EDEN
Je rentre dans ma chambre et la verrouille, dans l'espoir de faire mes affaires avant de rebrousser chemin et de comprendre que de partir avec Pietro est la pire décision possible.
Je lui ai dit que je l'aimais aujourd'hui et il m'a prouvé qu'il ne me laissera pas tomber en laissant tous les autres à la place.
Cette décision est mauvaise et pourtant je m'y jette sans avoir peur des répercussions de mon acte. J'ai cherché un espoir et j'ai trouvé mon Papillon.
Derrière le mur où mon lit est agencé, Eric est là, sûrement en train de dormir à point fermé. Je repense à notre maison à Newark et ce même agencement où nos lits étaient isolés par des briques et du ciment.
Je le déteste de ne pas me faire regretter de le laisser tomber maintenant.
Eric est devenu un fantôme qui prônait une grande place dans mon passé. Je ne comprendrais jamais pourquoi il me revêt une haine si intense depuis Pietro.
Je n'ai pas parlé pour papa, mais, dans mon for intérieur, je pensais qu'il comprendrait que j'avais simplement besoin d'oublier moi aussi.
Sans m'en rendre compte, je marche sur Irene qui est cloîtrée devant le placard. Elle est debout et sa respiration est lourde. Je n'y prête pas réellement attention, elle est souvent comme ça en ce moment.
— Tu fais comme si tu ne m'avais pas vue faire mon sac, d'accord ? Je lui chuchote bruyamment.
Elle pose sa main sur mon épaule et je m'empresse de l'enlacer en voulant lui dire à l'oreille que je pars pour de bon. Je sais pertinemment qu'elle est la seule à pouvoir comprendre ma soudaine montée d'égoïsme. Mais elle m'arrête, les yeux sortant de leurs orbites alors qu'une montée de crainte m'assaille tout le long de mon échine.
Quand je me retourne, je me retrouve dans la même position que mon amie. Debout, les yeux écarquillés devant Owen Doldo, caché dans un coin de la pièce.
Son pistolet pointé devant nous ainsi que son demi-sourire m'incite à rétracter toute parole qui pourrait me tuer si je ne reste pas vigilante.
— Je n'ai rien contre toi cara. Je veux juste que ma sœur me suive sans broncher et sans réveiller les autres.
Instinctivement, je prends la main d'Irene en la poussant derrière moi. Owen voit mon geste d'un mauvais œil quand il avance en lâchant un ricanement qui divague entre crainte et moqueries.
Il a peur de perdre le temps que Pietro gagnera quand il remarquera que je suis absente depuis trop longtemps.
Je dois tout faire pour allonger les minutes qui défilent sous la grosse horloge près de la commode d'Irene.
— Où est Andrea ? Je lui demande avec fermeté, essayant de ne pas ravaler ma salive trop lascivement.
Il se gratte la tête avec son flingue. Ses cheveux noir intense et sa barbe sont immaculés de sueur. Quand il lève la tête pour me sourire pernicieusement, je remarque ses poches violines et son teint pâle, bifurquant vers la putréfaction.
L'opinion publique a bel et bien changé.
La roue a tourné et maintenant, c'est lui qui perd des proches, qui se cache et craint les représailles de ses actes.
Aujourd'hui, j'aime bien les Papillons.
— Ton amant te manque ? raille-t-il alors qu'Irene m'écrase les doigts derrière moi.
— Je considère mes amants quand il ne m'oblige pas à faire quelque chose que je ne veux pas, lâché-je sous le même ton.
S'il essaie de me déstabiliser, je préfère lui montrer d'ores et déjà que c'est impossible sur ce sujet-là. Je ne me morfondrais plus jamais pour un homme qui n'en est pas un.
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PAPILLON [TERMINÉ]
RomanceUn an après la tragique disparition de son frère, Eden lutte pour trouver un sens à sa vie et reprendre le cours normal des choses. Mais c'est alors qu'une obsession grandit en elle, celle d'un mystérieux inconnu, un client notoire dans son café. Dé...