2.17. HEART HACKING

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PIETRO

— Arrête de trembler comme ça.

— J'ai froid, souffle Eden, enlisant sa respiration après un bref regard en biais. 

Il fait peut-être trente degrés alors que le soleil n'est pas encore sorti. Je savais que c'était une mauvaise idée de l'emmener ici. J'ai reçu le message alors qu'on commençait à rentrer sur Taormina.

J'ai eu beau lui dire de rester dans la voiture, mais être têtu fait partie du prisme de sa personnalité. Le bâtiment devant nous est couvert de tag disgracieux. Ce qui répond à ses tremblements incessants. On dirait un vieil immeuble du Queens, les gangsters en moins. Syracuse n'est pas une ville avec des quartiers à éviter.

C'est certaines personnes ici qu'il ne faut pas côtoyer.

Des personnes qui portent mon nom de famille. 

— Tu ne vas pas toquer ? Me demande-t-elle, finalement impatiente, de découvrir ce qui nous attend. 

Je regarde son short et les frissons qui débordent de ses bras dénudés, irrité de ne pas avoir un sweat pour couvrir sa peau.

— Reste derrière moi et ne parle pas.

— Ne pas parler, ce n'est pas dans mes cordes. 

— Ouais, soufflé-je tout bas. C'est bien dommage. 

Elle me frappe l'épaule. C'est reposant de lui lancer des piques sous le ton de la rigolade désormais. Je ne suis plus obligé de cacher ma vraie personnalité et je peux enfin la regarder trop longtemps. 

Je toque, deux coups d'abord puis un troisième.

Il y a une bande de gamins sur les réseaux sociaux qui redore l'image du Papillon. À contrario des médias, cette bande de hackers nous protège de l'opinion publique. Il paraitrait même que leur propagande aurait ameuté la population à bientôt manifester contre l'apologie de la mafia avant le discours du Magistrat Moro. 

En utilisant l'emblème du papillon comme exemple.

Des ailes regorgent un peu partout dans la Sicile. Certains commerçants, affiche fièrement des pancartes avec des papillons noirs sur leur façade, pensant que ça les protègera de la pègre en montrant notre emblème.

Je suis un peu surpris. Peut-être flatté aussi.

J'ai choisi le papillon pour Eden Davis, mon espoir. Eux le choisissent parce que dans un sens et sans le vouloir, je leur en donne aussi. 

— On t'attendait, Pietro Predetti ! Chantonne le rouquin en pointant un accent sur mon nom de famille. Rentre, les murs ont des oreilles dans cet immeuble.

L'odeur me prend le nez. Un mélange de mégots en décomposition et de chaussettes sales. C'est un studio de vingt mètres carrés à tout casser. Trois mecs sont sur leurs pc, assis sur un vieux matelas à même le sol, leurs dos courbés sur un mur jauni par la cigarette. 

J'en vois deux autres en train de manger un truc qui ressemble à de la boue sur des chaises à côté d'un frigo rempli d'aimant.

Eden combat ses démons pour ne pas pincer son nez devant eux. C'est mimique de dégouts quant à elle, ne trompe personne. 

— On a concocté une vidéo de propagande contre Alessio Moro. On a besoin de ton avis, m'informe celui qui m'a ouvert.

Son accent est anglais. Je me doute que les membres de ce petit groupe sont pour la moitié des étrangers européens. Des gamins qui ont surement fugué de chez leurs darons et trouve refuge dans la propagande contre une organisation criminelle pour enfin essayer de sentir les trois poils qui poussent sous leur menton.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant