2.12. LES CRAWFORD

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EDEN

Gambino me tient à bout de bras pour m'emmener jusqu'à la forêt où un certain Vickson m'attend. J'entends des coups de feu derrière moi, ça me brise les tympans. Niccolo et son cousin sont entrés par la porte de derrière et maintenant je n'ai plus qu'à prier.

Gambino siffle trois fois, le bras sous mon aisselle pour m'aider à avancer. J'ai le thorax comprimé et la respiration saccadée. Je ne pourrais pas courir plus longtemps.

Cabron... il est où ? Je l'entends chuchoter.

J'attrape son gilet par balle quand l'air commence à me manquer en lui murmurant :

— Merci d'être venue... vous n'auriez pas dû.

Chht. On ne laisse personne sur le côté chez nous. Tu fais partie du groupe. Le Papillon c'est toi aussi.

Je regarde un instant son visage qui me sourit et ses longs cheveux bouclés, humides par la crainte alors qu'il me tient fermement pour ne pas me laisser tomber. 

Il siffle une nouvelle fois et un coup d'accélérateur retentit alors, me faisant frôler de peu la tachycardie.

Dans la forêt sombre, inondée par les ombres des arbres majestueux, apparaît une silhouette habillée qu'en noire. Je déglutis lorsque l'interlocuteur plus loin, allume ses phares de moto en cachant son visage avec son casque et la visière de celui-ci fermé.

— Tu vas aller avec lui. C'est Vickson...

— Un membre des Crawford, ajouté-je en coupant Gambino.

Je me souviens du repas de groupe. Luca, nous avais énoncé son groupe de Biker issue d'Irlande du Nord. Des ennemies de la Dolce. J'ai de l'appréhension que je ne peux cacher en prenant du temps à courir vers l'homme en noir.

— Fais attention ! Me hâté-je lorsque Gambino me lâche pour rejoindre le manoir.

Il ne se retourne pas. Je ne suis même pas sûr qu'il m'ait entendu. Je reste au même endroit avec cet homme qui me fixe au travers de sa visière baissée.

Il donne un coup d'accélérateur comme on donnerait une dose de pression. J'en sursaute contre ma volonté. Je prends une grande inspiration en marchant jusqu'à lui. Ma robe de chambre me colle à la peau.

Il enlève son casque lorsque j'arrive à sa hauteur en soupirant. Une cagoule cache ses traits, mais laisse voir ses yeux bridés d'un noir intense.

— Mets-le, m'ordonne-t-il d'une voix râpeuse.

Je prends le casque sans cérémonie avant de l'insérer sur ma tête. Après son coup de tête vers l'arrière, je comprends que je dois monter maintenant. J'ai un sentiment de crainte qui se mélange à l'adrénaline.

Timidement, j'effleure son épaule pour trouver un point d'appui avant de m'insérer à l'arrière. Mes jambes sont complètement nues et liquéfiées. J'essaie en vain de ne pas le toucher.

— Putain... soufflée-je.

Des hommes sont sortis de la baraque. On les attend à hurler et leurs canons détonnent plusieurs fois.

— Ne fais pas ta timide. Accroche-toi à moi.

Vickson me somme alors que j'ai la tête tournée à la lisière de la forêt. D'ici, on peut voir la bâtisse du manoir et j'arrive à intercepter quelques silhouettes.

Je ne vois pas sa capuche...

— Ça va aller, murmuré-je en coinçant mes paumes moites sur la sangle de derrière, essayant de ne pas frotter mon corps au siens.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant