2.25. LOS ANGELES

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QUELQUES MOIS PLUS TARD

Los Angeles, CL
03 juillet.

PIETRO

— T'as préparé tes valises Pépito ?

Je le savais que c'était une mauvaise idée de présenter Giovanni à mes collègues. Je regarde Paxton en biais, évitant de lui rappeler que son nom ressemble à celui qu'on donnerait à un labrador.

Mon bureau est un champ de bataille : des papiers éparpillés, des dossiers souillés par un café renversé, témoins silencieux de mes nuits sans sommeil. Je jette un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur et réalise que je suis déjà en retard. Je repousse le rangement, espérant que le nouvel arrivant ne remarquera pas les taches de café sur les documents que je lui lègue.

— On se fait une bouffe ce soir avec les autres ? T'es de la partie ? me demande Paxton, affalé sur une chaise, observant le ballet de mes gestes alors que j'enfile ma veste.

— Ouais, pourquoi pas.

— Ramène le gamin avec toi, il est beaucoup plus drôle et abordable. Il nous fait marrer.

Je lui lance un regard noir en accrochant mon badge à la poche arrière de ma veste.

— Tu sais, t'es pas obligé de m'avoir comme prétexte pour sortir avec Giovanni. J'ai compris que vous préférez sa compagnie à la mienne.

Je suis toujours le même. Du moins, j'essaie de m'intégrer comme je le peux. Je sors, je me force à prendre une bière de temps à autre, mais la solitude, elle, ne me quitte pas. Chaque matin, je déambule dans les rues de Santa Monica, aspirant à courir sous le lever du soleil. Mais aujourd'hui, c'est un peu différent.

Je choisis mes moments de solitude. Je ne suis plus sa victime.

— Tu dis n'importe quoi, ricane-t-il, brisant le silence. C'est ton dernier jour avec nous. L'équipe veut te remercier, et ma sœur veut te voir une dernière fois aussi.

Je n'aurais jamais pensé que des flics me considéraient comme leur égale en si peu de temps. Après avoir quitté mon père, on m'a directement relayé à la police du comté de Los Angeles. Je n'ai pas passé de tests ni fait d'école de police pour en être aux mêmes niveaux qu'eux tous.

J'ai simplement été de l'autre côté de la ligne pendant un certain temps. Les premiers jours, j'ai aidé le FBI à décortiquer des dossiers sur plusieurs organisations criminelles du coin. J'ai participé à des interrogatoires et j'ai cherché à comprendre leur processus de vente et de racket. La mafia a toujours été le précurseur des gangs et par moment, c'était un jeu d'enfant d'élucider certains points.

Le plus dur, c'est de regarder des gamins plus jeunes que moi, souffrir encore de l'endoctrinement qu'on leur a sermonné. La peur, la misère et le manque d'empathie les conduisent dans un néant qu'ils ne reconnaîtront que lorsqu'on leur pointera un glock juste entre les deux yeux.

— Alors, rendez-vous vers 19h. Tu as déjà une idée en tête pour le petit Rodriguez ?

Cet après-midi, j'ai mon dernier dossier. C'est juste un gamin de 18 ans qui nous a interpellés il y a quelques jours. Il s'est rendu, et pour une raison qui m'échappe, après son incarcération, le petit ne veut parler qu'à moi.

— Comme d'habitude. Entre improvisation et menace pour qu'il recommence plus.

Je termine le dernier morceau de cookie qui git sur mon ancien bureau, puis j'éponge délicatement les miettes sur ma main avant de quitter les lieux.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant