Contrechoc

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Chapitre coupé en deux, je suis vraiment désolée !

-On va aller voir le médecin, déclara Antoine.

Je secouai la tête.

-Joamy, tu viens de vomir tes tripes sans raison apparente, intervint Philippe. Je crois qu'il est plus que raisonnable que tu ailles voir Rodrigo.

-Je vais aller m'allonger un moment et ça ira mieux, ripostai-je.

Je passai devant la délégation rassemblée devant la salle de bain et montai les escaliers, puis m'arrêtai lorsque je réalisai qu'Antoine me suivait.

-Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je en me retournant au beau milieu des marches.

-Je t'accompagne, répondit-il, juste un peu trop fort pour le mal de tête qui persistait.

Je grimaçai sous les coups de marteau qui me labouraient les tempes, mais il l'interpréta comme une réaction négative à son égare. Son expression se ferma davantage, mais il resta là où il était, attendant que je bouge.

-Pourquoi ? demandai-je simplement, ma main frottant ma tempe dans l'espoir vain de m'apporter un quelconque soulagement.

Ses yeux s'enflammèrent de rage, mais il n'ajouta rien et me fit simplement signe d'avancer.

Je ne comprenais pas du tout sa réaction. Pourquoi était-il si frustré ? Je n'ai rien demandé de choquant. Probablement son loup qui fait des siennes. J'eus un frisson incontrôlable. C'était son loup qui m'a cassé le poignet. C'est de lui que j'ai peur, pas d'Antoine. Enfin, en grande partie. J'ai beaucoup moins peur de l'homme, mais la crainte pour le loup est toujours là, tapie au fond de mon esprit, prête à sortir à la moindre occasion.

Je me retournai et continuai à avancer. Je m'accrochai à la rampe lorsque je sentis un étourdissement pointer le bout de son nez. Je ne voulais pas tanguer et lui offrir sur un plateau d'argent la possibilité de me prendre dans ses bras et de sentir à quel point mes côtes perçaient contre ma peau.

Ouvrant la porte de ma chambre, je me retournai et m'attendis à refermer la porte, mais la main d'Antoine se glissa entre la porte et son cadre. Il entra dans la pièce et ferma la porte lui-même. Je me glissais dans le lit, incroyablement mal à l'aise. Il me joignit entre les draps, percevant ma tension mais décidant d'agir comme si de rien n'était.

Ne sachant que faire, je me recroquevillai en boule dos à lui et tombai endormie.

PDV Daisy
Le lendemain matin, j'attrapai mes souliers et me tournai vers mon compagnon.
-Je vais aller demander des médicaments à Rodrigo pour Joamy, annonçais-je à Philippe.

Ludo et Laura étaient partis quelques minutes après que Joamy soit montée avec Antoine. Personne d'autre qu'un loup très peu expérimenté n'était disponible pour les remplacer lors de leur patrouille et nous avions peur qu'il laisse entrer des loups d'autres meutes sur le territoire par mégarde.

-Je viens avec toi, me répondit Philippe. Antoine m'a demandé plus tôt d'aller parler avec Rod du plâtre de Joamy.

Nous nous transformâmes en loups et nous dirigeâmes vers l'hôpital dans un sentier où je perçus l'odeur, quoique ancienne, de Joamy. Je profitais de ma forme de louve pour analyser les odeurs présentes sur la terre battue. Celles de Camille et de Lucas revenaient souvent, un peu trop souvent pour que ça ne soit pas suspect.

-Vas-y sans moi. J'ai un truc à vérifier, dis-je à Phil par le lien de meute.

Il acquiesça tandis que je me mettais à suivre la piste des odeurs des deux traîtres.

Je commençai à courir, la tête pleine d'espoir. Peut-être allais-je découvrir leur point de repère ou même l'identité d'autres traîtres. Mes yeux parcouraient avec une précision infinie les bois, tentant de recueillir un indice, une chaussure, un élastique à cheveux, un morceau de tissu, quelque chose qui nous permettrait de soupçonner quelqu'un.

Je m'arrêtai subitement lorsque j'entendis des rires et des paroles qui s'approchaient rapidement de moi. Le plus rapidement possible, je me transformai et bondis dans un arbre. De cette manière, mon odeur était moins puissante et si c'était des traîtres, je pourrais les suivre sans qu'ils ne changent de trajectoire parce qu'ils se savent suivis. Lorsque je les ai vus arriver, je sentis mes yeux rouler si fort qu'ils ont presque décrocher de ma tête. Il s'agissait de jeunes patrouilleurs qui ne se rendaient pas compte que leur bruit pourrait coûter la vie de la meute. Si j'ai eu suffisamment de temps pour me transformer et me cacher, des intrus le pourraient tout autant. Prenant note de leur note et de leur comportement pour le rapporter à Antoine plus tard, je sautai au sol et me retransformai en louve. Je secouai ma tête pleine de fourrure. Ils n'ont même pas pris le temps de sentir mon odeur. M'étirant le dos, je me remis à courir.

La piste me mena loin. Je ne croisai personne, ce qui m'inquiétait. J'ai peut-être été repérée sans m'en rendre compte. Près d'une demi-heure de course intense plus tard, je m'arrêtai. La frontière se trouvai à deux pas, mais la piste continuait encore.

-Merde, crachais-je entre mes canines acérées.

Si la piste ne s'arrête pas, cela veut dire qu'ils ont réussi à rejoindre des membres d'autres meutes.

Et si c'est vraiment le cas, nous sommes foutus.

PDV Philippe.

J'arrivai chez Rodrigo, la seule personne présente à l'hôpital étant une mère qui cherchait ses louveteaux farceurs, pour découvrir que Rose était absente, ce qui veut dire que le médecin était seul et aurait un peu de temps pour moi. En fait, même si sa compagne était là, il trouverait du temps pour moi, puisque je suis son beta.

Je cognais à la porte pour la forme. Il m'a probablement déjà entendu depuis que j'ai monté les marches du perron. Mon ami m'ouvrit la porte, un léger sourire aux lèvres.

-Joamy est malade, annonçais-je d'emblée.

Son sourire disparu tandis que je lui énumérais ses symptômes et son visage adopta l'expression que j'aimais qualifier de "doctorale". Après m'avoir fait attendre quelques instants, il me revint avec une petite bouteille de la taille de mon index pleine de comprimés.

-Elle doit en prendre une le matin à dix heures et deux le soir à dix-sept heures, à heure précise. Sinon, elles ne feront pas effet.

Tandis que je prenais mentalement note des heures, je lui demandais lorsque Joamy pourra se faire retirer son plâtre. Il me déclara qu'il devait rencontrer Joamy et lui poser quelques questions avant de rendre son jugement. Juste avant de prendre congé, je lui annonçais avec ma voix de beta qu'il était attendu demain à quatorze heures par Antoine à la maison de l'alpha. Le saluant, je quittais la maison. Je sentais l'inquiétude de Daisy à l'arrière de mon esprit et ça ne m'inspirait rien de bon.

***

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant