2.3. LE FAVORI

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03 mars. 2023.
Taormina, IT.
9h56 am.

PIETRO

Je me souviens de l'été 2011, le mois de juillet était le préféré de mon père. Les danses acclamées sur de la tarentelle me reviennent en tête. C'était aussi la saison des mariages où le parrain était toujours invité d'honneur pour ses hommes.

Et puis, il y avait mon anniversaire en début de mois. Le 4 juillet précisément. Cette année-là, je fêtais mes quatorze ans. Le début de mon adolescence.

La fête que mon père préparait chaque année frôlait toujours l'excès. Je ne m'en plaignais pas, même si les déluges sociaux n'ont jamais été mon fort. Mon père prenait toujours congé chaque 4 juillet. Alors pour quelques heures, c'était tout ce qui m'importait.

Qu'une personne se soucie de moi. Du moins, pour une journée.

Les invités ne venaient que par intérêt, trouvant un prétexte pour pouvoir exposer leur adoration pour lui et très peu venaient pour moi.

Dans un petit parc quelques jours avant, j'avais rencontré des gars plutôt cool qui fréquentaient l'école catholique de notre patelin. Je leur avais sifflé l'invitation après quelques jeux de passe sur leur ballon dégonflé. Contre toute attente, ils m'ont répondu positivement.

On a joué au foot toute cette après-midi durant. Mes genoux étaient éraflés et ma gorge devenait sèche tant mon rire et ma parole émanait dans ce petit terrain. C'était nouveau pour moi de me sentir apprécié sans avoir à leur indiquer mon nom et tout ce qu'il représente. De toute façon, chez les garçons de mon âge, mon nom était toujours épris d'aversion.

Si bien que l'on ne m'appelait jamais.

Andréa a toujours aimé me mettre tout le monde à dos. Niccolo, lui, n'était qu'un fantôme qui vaquait sans rien faire lorsqu'on me tabassait pour des broutilles.

De leurs jeunes âges, les activités de ma famille ne leur avaient pas été encore insufflées à l'oreille. Je n'étais que le gamin riche vivant dans le manoir près de leur maison modeste.

— Tu devrais venir au bahut un de ces quatre ! Les filles te boufferont dans la main vu ta hauteur.

— Ahah ! Arrête de lui dire ça ! La gueule d'ange va toutes nous les piqués.

J'avais rigolé sans trop comprendre leur récit. Les filles de mon âge chez nous étaient rares. Il y avait bien Irène qui m'était promise dans un premier temps. Mon père a eu l'idée de la refiler à Andréa comme un objet qu'il jugeait trop modeste pour son fils.

Ça m'a dégoûté.

Leur mariage était déjà acté lorsque Irène atteindrait ses vingt-trois. C'est le seul semblant d'amour que j'ai toujours connu. Celui avec des compromis.

Il y a aussi les prostitués qui sont monnaie courante chez nous. Payer pour une relation charnelle m'a toujours paru assez triste. Des deux côtés.

Mon père était heureux de me savoir avec de nouveaux amis. Bien que réticent à ramener des étrangers dans sa sphère au crime, il m'avait dit oui pour une fête en petit comité avec les quatre garçons que j'avais rencontrés.

Alors avec Maria, la gouvernante, nous avions décoré le salon toute l'après-midi. Mon cœur était rempli et Maria me regardait de son air stupéfait, peu habitué à me voir sourire et enjoué pour quelque chose, si ce n'est pour un livre de fantaisie.

Mon père avait même accroché la banderole aux alentours de midi, juste devant la table garnie de nourriture préparée par notre chef. Après un bref baiser sur ma tempe, papa s'était éloigné dans son bureau pour me laisser la journée et m'avait précisé qu'il reviendrait aupour le gâteau.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant