25 nov. 2022
Brooklyn, NY.EDEN
Daydreaming de Harry Styles berce mes tympans tandis que j'applique une deuxième couche de mascara sur mes cils fin.
Mon teint blafard est plus rayonnant au vu de l'énorme couche de blush que j'ai appliquée soigneusement sur mes pommettes et mon nez. Dans les tutoriels qu'on peut scroller sur les réseaux sociaux, il est indiqué que cette pratique pour réchauffer le teint est surtout recommandée pour l'été.
Pas de bol !
J'habite à Brooklyn et nous sommes en plein hiver. Ce mois de novembre aura ma peau. Je déteste le froid et la sensation des mains qui brûlent sous le vent glacial.
Je n'aime pas voir la dépression saisonnière qui déforme chaque visage des gens qui s'introduisent sur mon lieu de travail. Leurs expressions grises et monotones m'enlèvent toute jovialité dès le matin.
Comme si je devais calquer mes émotions aux leurs.
J'ai fini tôt aujourd'hui, normalement sur les coups de 19:00 je suis toujours au café à nettoyer des tables et servir des chocolats chauds avec de petites collations toutes plus chimiques les unes que les autres. Le travail pèse sur ma santé, mes 60 heures par semaine traduisent les cernes violacés que j'ai accumulés depuis 1 an.
Je regarde ma jambe égratignée depuis ce matin et dérive mes yeux sur mon beauty blender, encore coincé dans ma paume. Je souffle en me répétant à moi-même :
— C'est pour la bonne cause.
Avec une simple pompe de fond de teint, j'arrive à atténuer les rougeurs sur mon genou, en grimaçant sous l'effet piquant que procure le produit chimique sur ma peau encore ouverte. Je vais sûrement avoir une infection et mourir d'une maladie non répertoriée dans un laboratoire américain.
Alors je répète encore une fois :
— C'est pour la bonne cause.
La peau de mon genou ressemble à un serpent écailleux qui aurait suivi un tutoriel à trois heures du matin dans son trou. Néanmoins, l'endroit où je passe ma soirée n'est pas assez éclairé pour détecter l'aspect de ma peau. Aussi, je lâche un rire en me rappelant la gamelle en plein métro qui m'a causé de longues minutes de honte à en vouloir tomber dans les pommes.
J'avais cette sensation soudaine d'être suivie comme dans un mauvais film d'horreur. Ça parait con, quand on sait que le métro new-yorkais regorge de personnes allant dans la même direction.
Alors j'ai commencé à courir comme une timbrée. Je peux remercier mes poumons défectueux par la nicotine et mon style d'alimentation de ne pas m'avoir permis de hurler au même moment de ma course.
Mon chat, Batou, miaule et se frotte à mes pieds, étant le premier à entendre la porte d'entrée claquer et des chaussures griffées mon paillasson.
C'était l'idée de Sam, mon meilleur ami, cette sortie soudaine.
Normalement, nos samedis sont dédiés à des soirées film qui ressemblent plus à des confessions nocturnes. À vrai dire, sortir, faire la fête un week-end n'est pas mon idéal de soirée. Pourtant, j'adore boire, écouter de la musique et faire de nouvelles rencontres en ayant passé le stade d'être pompette.
Mon problème c'est que je suis trop flemmarde et que mon passe-temps favori est de rester dans mes scénarios que je me confectionne seule avec de la musique dans les oreilles. Assez lamentable quand on a vingt-trois ans.
Vais-je arrêter et comprendre que l'univers dans ma tête ou bien dans les films n'est pas une réalité et qu'il serait temps de reprendre ma vie en main, d'avoir un mari, des enfants et un travail avec une stabilité financière ?
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PAPILLON [TERMINÉ]
RomanceUn an après la tragique disparition de son frère, Eden lutte pour trouver un sens à sa vie et reprendre le cours normal des choses. Mais c'est alors qu'une obsession grandit en elle, celle d'un mystérieux inconnu, un client notoire dans son café. Dé...