13. MEILLEURE BLAGUE

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EDEN

C'est à peine si j'arrive encore à tenir debout. Mes courbatures arrêtent ma course ainsi que ma respiration à la limite de l'agonie. Dans cette nuit noire, seule mon ouïe est accommodante. Ma tête vacille, elle est lourde à chaque fois qu'elle pivote pour regarder les environs. Puis, mes yeux se ferment et ma main se pose sur ma bouche.

Les grandes haies aux verts pomme me donnent l'impression d'être dorénavant les barreaux d'une prison. Impossible de trouver la sortie. Le vent murmure au feuillage et m'arrache des sueurs froides à chaque bruit qu'il produit.

Un air de musique siffle dans l'air et mon ventre lui se recroqueville. Ce n'est pas le vent qui souffle, mais bien sa bouche qui brave mon cœur avec l'air effrayant de Twisted Nerve.

Il est tout prêt.

Le bâton dans sa main frappe le sol dans une harmonie macabre et suffocante. N'importe où. Je ne perçois pas bien le sifflement pour le localiser et ma terreur accroît de plus belle, forçant mes doigts à s'entremêler et ma tête à virevolter de part et d'autre des allées sans fin.

— Je déteste les labyrinthes depuis petits.

Un sursaut m'emporte avant de courir dans la direction opposée qu'émet sa voix. Je zigzague et manque de tomber plusieurs fois par manque de clarté. La seule chose qui gronde à mon cerveau est de ne pas regarder derrière moi, simplement courir et respirer comme si chaque souffle était le dernier.

Ma main atterrit sur ma bouche alors que mes yeux scannent les environs à l'arrêt.

Le souffle de ma respiration s'entremêle à son sifflement, engendrant une cascade de frissons dans toute ma colonne vertébrale. Ma tête est tellement lourde et mon visage boursouflé par toutes les larmes qui ont déferlé sur mes joues.

Soudain, ma gorge se déploie, laissant jaillir un cri venant tout droit de mon ventre. Pourtant, aucune parcelle de cette détresse n'est entendue. Sa main sur ma bouche m'empêche de crier pendant que l'autre bloque mon dos contre son torse.

Il me serre la taille tellement fort qu'une partie de moi me notifie qu'il pourrait me briser en deux si cela était son souhait. Je ne bouge plus, la panique me paralyse et sa main sur ma bouche ne me donne plus aucune chance.

Un sanglot sépare cette carapace que j'ai tant voulu arborer devant lui. Mes larmes coulent sur sa main chaude qui emprisonne toujours mes lèvres. D'un geste tellement lent et imperceptible, je sens ses lèvres effleurer mon oreille droite.

Je ferme les yeux et essaie de me débarrasser de son bras sur ma taille.

— Pourquoi tu fuis ? Je pensais qu'on avait dépassé le stade où tu n'arrives pas à parler à ton mystérieux inconnu...

Mon cœur fait un bond dans ma cage thoracique tandis que mes mains, elles, s'activent à dénicher un moyen pour sortir de son emprise. Ce n'est pas sa force qui me maintient prisonnière, mais bien ses mots et sa proximité qui m'empêchent de réfléchir clairement.

Sa bouche effleure l'épiderme de mon oreille, une fois de plus, provoquant un contraste thermique qui embrase ma peau glacée par l'effroi.

— Tu m'as menacé Eden...

Les larmes dévalent mes joues à chaque mot qu'il prononce. Ses idées n'ont jamais été claires ainsi que ses intentions. Cet homme a toujours été une énigme et les paroles pour le décrire ont toujours été mauvaises ou incompréhensibles.

Alors ici, la peur me paralyse quand mon cerveau s'entête à me dire qu'il me tuera sans un seul remord.

Comme Ethan.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant