Prisonnier

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PDV Antoine

Nathaniel nous avait quittés depuis quelques dizaines de minutes lorsque mon téléphone vibra dans mes poches. Le tirant vers moi, je m'aperçus que j'avais reçu un message de Laura.

J'ai attrapé un traitre qui rôdait près de la maison de Fils de Pute et de Pétasse en personne. Je suis dans les cellules nord et je peux te jurer que si tu ne le tabasses pas, je le ferais moi-même.

Je ricanais au surnom de Lucas et de Camille, puis repris mon sérieux. Nous avions peut-être là la meilleure opportunité de coincer un maximum de traitres de la meute. En arrachant des noms à des traîtres puis en remontant les racines peu à peu, nous aurons bien plus de succès que si nous nous en prenons à eux à gauche et à droite et en criant presque «nous chassons les traîtres, cachez-vous et dissimulez toutes les preuves vous inculquant».

Je me tournais vers Phil et Mathew et leur partageais l'information. Je sentis immédiatement l'excitation gagner le corps de mon frère. Au même moment, le téléphone de Mathew bipa. Lisant au-dessus de son épaule, je lus que l'équipe de guerriers qui devait venir nous prêter main-forte avait été retardée et ne serait là que le lendemain. Hochant les épaules, je me mis à marcher en direction des cellules nord, suivi de mes camarades.

Lorsque nous arrivâmes en face du bâtiment principalement souterrain en béton armé, je sentis l'odeur de Laura ainsi que celle d'un membre de ma meute. J'inspirais une seconde fois, puis réalisai de qui il s'agissait. C'était William Valleyfield, un loup faible. À vrai dire, je ne me rappelais même pas quel était son rôle dans la meute.

Nous entrâmes dans la cellule où se trouvaient les deux loups. Laura se tenait debout au centre de la pièce, tandis que Valleyfield était assis, enchainé du menton jusqu'aux pieds, la tête baissée. Les bleus fleurissant sur la peau du visage du prisonnier et sa lèvre fendue m'annoncèrent que Laura avait déjà commencé à intimider celui-ci.

Deux caméras, aux coins opposés de la pièce, ainsi qu'un micro suspendu environ un mètre et demi au-dessus de la tête de Valleyfield servaient à ne pas perdre un mot de l'échange qui allait se passer. Laura était brillante d'avoir installé tout ça.

Un sourire carnassier aux lèvres, Phil alla chercher un tabouret de métal dans un coin de la pièce. Mon frère avait toujours aimé diriger des interrogatoires comme celui-ci. Le loup de Phil était bien plus violent que le mien. Rien de psychopathe, simplement qu'il aimait davantage la bagarre et le sang. Les interrogatoires lui fournissaient la sensation de pouvoir toujours appréciée par les Betas, une bouffée d'adrénaline ainsi que la possibilité de verser un peu de sang. Inutile de dire que mon frère se portait presque toujours volontaire pour mener les entrevues telles que celle-ci.

-Es-tu un traître ? demanda Phil, la voix aussi menaçante qu'une machette collée à ton cou.

-Allez vous faire foutre, sourit Valleyfield avec cran.

Phil lui balança un crochet du droit. William rejeta la tête en arrière, puis la ramena vers l'avant pour cracher un filet de sang.

-Oui, murmura-t-il, la tête toujours face au sol. J'ai trahi la meute.

Phil s'assit sur le tabouret juste devant lui, avec un sourire satisfait étampé sur le visage. Je frémis à voir ce côté de mon frère, même si je savais qu'il était nécessaire qu'il agisse ainsi.

-Bon, ravi de voir que tu as repris le chemin de la raison. Pourquoi ?

Valleyfield resta silencieux.

-Pourquoi ? exigea Phil, le ton encore plus sec.

Notre prisonnier frémit.

-Parce que j'étais persuadé que vous étiez trop faible pour contrôler la meute.

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant