21. KILL KILL OR KILL

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29 déc. 2022
Manhattan, NY.
appartement de Tahar
20h36

EDEN


Les yeux fermés, j'entends encore et toujours Gab rouspéter pour la même chose depuis plus d'une heure : le plan dont il ne fait pas partie.

Tous les deux allongée sur mon lit, sa colère contraste avec ma peur ; tandis qu'il grogne et croise ses bras sur sa poitrine, je suis complètement liquéfié.

— J'ai trouvé l'endroit, la position, les deux bâtiments et aucune reconnaissance, s'acharne-t-il.

C'est la quatrième fois qu'il répète cette phrase.

Oui, j'ai compté.

Gio, quant à lui, profite de ma léthargie pour fouiller dans mes affaires, prétextant faire mon sac à ma place pour demain.

— 6 heures demain, murmuré-je en regardant le plafond d'un blanc persan.

Je l'ai tellement répété dans ma tête qu'une impression que cette information sonne faux me déboussole, littéralement.

— Je voudrais être avec toi. Putain, même Tito participe alors qu'il a seulement 1 an et demi de plus que nous. Ça ne te fait pas chier Giovanni ?

— Hum.

Après un regard suspicieux, Gabrièle et moi levons nos têtes sur Gio. Avachie sur le ventre et les pieds pendant d'avant en arrière. Il tient dans sa main une sorte de tissu en dentelle.

Oh ! Le con.

— Mais lâche sa culotte ! Pervers, crache son frère.

Il se retourne vers nous et lâche l'arme du crime, pris sur le fait accompli.

— Il peut la garder. Ce n'est pas la mienne, mais celle d'Aya, soupiré-je en m'affalant de nouveau sur le lit.

La culotte propre atterrit aussitôt sur ma tête. J'explose de rire en regardant Gio bondir sur ses pieds et frotter ses mains sur son pull en coton.

— Ne lui dites jamais ! Elle va me tuer.

Les minutes passent sans que l'un de nous parle. Allongés au milieu des deux jumeaux, nous observons tous les trois le plafond, englouti par chacune de nos pensées. Gab soupire plusieurs fois son mécontentement.

Il se sent inutile alors qu'il est vrai que nous lui devons tout.

— Pourquoi veux-tu autant y aller ? Lui demandé-je en tournant ma tête vers lui.

Il me regarde un instant, puis se redresse doucement, regardant d'un œil son frère qui laisse jaillir de petit ronflement.

Comment arrive-t-il à dormir aussi vite ?

Les mains jointes sur l'oreiller, il y pose délicatement sa tête. Ses yeux brillent par tout son passé qui a dû être rude. Gabrièle ne parle jamais à personne. Il est toujours renfrogné et je crois avoir été la seule à le voir sourire une fois.

Il méprise Niccolo et son frère, mais reste néanmoins cordial. Quant à Pietro, ils ont l'air aussi proches que deux cailloux côte à côte.

— Andréa a été dure avec moi. Je déteste Mattia par-dessus tout et je veux voir de mes propres yeux les hommes d'honneur se vider de leur sang.

— Je pense qu'en voyant ton grand frère et tes cousins, tu peux constater que le monde de la pègre fait des ravages.

Il hausse les épaules au ciel sans me regarder.

— Niccolo veut simplement vous protéger. À ton âge tu devrais penser aux filles, à l'université, à tes passe-temps, t'es sorti.

Il grimace sans que je comprenne pourquoi avant de me regarder droit dans les yeux.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant