'elle n'est pas assez forte, qu'elle n'est pas assez intelligente, qu'elle est trop faible. Le pire, c'est qu'elle ne viendra jamais me parler de ses insécurités. Et si je lui en parlais, elle nierait le tout pour simplement continuer de s'auto-flageller mentalement une fois seule. C'est extrêmement frustrant de regarder une personne à laquelle tu tiens se faire souffrir ainsi.

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant