Pensées

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Ma douce Joamy,
Tu ne peux savoir à quel point je suis détruit de ne pouvoir être à tes côtés alors que ton corps se remet encore des actes de cette ignoble ordure. Elle sera punie, compte là-dessus. La directrice m'a dit qu'il se peut que tu gardes quelques séquelles de cet incident, mais je te jure que je ferais tout pour atténuer celles-ci. Mon cœur se languit de ta présence. Plus que deux ans avant de revoir ton magnifique visage.
Ton âme sœur,
Antoine.

Je détournai mes yeux de la feuille dorée qui accompagnait une grosse boîte et fixai le plafond. Il dit tenir beaucoup à moi, mais il ne me connaît pas du tout. Il croit pouvoir atténuer la douleur qui persiste dans mon coeur depuis plus de 9 ans, mais ce n'est qu'un ignorant. Il ne sait strictement rien sur moi. Je lui demanderai ma couleur favorite qu'il ne saurait pas répondre !

Je reportais mon attention sur le paquet qui accompagnait la lettre de l'alpha. C'était une boîte large, en carton, blanche, entourée d'un mince ruban rose. Je défis doucement et avec précautions le doux ruban de velours, la matière me glissant agréablement entre les doigts. Je soulevais tranquillement le couvercle. Une magnifique robe rouge sang qui allait magnifiquement bien avec mes cheveux bruns bouclés se trouvait là, pliée soigneusement pour ne pas la déchirer. Elle doit coûter une fortune. Je refermais le couvercle et déposais la boîte dans le fond de mon armoire.
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PDV Antoine
Je marchais dans le centre commercial humain lorsque je vis cette sublime robe dans une vitrine. Joamy serait si jolie avec... Non, plus que jolie : magnifique. Ma Joamy ne peut pas n'être que jolie. Entrant dans la boutique, je remarquais le prix : 550 $. Bof, j'ai les moyens. Je l'achetais et l'emballais dans une boîte blanche fournie par le magasin. Mon âme soeur sera heureuse de savoir que je pense souvent à elle. Elle mettra la robe lorsque je viendrai la chercher, le jour de son dix-huitième anniversaire. Lors des départs des compagnes de loups importants, la directrice organise une fête. Toutes les filles sont conviées, et une ambiance festive est présente du début jusqu'à la fin, c'est-à-dire le départ de la fille en question et du loup. Le moment de la rencontre est toujours magique, la rencontre entre deux êtres faits pour être ensemble.
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PDV Joamy
Aujourd'hui, il y a une fête pour célébrer le départ d'une compagne de bêta. Je n'ai pas envie d'y aller, juste pour entendre les filles chuchoter en me regardant, raconter aux nouvelles ce que je fais à mes poignets, ou pour les voir être heureuses. Pourquoi est-ce que moi ce plaisir m'a-t-il été retiré ? Pourquoi est-ce que moi je dois me couper pour simplement rester en vie ? La vie est injuste, mais j'aurais espéré que je puisse au moins rester avec mon ami. Oui, j'avais un ami avant. Ce fut le seul qui ne m'abandonna en même temps que les autres. Je suppose qu'avec le temps passant, il se serait détourné, lui aussi. Ces années passées ici m'ont au moins appris une chose : les liens et relations avec les autres ne signifient que de la douleur lorsqu'ils réalisent que je ne suis plus qu'une coquille sans coeur, sans sentiments, si ce n'est que de la douleur. Peut-être aussi la peur, la peur qu'on m'abandonne à nouveau. Ma mère m'a abandonnée lorsqu'elle est morte, lorsque elle a refusé de se battre. Mon père a succombé lui aussi, dès que ma mère a cessé d'exister, il m'a laissée en plan.

Il est 20 heures, le bêta devrait bientôt arriver. Je suis toujours dans ma chambre, à me morfondre et à m'apitoyer sur moi-même. Je suis pathétique. Je suis fâchée contre mon père parce qu'il m'a laissée tomber, mais je fait la même chose. Enfin, différemment, mais je cesse de me battre. La mutilation, c'était carrément de la capitulation, quand on y repense. Je leur accordait la victoire sur mon bonheur.

J'ai cependant l'impression que ce n'était pas la dernière fois que je souffrirai autant.

Fighting for happinessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant