Migraine

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L'heure du repas approchait à grands pas, et je me trouvais dans la cuisine, regardant Antoine œuvrer habilement derrière les fourneaux. On voyait bien à ses mouvements forts et brusques qu'il était un combattant avant d'être cuisinier, mais il avait l'air à sa place, même si, d'après ce que j'avais compris, Daisy aimait beaucoup plus la cuisine que lui. Je savais cependant que sa belle-soeur avait bien plus de talent que lui.

Tandis que les côtes de porc d'Antoine commençaient à brûler malgré tous ses efforts pour les sauver, la porte d'entrée s'ouvrit brusquement et alla claquer contre le mur en un bruit sourd. Antoine délaissa immédiatement ses morceaux de viande et se dirigea doucement vers l'entrée, chacun de ses pas trahissant tant de puissance retenue. Antoine allait dépasser le mur qui séparait la cuisine du reste de l'aire ouverte lorsque quelque chose lui sauta au cou trop vite pour mes pauvres yeux d'humaine. Il allait la projeter contre le mur lorsqu'il réalisa qu'il s'agissait de sa belle-sœur. Il relâcha son souffle et entoura ses bras autour de son petit corps. Ce n'était pas romantique. On avait plutôt l'impression qu'ils étaient frère et sœur.

Je ris lorsque Philippe s'approcha vers moi, les bras grands ouverts pour un câlin et son sourire d'ourson en peluche qui vient d'accomplir un mauvais coup accroché sur le visage. J'acceptai son câlin, même si je n'étais pas encore très proche de lui. J'avais découvert que j'aimais avoir un corps musclé contre le mien, même si je préférais amplement le plus vieux des deux frères.

-Joamy, tu n'as pas intérêt à me le voler, rigola Daisy.

Je ris avec elle, et ça faisait du bien d'enfin rire avec quelqu'un. Ça faisait longtemps que j'avais même souris avec quelqu'un.

-Je crois que puisque tu as tes deux bras complètement agrippé sur Antoine, ce n'est pas moi qui est la plus susceptible de voler celui de l'autre.

Les rires des deux garçons résonnaient dans l'air tandis que mon amie me tirait la langue.

-Celle-là, Antoine, tu la gardes, déclara Philippe en me serrant encore plus fort dans ses bras, à la limite de m'asphyxier.

Il me relâcha par surprise lorsque le détecteur de fumée se déclencha. Daisy, qui avait l'air d'être habituée à la situation, attrapa un chiffon et le secoua devant l'appareil pour cesser ses cris stridents. Antoine, lui, se retourna vers la source de la fumée : ses côtelettes de porc. Elles se carbonisaient complètement sur la cuisinière. Il l'éteignit immédiatement, sous les rires incontrôlables de Phil et mes doux ricanements. Je souris largement devant l'absurdité de la situation : un Alpha penaud devant des morceaux de viande brûlés.

-Oh bon sang, soupira Daisy. Jo, dis-moi que tu ne l'as pas laissé cuisiner durant notre absence ?

Le rire de Philippe redoubla, tandis que le regard profond de mon compagnon se baissa jusqu'à ses pieds.

-Euh... oui ? hésitai-je.

La compagne de Phil enfouit sa tête dans ses mains. Je n'avais jamais vu Phil rire aussi fort. 

-Bon, j'ai l'impression que je vais devoir prendre les choses en main. Phil, tu t'occupes de nous préparer un repas mangeable. J'en ai par-dessus la tête de cuisiner.   

-Oui chef ! À vos ordres chef ! hurla Philippe en effectuant un salut militaire.

-Toi Antoine, tu restes pour réparer tes erreurs et pour faire la foutue vaisselle que tu n'as pas lavée pendant je ne sais plus combien de jours ! dit-elle en pointant la montagne de chaudrons et de poêles près de l'évier.

Il y avait un lave-vaisselle, mais on ne pouvait pas y mettre ce qu'Antoine a délibérément évité de laver. Celui-ci acquiesça et se mis à la tâche.

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant